Après les départements de Podor et Dagana, le candidat de la coalition Sopi 2007 poursuit sa tournée dans le nord. Ce samedi, il s'est rendu à Matam où la mobilisation était sans « commune mesure ». Il a promis de poursuivre l'oeuvre de développement de la région.
« Certes, je suis un homme politique, mais il m'arrive dès fois de rester scientifique. Si je calcule, avec les hypothèses les plus pessimistes, partout où je suis passé, j'ai déjà franchi la barre des 51 %. Je peux arrêter ma campagne, mais je vais la poursuivre, car il y a des scores qui sont incontestables. C'est ce que vous me donnerez au soir du 25 février. Je ne veux pas de 100 % parce que je suis un démocrate, 99 %, ce n'est pas mal, mais je préfère 80 % pour laisser à mes adversaires les 20 autres ». C'est sur ce ton ironique que le candidat de la Coalition Sopi 2007, euphorique, a commencé sa déclaration pour haranguer l'immense foule venue l'accueillir dans Matam, la 11e région du Sénégal.
Visiblement très ému, il a rendu un vibrant hommage aux populations, « plus particulièrement aux jeunes qui m'ont accueilli, depuis l'entrée de la ville avec une énergie rare et un enthousiasme exceptionnel. Je suis très sensible à cela. C'est la preuve que la cause est entendue à Matam », leur lance-t-il. Le candidat président a rappelé les réalisations dans la « ville historique » qui, précise-t-il, « n'a rien bénéficié du Parti socialiste ». Entre autres réalisations, les efforts déployés par son gouvernement en matière d'éducation, de santé, d'hydraulique, et celles en cours de réalisation ou en perspective, dans le cadre du désenclavement de la région. Il s'agit notamment de la construction de la route Linguère-Matam « qui permettra un gain de 200 km », la création prochaine de voies transversales pour rallier les villages de l'intérieur à la route principale, la création de compagnies de transport gérées par les jeunes, mais surtout l'exploitation des phosphates de Matam au profit des populations, le développement du tourisme « qui sera possible grâce à la navigabilité du fleuve Sénégal, un projet géré par l'Omvs ». Une Å"uvre qu'il compte poursuivre, s'il est réélu.
Titillant les membres du Parti socialiste, le candidat de la coalition Sopi les a qualifiés « d'ignorants ». « Ils ont taxé mes projets d'éléphants blancs. A présent, ils n'ont pas d'arguments, car comme disent les wolof, « wedi guiss boksi (ce qui est visible n'est point contestable). Je ferai de Dakar la plus belle capitale d'Afrique de l'Ouest. Déjà les travaux de l'aéroport de Diass vont bientôt démarrer. Votre candidat modernisera toutes les villes du pays », lance-t-il aux militants.
A signaler que, de Dagana à Matam, sur les 450 km, les populations sont massivement sorties, les unes avec des brassards rouges ou des lampes à pétrole, pour réclamer de l'eau ou de l'électricité, les autres pour l'assurer de la victoire dès le premier tour. Le candidat du Sopi et son directeur de campagne, Macky Sall, ont été contraints d'observer 70 arrêts dont 39 importants pour écouter les doléances qu'ils comptent prendre en charge dès leur réélection.
Macky Sall a annoncé un programme spécial pour Matam. « C'est dans le cadre des programmes spéciaux indépendance qui ont démarré à Thiès, Fatick, Kolda ; et Matam va suivre. La région va bénéficier d'une enveloppe de 15 milliards FCfa en vue de sa modernisation dans le domaine de la voirie, de l'assainissement, l'éclairage public et des bâtiments. Il faudra évidemment prévoir dans l'enveloppe une somme résiduelle pour les autres collectivités de la région ». Il a trouvé normal les revendications des populations. « Nous avons çà et là des demandes en matière d'eau et d'électrification rurale, mais c'est tout à fait normal, car il ne faut pas oublier que le Sénégal est quand même un pays en voie de développement, c'est-à-dire que nous n'avons pas encore atteint tous nos objectifs du millénaire pour le développement (Omd) fixés par les Nations Unies à l'horizon 2015 », a dit Macky Sall.
À KANEL : Un programme spécial pour les artistes
C'est à partir de Kanel que le candidat président, chef de file de la Coalition Sopi 2007, a choisi de s'adresser aux artistes du Sénégal. Il leur promet un programme spécial dans son prochain quinquennat.
« Le citoyen de Kanel », comme il a tenu à le rappeler, ne compte pas oublier le monde artistique. « J'ai choisi Kanel, ville culturelle, pour m'adresser à vous les artistes, vous les créateurs visionnaires qui avez la sensibilité de sentir le futur et dont la création traduit les préoccupations des populations. Je vous rends un hommage appuyé et je signale que dans mon prochain quinquennat, il y aura un programme spécial pour vous. Déjà, la création de l'Institut de cinématographie du Sénégal va relancer la création culturelle », a dit le candidat Abdoulaye Wade. Il a indiqué que l'érection de Matam en région, de Kanel et Ranérou en départements répond à « une vision de développement du Fouta » qui regorge de « ressources nécessaires pour la relance de l'agriculture sénégalaise ». Me Abdoulaye Wade pense que le Sénégal peut relever le défi de l'autosuffisance alimentaire en atteignant « 1 million de tonnes de riz en 2012 ». « Cela est du domaine du possible, car le Fouta a des terres », martèle le candidat de la coalition Sopi. Il compte consacrer des hectares aux biocarburants afin de faire des « agriculteurs, des pétroliers ». Il a profité de l'occasion pour demander aux jeunes de croire en leur pays. « C'est quand on a travaillé qu'on peut goûter au plaisir de ce qu'on a réalisé », leur a-t-il lancé.
Promettant de promouvoir davantage des cadres du Fouta, le candidat président a assuré les populations de l'exploitation prochaine des phosphates de Matam. « Les phosphates de Matam seront exploitées ainsi que le fer de Tambacounda », a souligné le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais. Et pour l'exploitation des phosphates, un train reliera Matam à Tambacounda. « C'est l'une des conditions posées aux exploitants », déclare-t-il. Dans la même veine, le candidat du Sopi prévoit la création de la route de Ranérou et pense aussi à une route pouvant relier Ranérou à Bakel. « Ce sont les routes qui font le développement », indique le pape du Sopi, visiblement pas affecté par le long parcours qu'il vient d'effectuer. Auparavant, les leaders locaux et ceux de la Coalition présents lui ont témoigné leur reconnaissance pour avoir fait de Matam « une entité administrative de valeur » et lui ont promis la victoire dès le premier tour.
DAOUDA MANÉ, quotidien Le Soleil