Qu’est ce qui s’est passé pour que le pays se désintéresse d’une situation aussi sensible que celle des enfants ? Les talibés ou almoudos qui constituent une frange de la catégorie mendiant du pays mènent une vie plus que difficile. Les parents assument –ils leurs responsabilités? La mauritanie a pourtant ratifié la convention relative à la protection des droits des enfants en 1991. Les actions du ministère des affaires sociales de l’enfance et de la famille sont-elles limitées et freinées par des politiques inadaptées ?
Les almoudos sont tous ces jeunes élèves de l’école coranique âgés de 5 à 13 ans ou plus qui sillonnent les rues des grands centres urbains à la demande de la charité. Ce sont tous ces enfants envoyés par leurs parents chez des marabouts en vue d’acquérir des connaissances religieuses. Ces élèves, appelés talibés, sont surtout issus de milieux traditionnels en général.
Les almoudos sont tous ces jeunes élèves de l’école coranique âgés de 5 à 13 ans ou plus qui sillonnent les rues des grands centres urbains à la demande de la charité. Ce sont tous ces enfants envoyés par leurs parents chez des marabouts en vue d’acquérir des connaissances religieuses. Ces élèves, appelés talibés, sont surtout issus de milieux traditionnels en général.
Les almoudos ou talibés envoyés chez les marabouts bénéficient très peu d’un enseignement de qualité. Et dans la majeure partie des cas, l’enseignement le plus favorisé dans ce milieu, est celui de la main tendue.
Ces «locataires» de la rue, se lèvent très tôt le matin en vue de se rendre à leurs lieux de travail, la rue. Aucune attention ne leur est prêtée et comme si tout va pour le mieux, la situation de ses pauvres enfants n’interpelle apparemment personne.
Ces Almoudos sont partout, aux feux rouges, aux restaurants aux arrêts de bus, aux stations—services et parfois même en plein milieu du goudron en vue de soutirer quelques pièces aux généreux passants, taximen, chauffeurs de bus ou clients. Une vie de calvaire révoltante qui se perpétue en voyant, chaque jour, tous ces enfants laissés pour compte.
Chaque talibé doit verser quotidiennement la somme de100 ouguiyas à son «Tierno» (marabout). Un versement d’ailleurs variable d’un lieu à l’autre, d’un tierno à l’autre. Nous avons rencontré quelques talibés et leur avons demandé pourquoi est -ce qu’il passe tout leur temps à quémander les passants dans la rue. D’un regard attentif et observateur, Kalidou, 13 ans, confie: «je dois apporter 260UM au Tierno » et après une petite pause, il soupire et poursuit : «je ne pourrais pas rentrer sans cette somme si non j’aurais de sérieux problèmes ».
Une vérité qui explique pourquoi ces nombreux talibés restent dans la rue jusqu’à des heures tardives de la nuit, ou passent même la nuit dans la rue, exposé à tous les dangers.
Histoire d’Amadou
Amadou est un talibé de 12 ans, lorsque je l’ai rencontré à 22 heures aux alentours du dispensaire d’EL Mina, il tremblait beaucoup. Surpris de le voir à cette heure, je lui ai proposé de venir passer la nuit avec moi, service qu’il n’avait pas accepté. J’ai tenté de lui expliquer qu’il ne devrait pas rester ici puisque qu’il faisait tard mais en vain. Il souffrait tellement que j’ai eu l’impression qu’il ne pouvait tenir jusqu’au lendemain. J’étais vraiment soulagé quand je l’ai revu deux jours plus tard au même endroit. Inquiet de la situation dans laquelle je l’avais vu, à tel point que j’ai pris du temps à le quitter.
C’est une situation cauchemardesque que vit les talibés. Laisser des enfants dans la rue sous un faux prétexte qu’ils vont tout apprendre de cette manière de survivre est tout de même une idée bizarre. Surtout que leur apprentissage se réduit spontanément au métier de la main tendue. Tous ces almoudos ne bénéficient que très rarement des enseignements de leurs maîtres. Ils ne disposent pas de temps nécessaire pour se consacrer aux études car, ils passent en général plus de temps dans les rues que dans les “écoles”.
Pieds nus et vêtus de guenilles, ils font partie du décor des grands centres urbains, notamment la capitale, Nouakchott.
Responsabilités des parents
Les responsabilités de la situation cauchemardesque que vit ces enfants sont partagées. D’une part, il y a les parents qui n’ont pas conscience que l’éducation d’un enfant nécessite un équilibre social, psychologique, ce qui explique les échecs enregistrés dans le parcours éducatif. Les enfants se font privés de leurs droits les plus fondamentaux à cause des mauvaises décisions des parents. Ces derniers n’ont aucun contact avec leurs progénitures et ne demandent pas de compte-rendu des performances scolaires aux maîtres coraniques ni des soutiens morales, économiques ou psychologiques à leurs enfants. Où sont passées les obligations parentales ? L’éducation d’un enfant est nécessaire mais faut-il bien connaître les conditions dans lesquelles il apprend. Acquérir des connaissances est un bien en soi mais quand on envoie son enfant pour apprendre à quémander sans que l’on s’en rende compte de sa situation s’en est une autre façon d’exposer sa progéniture à tous les risques de la vie. Un adulte saurait se défendre dans certaine situation extrême mais que ferait un enfant de 05, 07, 12 ans envoyé par son parent même, dans le fond d’une zone à risque.
Responsabilité de l’état
Malgré la ratification de la convention relative aux droits des enfants le 16 mai 1991 par la Mauritanie, la situation des enfants reste inquiétante. Les insuffisances dans cette lancée sont notoires. Les talibés connaissent une situation difficile. Leurs conditions se manifestent par la mendicité dans tous les coins de Nouakchott. Laissés pour compte, les talibés ou almoudos ne bénéficient pas du soutien de l’état.
Il existe une institution gouvernementale pour ces genres de situation depuis deux mille sept qui comporte deux centres au niveau de la Moughataa d’El mina et de Dar Nain ainsi qu’une cellule de prise en charge au niveau de sebkha mais les actions restent très limitées.
Des structures non gouvernementales existent mais les aides allouées par l’état sont insignifiantes, les moyens disponibilités restes très restreints. L’ampleur du phénomène est du coup négligée. La direction de l’enfance a élaboré une stratégie nationale de protection des enfants (SNPEM) et un plan d’action pour 2009-2013, et lesa talibés ou mendiants, enfants de la rue ou orphelins attendent un sort un peu plus meilleur que celui qui leur est réservé aujourd’hui.
L’élaboration d’une réglementation relative à la condition de l’enseignement des élèves coraniques est une nécessité pour que ces derniers bénéficient au moins du minimum dans leurs parcours scolaires coraniques et un programme de sensibilisation des maîtres coraniques et des parents soulageraient avec des actions concrètes les souffrances de tous ces enfants, orphelins, almoudos ou mendiants.
Fofana Samba Doulo Correspondant Soninkara