La journée du 15 décembre aura été longue pour Mme Brigitte Girardin, la ministre Française déléguée à la Coopération au développement et à la Francophonie. En provenance du Niger, elle devait conclure ce jour à Bamako avec le ministre des Maliens de l'extérieur et de l'intégration africaine, Pr Oumar Hamadoun Dicko, la 7è session du Comité mixte annuel franco-malien sur les migrations. Les discussions ont achoppé entre la partie malienne et la délégation française sur la conclusion d'un accord de réadmission des Maliens vivant en situation irrégulière en France.
Les autorités maliennes ont refusé tout simplement de signer un tel accord qui laisserait la porte ouverte à l'expulsion massive des sans papiers de France. La délégation française a insisté sur le fait que l'accord de réadmission est conforme à l'article 13 de l'accord de partenariat entre les Etats ACP et UE signé à Cotonou en juin 2000 et au plan d'action adopté lors de la Conférence euro-africaine sur les migrations et le développement tenue à Rabat en juillet dernier.
La partie malienne a surtout montré sa désapprobation quand au "caractère parfois violent des reconduites aux frontières" et des circonstances dans lesquelles elles interviennent. Malgré la courtoisie diplomatique qui empreint son discours, le Pr. Oumar Hamadoun Dicko, n'a pas su s'empêcher d'insister sur certaines questions qui fâchent.
Il a interpellé Mme Girardin sur l'examen de la situation des sans papiers avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'immigration, les reconduites forcées, la situation des épouses des expulsés, la problématique de la deuxième génération des émigrés, l'amélioration des conditions de délivrance des visas, particulièrement aux étudiants, chercheurs et professionnels...
Auparavant, la délégation française avait informé la partie malienne que le gouvernement français n'entendait pas procéder à des opérations de régularisation massive d'étrangers sans papiers à l'image de celles faites par certains pays de l'Union Européenne. Finalement, les deux parties ne se sont entendues que sur le co-développement dont les avantages sont certains pour tout le monde. "Les derniers chiffres, au Mali, sont éloquents : 432 retours ont permis de créer 1200 emplois", a expliqué Mme Girardin. "L'apport des migrants de 900 000 euros sur une mise initiale de 2,6 millions d'euros de la France dans le financement des projets, soit 30 % du coût global du budget du co-développement, montre à la fois la pertinence du co-développement et l'adhésion au principe par les Communautés de migrants de France", renchérit le Pr. Oumar Hamadoun Dicko.
F. Traoré , Quotidien le Republicain