A mesure que les élections communales, prévues jusqu'à preuve du contraire en mai 2009, approchent, force est de se rendre à l'évidence que ''les indépendants'' continuent de perdre en estime chez les populations du Mali. Dans nombre de localités, ceux d'entre eux qui l'ont compris préfèrent simplement changer de camp avant que le compte à rebours ne commence.
Plus rien ne va chez les indépendants, à savoir ceux-là qui se sont lancés à l'assaut des postes électifs pendant les élections sans appartenir à un parti politique, parce que confiants en leur popularité, en l'estime auprès de la population ou en leur influence sur celle-ci, leur conférant du coup une certaine légitimité. Dans certaines contrées du Mali profond, on ne veut plus entendre parler d'indépendant. Par exemple à Touba, localité située à quelque 10 km de Banamba, le mot indépendant rime plutôt avec celui de trahison dans la conscience collective.
C'est dans un tel climat que samedi dernier, le président de l'Adema Pasj à la tête d'une forte délégation de ruchers, a débarqué dans cette localité et l'a constaté effectivement sur place. Sacrifiant à la tradition consistant à rendre une visite de courtoisie aux autorités coutumières quand on se rend à l'intérieur du pays, Dioncounda Traoré et ses compagnons ont pu se rendre compte du degré d'impopularité des indépendants.
Dans toutes les familles visitées à Touba comme à Kérouané en passant par Banamba, on ne veut plus entendre parler des indépendants. Car, pour eux, on ne les voit qu'aux élections et ils ne tiennent pas leurs promesses. Le comble est qu'on ne peut interpeller une quelconque structure par rapport à leurs agissements parce que les indépendants n'en ont pas. Ce qui choque davantage un sexagénaire qui n'a pas caché son dédain pour ces ''gens qui ne valent guère mieux que les partis politiques qu'ils pourfendaient durant la campagne''.
Dans cette localité soninké où l'on reste encore à cheval sur certaines valeurs cardinales de notre société, nul n'a pu digérer ''cette trahison''. Ce qui fait que la sanction, selon les échos qui nous sont parvenus, va tomber : plus question d'écouter un enchanteur Merlin dans ces contrées…. a fortiori militer pour lui.
Voilà de quoi amener les animateurs de l'ADJ à se frotter les mains. En effet, Pr Abdoul Diop, Dr Ousmane Sy et leurs camarades signataires de leur fameux Manifeste, avaient alerté l'opinion sur la ''démission'' des partis politiques face aux indépendants. Les animateurs de l'ADJ n'aiment pas les indépendants et ne sont pas passés par quatre chemins pour dénoncer les dangers d'une démocratie dominée par des indépendants. L'histoire donne-t-elle ainsi raison à l'ADJ ?
Fins politiciens et incroyablement opportunistes, les ruchers ont très vite tiré les ficelles de cet désamour entre indépendants et populations de Banamba. L'Adema s'est présenté en sauveur et a même réussi pour la première fois de l'histoire semble-t-il à implanter une sous-section à Touba dirigée par un ex- indépendant qui a basculé avec armes et bagages dans ses rangs. Mahamadou Sy Savané, puisqu'il s'agit de lui, une notabilité qui pèse des millions dans le bled, a été récupéré par le Pasj. Pas meilleure façon de préparer les communales de 2009. Reste que les indépendant n'ont pas dit leur dernier mot et préparent la riposte, apprend-on de bonne source. En tout état de cause, cette guerre larvée entre partis politiques et indépendants met le Mouvement Citoyens à la croisée des chemins. Désormais, les troupes d'Ahmed Diané Séméga ont matière à réflexion. Car en dehors de la création du Pcr, du Fcd de Djibril Tangara, du Codem de Poulo, et des pertes continuelles de militants au profit des partis politiques, que va-t-il rester au Mouvement Citoyen ? Disparaître ? Rien n'est moins sûr.
Alhassane A MAIGA
Source : Maliweb