Le gouvernement mauritanien a démenti dimanche vouloir procéder à une "arabisation complète de l'administration", deux semaines après le début de manifestations d'étudiants négro-mauritaniens contre cette option.
"Rien n'a changé, la Mauritanie d'avant le 1er mars est toujours la même, aucune option pour une arabisation complète n'a été prise par le gouvernement", a affirmé le ministre de l'Enseignement supérieur, Ahmed Ould Bahya, devant les syndicats des étudiants réunis à l'université de Nouakchott.
Il faisait référence à une déclaration du Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le 1er mars lors de la célébration de la journée de la langue arabe, qui avait suscité la polémique. Le chef du gouvernement avait alors qualifié "d'arabo-islamique" la civilisation mauritanienne.
Le 6 avril, plus d'une centaine d'étudiants négro-mauritaniens de l'université de Nouakchott avaient organisé, sur le campus universitaire, un sit-in de protestation contre "l'arabisation complète" du pays menée selon eux par le gouvernement.
En réponse, le ministre de l'Enseignement supérieur a assuré: "Nous avons célébré et la journée de l'arabe et la journée de la francophonie, avec la même force et dans les mêmes conditions". Il entendait ainsi signifier l'attachement du pays, ex-colonie française, à la langue française.
Le ministre, qui a voulu tranquilliser les étudiants négro-mauritaniens à ce sujet, a affirmé que des "états généraux de l'enseignement" seraient organisés dans le courant de l'année et que, de ces journées de concertations, naîtrait la nouvelle politique éducative du pays. Il a promis qu'y seraient conviés aussi bien les étudiants que les professionnels de l'éducation ainsi que les partis politiques et la société civile.
Les étudiants négro-mauritaniens - qui sont formés dans leur écrasante majorité en langue française - disent craindre pour leur avenir dans le cadre d'une "arabisation complète" du pays.
"Nous continuons toujours à exiger des assurances directes du Premier ministre pour nous tranquilliser à ce sujet", a affirmé à l'AFP un porte-parole des étudiants, Lam Aboubekrine, au sortir de la rencontre avec le ministre de l'Enseignement supérieur.
AFP