Matam aime le pouvoir. La 11ème région du Sénégal est rarement tombée dans l’escarcelle de l’opposition, d’alors comme celle d’aujourd’hui. Exceptée 2001 où la Commune de Thilogne a fait “rébellion“ en préférant l’orange et le noir du Parti de la Réforme d’Abdourahim Agne au bleu d’Abdoulaye Wade. Mais les choses semblent différentes aujourd’hui. Le départ de Macky Sall du Pds et la mise en place de son Dekkal Ngor, la coalition Benno Siggil Sénégal qui regroupe les ténors de l’opposition et les “Réformistes“ risquent de bouleverser l’ordre établi.
(Matam) – Jamais élections n’ont été aussi indécises dans le département de Matam, érigé en Région depuis 2001 par le Président de la République Abdoulaye Wade que celles des Locales prévues demain dimanche 22 mars. “Tout reste possible“, confie un membre du Commission électorale départementale autonome de Kanel (Ceda) sous couvert de l’anonymat.
Les partis politiques et autres coalitions de partis ont sillonné les trois départements que compte la 11ème région du Sénégal, ses 10 communes ainsi que ses 14 communautés rurales à la recherche des suffrages des électeurs plus que jamais conscients de l’importance de leur devoir civique. Ils ont tenu des meetings, effectué des marches, improvisé des visites de proximité. Ils ont promis, critiqué, vilipendé.
D’aucuns ont été bien accueillis par ci, hués par là. Mais aucune liste n’est aujourd’hui sûre que Matam va tomber dans son escarcelle.Toutefois, les Coalitions Sopi, Benno Siggil Senegaal, Dekkal Ngor, et le Parti de la Réforme semblent les mieux placés. En revanche, les Coalitions d’Aj/Pads, Fsd/Bj, Takku Défarat Sénégal, Union citoyenne Buntu bi, ainsi que d’autres partis politiques qui ont décidé de partir sous leur propre bannière ne s’avouent pas vaincus. La conquête des 168.453 électeurs de la région de Matam s’annonce donc ardue.
Le département de Matam sera certainement le plus convoité. Avec ses 90.927 électeurs, répartis entre les communes de Ourossogui, de Thilogne et de Matam et ses six communes (Oréfondé, Agnam, Dabia, Bokidiawé, Nabadji et Ogo), la capitale régionale pourrait d’après certaines sources basculer dans l’opposition.
Pour rappel, lors des Locales de 2001, seule la commune de Thilogne était tombée dans le giron des “Réformistes“ dirigé par Abdourahim Agne. Un “affront“ que le président de la Abdoulaye Wade n’a jamais pardonné à cette ville. D’ailleurs confie une source, “cela nous a causé d’énormes préjudices. Si après l’érection de Matam en Région, Thilogne n’a pas été érigée en département, c’est parce que le Président Wade a voulu sanctionner les Thilognois“.
“Les gens l’ont encore à travers la gorge. Mais en même temps, ils pensent que s’ils ne votent pas pour la Coalition Sopi, le futur maire ne pourrait pas travailler. Parce que l’Etat va torpiller sa mission en lui privant de ressources pour ensuite le remplacer par une délégation spéciale“, se désole-t-elle. Aujourd’hui encore, le Parti de Réforme tente d’étendre ses tentacules dans la région. Notamment à Ranérou où Abdourahim Agne serait crédité d’un bon résultat. Ce département compte une seule commune qui porte le même nom. Mais il est réparti en trois communautés rurales (Vélingara, Oudallaye et Louguéré Thiolly).
Dans le département de Kanel, la bataille s’annonce épique surtout avec la création des quatre nouvelles communes. Il s’agit de Waoundé, Sinthiou Bamambé-Banadji, Hamady Hounaré et Demban Kani qui s’ajoutent aux communes de Kanel et Semmé. Si Matam est le département le plus peuplé, Kanel avec ce nouvel découpage, attise les appétits des partis politiques. A ses six communes, il faut aussi y adjoindre ses cinq communautés rurales que sont Ouro Sidy d’où est originaire, le ministre Adama Sall, Ndendeory, village du député Doro Bassirou Ly, de Orkodiéré, de Bokidjawé et de Hawré. Kanel compte 65.610 électeurs.
Au niveau des chefs de l’Exécutif (Préfecture et Sous-préfectures), on annonce que tout est fin prêt. Isoloirs, bureaux de votes qui sont au nombre de 452 pour 227 lieux de vote sur l’ensemble du département, lampes, encres indélébiles, rien n’a été laissé en rade pour les opérations de demain dimanche 22 mars. Alors Matam va-t-elle basculer ?
(Envoyé Spécial)
par Abdoulaye THIAM
Source : SudOnline