Contrairement aux prévisions alarmistes de certains esprits pessimistes, les fonds envoyés par les migrants à leurs familles restées en Afrique subsaharienne atteindront 21,5 milliards de dollars américains, cette année. Ce qui représente, évidemment, une baisse légère ; eu égard aux craintes nourries par la crise financière qui n’a épargné aucun recoin de la planète, ni aucun domaine d’activité, ou presque. Pour sa part, le Sénégal, qui n’échappe pas à la règle, a connu un léger amaigrissement par rapport à l’année précédente, avec des envois fixés à un peu plus d’un milliard de dollars. En 2009, notre pays avait reçu de ses émigrés l’équivalent de 9% de notre produit intérieur brut. C’est ce qui ressort, fondamentalement, du recueil des statistiques de 2011 de la Banque mondiale sur les migrations et les envois de fonds.
Ce dernier a, toutefois, relevé que ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Puisque que le rapport ne mentionne pas les canaux informels utilisés par des millions de migrants. Toujours sur ce registre, l’institution de Bretton Woods a fait savoir que les flux vers les pays en développement devraient encore connaître une hausse nouvelle au cours des deux prochaines années, pour dépasser la barre de 370 milliards de dollars d’ici 2012. « Ces fonds sont une bouée de sauvetage pour des familles et des communautés entières à travers l’Afrique, surtout au lendemain de la crise financière », souligne Dilip Ratha. Qui ajoute : « De par leur ampleur et du fait qu’ils sont en devises étrangères et vont directement aux ménages, ces transferts ont un impact significatif sur la réduction de la pauvreté, le financement du logement, de l’éducation, et d’autres besoins essentiels, et même sur les investissements et la création d’entreprises ». En termes de montants, le Nigeria est de loin la première destination des fonds envoyés par les migrants, recevant à lui seul 10 milliards de dollars en 2010. Ce montant représente une légère avancée par rapport à l’année précédente, où le pays avait perçu 9,6 milliards de dollars. Viennent ensuite le Soudan (3,2 milliards de dollars), le Kenya (1,8 milliard), le Sénégal (1,2 milliard), l’Afrique du Sud (1 milliard), l’Ouganda (800 millions), le Lesotho (500 millions), l’Éthiopie (387 millions), le Mali (385 millions) et le Togo (385 millions).
En termes de pourcentage du produit intérieur brut, les principaux bénéficiaires en 2009 étaient le Lesotho (25% du PIB), le Togo (10,3%), le Cap-Vert (9,1%), la Guinée-Bissau (9,1%), le Sénégal (9,1%), la Gambie ( 7,9%), le Libéria (6,2%), le Soudan (5,6%), le Nigeria (5,6%) et le Kenya (5,4%).
Selon les estimations, près de 22 millions de personnes ont migré hors de l’Afrique subsaharienne. Le continent détient le taux de migration interne le plus élevé au monde, avec notamment trois migrants africains sur quatre qui vivent dans un autre pays d’Afrique.
640.000 : c’est le nombre de Sénégalais vivant à l’étranger en 2010. Près de 18% des Sénégalais qui ont fait des études supérieures vivent en dehors de leur pays. Les destinations les plus prisées des émigrés sénégalais sont la Gambie, la France, l’Italie, la Mauritanie, l’Espagne, la Côte d’Ivoire, le Gabon, les États-Unis, le Mali et la Guinée-Bissau.
Plus de 210.000 immigrants vivent au Sénégal en 2010 et originaires, pour la plupart, de Guinée, de Mauritanie, de Guinée-Bissau, du Mali, de France, du Cap-Vert, de Gambie, du Maroc, de Syrie et des États-Unis.
Pour rappel, Migration and Remittances Factbook 2011 est la deuxième édition d’un volume publié en 2008. Ce recueil contient des statistiques assises sur sources fiables. Le mode opératoire usité pour la collecte des données ignore, cependant, certains couloirs importants, comme Zimbabwe-Afrique du Sud.
Thierno Ndiaye, Le Messager
Source: Senegal-actu.com