La dépigmentation artificielle -DA chez les spécialistes de la santé- est en train de devenir un problème de santé « préoccupant » en Afrique, a confié à APA la présidente de l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (AIIDS) et médecin chef du service dermatologique du Service d’hygiène social de Dakar, le Dr. Fatoumata Ly.
La spécialiste souligne que « l’augmentation importante de la prévalence de la DA pratiquée en général à base de produits dermocorticoïdes est pratiquement partout la même sur le continent ».
Selon ses estimations, l’achat de produits dermocorticoïdes « s’évalue à 5 milliards de francs CFA par an pour la seule région de Dakar ».
Selon le Dr. Fatoumata Ly, « 52% des femmes de 15 à 50 ans consultées dans un service de dermatologie d’un centre de santé à Dakar présentent au moins une complication dermatologique de la DA".
Certaines, a-t-elle ajouté, vont jusqu’à avoir 4 complications dermatologiques. La prévalence de la DA est de 67% dans certains quartiers de Dakar.
« De plus, la hausse de la prévalence du cancer de la peau, du diabète et de l’hypertension artérielle chez les femmes africaines est en grande partie imputable à la pratique de la DA, appelée "xessal" au Sénégal, "bodju" au Bénin, "tcha-tcha" au Mali », indique le médecin.
« D’ailleurs les premiers cas de cancers cutanés survenant des dermatoses compliquant de la DA sont rapportés au Sénégal », a-t-elle affirmé.
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Face à une telle situation, le Dr Ly a estimé qu’il est « plus que jamais nécessaire » de lancer une « campagne hardie » contre la dépigmentation artificielle en Afrique.
D’autant que la situation des femmes pratiquant la dépigmentation est devenue alarmante en Afrique du Sud, au Mali, Burkina Faso et ailleurs en Afrique.
« Après les Congrès des dermatologues en Afrique du Sud et au Burkina Faso en février dernier, nous nous sommes dit qu’il faut sensibiliser les Etats africains et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour faire face à une coquetterie qui prend beaucoup de vies, coûte cher à nos pays alors qu’elle peut être évitée", selon elle.
La situation devient d’autant plus difficile au Sénégal du fait qu’il n’y a pas assez de spécialistes, a-telle regretté.
Les dermatologues ne seraient actuellement que 30 dans les services universitaires, hospitaliers et privés sénégalais.
La pathologie dermatologique est la 2è cause de mortalité après le paludisme au Sénégal où les femmes pratiquant la DA utilisent des produits contenant de l’hydroquinone à forte concentration, variant entre 8 et 22% (la dose à usage médicale est de 2%), de la vaseline salicylée à 30 voire 50%, mais aussi des préparations artisanales appelées « 24h », « 72 h », entre autres.
Source : Apanews