Le forum 2011 du FSN porte sur le thème : « tradition et modernité : quels repère pour la jeunesse africaines ? ». Thème principal du 7e festival sur le Niger, la question de la jeunesse africaine par rapport à la mondialisation a donné lieu à un débat houleux entre les participants. Le ministre de la jeunesse et des sports et parrain du forum, Hamane Niang, en a rappelé l’importance. Pour lui, de tels échanges sont nécessaires pour une meilleure connaissance de nos repères sociaux que sont le civisme, le patriotisme et le bénévolat au bénéfice de tous. « Il n’y a pas de peuple sans culture, c’est la culture qui régit la communauté » affirme-t-il. De son point de vue, la culture dans toute sa diversité, tient une place de choix dans le développement de notre société. Il lui parait essentiel de percevoir les dimensions humaines et préserver nos traditions tout en s’ouvrant au monde extérieur. « La nouvelle génération doit être bâtie sur le socle des anciens. L’école a un rôle important à jouer dans la symbiose entre tradition et modernité».
Pourquoi ce thème ?
Pourquoi ce thème ?
Le directeur du festival sur le Niger, Mamou Daffé expliquera que le thème du forum est en plein dans l’actualité. La tradition et le modernisme sont dans des rapports étroits dans la mesure où l’homme évolue dans le temps et dans l’espace. Ainsi, il est toujours obligé de mettre un trait d’union entre son passé et son présent. Mais en Afrique, relier tradition et modernité semble plus problématique qu’ailleurs si l’on en croit les dires de Mr Daffé. En effet, il indique que le terme de modernité est perçu comme une culture importée d’occident. « Les contradictions entre tradition et modernité à l’occidental, sont source de confusion pour les africains et surtout pour les jeunes», estime Mamou Daffé. Il explique que les jeunes se posent une double question à sens unique : Faut-il faire table rase du passé pour paraitre évolué ? Et faut-il se concilier complètement avec le présent pour ne pas risquer de se voir dépasser ? En ce moment-là, le thème a sa raison d’être. L’ancien ministre de l’éducation, le Pr Adama Samassékou explique que la tradition et modernité ne sont pas antonymes. Ce serait selon lui, un tort de voir en la juxtaposition entre les deux termes, une quelconque opposition d’énoncés. Même s’il est vrai que le traditionnel évoque surtout l’antériorité et que le moderne a trait à l’actualité. « La tradition est une réalité qui s’affirme au présent, tout comme la modernité s’inspire et puise dans les granges du passé » selon le Pr Samassékou. Toujours dans la même optique, le professeur explique que « la famille est le premier lieu privilégié de construction de l’identité du futur citoyen. Elle doit être renforcée dans sa fonction d’éducation qui permet à l’enfant d’apprendre et de s’imprégner de la solidarité familiale. Elle s’exprime d’ailleurs à travers le vaste réseau de balimaya, de badenya, de buranya et de môdénya». Ce sont effectivement des facteurs de socialisation des peules. La famille devra être soutenue, selon le Pr Samassékou, par l’ensemble de la communauté à travers les notabilités, les leaders religieux du quartier, du village et selon des modalités à identifier.
Crise économique, conséquence de la crise culturelle
Crise économique, conséquence de la crise culturelle
Mme Koumanthio Zeinab Diallo est la directrice du musée du Fouta Djallon de Guinée Conakry. Elle estime que les crises que nous connaissons, sont la conséquence logique d’une crise culturelle. Il est important pour comprendre les problèmes actuels, de procéder à une analyse d’un contexte socio culturel complexe. Notamment, la question identitaire. »Cette identité puiserait dans la tradition, dans l’histoire. En ce qui concerne l’acculturation, Mme Koumanthio explique qu’« il est vrai que l’introduction des langues étrangères dans les sociétés africaines a favorisé l’accès au savoir technique et scientifique. Elle a également permis de communiquer avec les autres peuples du monde. Cependant, force est de reconnaitre qu’elle a eut pour effet pervers, d’introduire la médiocrité dans les pratiques des langues africaines par les intellectuels africains». Elle préconise donc un mariage entre ces deux dimensions. Le porte-parole des jeunes était Mohamed Touré, un jeune leader très engagé dans la liberté d’expression. Il estime que si la jeunesse est en déperdition, la faute revient aux vieilles générations, notamment les parents. La modernité selon lui, devrait être conciliée de manière intelligente avec la tradition. « L’un n’annule pas l’autre. Ils sont complémentaires» a-t-il conclu.
Ce forum a enregistré la participation d’une cinquantaine d’étudiants venu de Bamako pour le festival sur le Niger.
Source : http://www.journaldumali.com