Le village-marché de Diaobé est devenu commune, suite au dernier découpage territorial, se séparant ainsi de son actuel chef lieu de communauté rurale, qui s’en trouve «déplumé». Kounkané cherche déjà les moyens de survivre à cette séparation brutale d’avec sa vache à lait.
Au lendemain des élections locales de mars 2009, l’actuelle communauté rurale de Kounkané sera divisée en deux communes : celle de Kounkané et celle de Diaobé-Kabendou. A côté, le ministère des Collectivités locales a érigé le village de Kandiaye en communauté rurale. Les deux communes, distantes seulement de 8 km, se situent le long de la route nationale 6. Sur le même axe se trouve le village de Kandiaye, distant de Kounkané de 8 km également. Kounkané n’aura donc plus de mainmise sur l’un des plus grands marchés hebdomadaires du pays.
Le marché de Diaobé et sa gare routière constituaient, de l’avis même de l’actuel président du conseil rural, les seules sources de revenus de la communauté rurale. De quoi donner du fil à retordre au Président du conseil rural (Pcr). Ousmane Simakha pense déjà aux difficultés de gestion de la future commune de Kounkané. Le natif de ce village, qui ne cache pas ses ambitions d’en être le premier maire, a une idée de l’immensité de la tâche à laquelle il pourrait être confronté. Il a déclaré : «La future commune de Kounkané sera une collectivité locale complètement déplumée.» Le Pcr de Kounkané explique : «Nous n’aurons plus de marché, pas de terres arables disponibles, pas de pâturages, nos champs se trouvent soit dans une communauté rurale, soit dans une autre commune.»
Les 6 années passées à la tête du conseil rural de Kounkané ont convaincu Ousmane Simakha que gouverner, c’est prévenir. Pour se donner un programme de campagne alléchant, en début de l’an prochain, le néo-libéral a effectué, au courant de ce mois d’octobre, une tournée dans 4 pays européens. A son retour, jeudi dernier, ce Soninké en pays peulh a ramené dans sa valise des projets qu’il a «dévalisé» au cours d’un rassemblement imposé par ses partisans.
Pour la nature des projets, le Pcr a poursuivi : «Il s’agit de la construction d’un marché hebdomadaire dans le village de Thianfara Koba et d’une gare routière à Kounkané.» Au début du mois prochain le Pcr devra retourner en Europe pour soumettre à ses partenaires le projet sur papier. En plus, à en croire Mr Simakha, le Pndl (programme national de développement local) est disposé à construire un marché dans le village de Kounkané.
Des projets qui, en plus de donner des recettes à la future municipalité, vont contrer la future commune de Diaobé-Kabendou. Car le marché de Thianfara Koba, s’il est réalisé, va se situer en amont de Diaobé pour les véhicules venant du nord du pays, de la Gambie, de la Guinée Conakry. Seuls les véhicules venant des régions de Kolda et Ziguinchor et un peu de la Guinée Bissau, feront de petites économies de carburant en s’arrêtant à Diaobé. En plus, la gare routière de Kounkané et ses taxes de stationnement pourraient dissuader les camionneurs à franchir les frontières de cette nouvelle commune.
Les effets néfastes de ce futur marché, combinés à ceux de l’actuel marché hebdomadaire de Mandat, à 60 km de Tamba, feront que Diaobé ne sera que l’ombre d’elle-même. A moins que les futurs candidats à la Mairie de ce village-marché trouvent des palliatifs à ce qui pourrait être une guerre sourde entre des communes trop voisines.
Une proximité qui ne va pas sans problèmes, puisque Simakha annonce que les champs et les pâturages se trouvent de part et d’autre des frontières des différentes collectivités locales. Comme ce sont celles-ci qui ont compétence à gérer le foncier, on entrevoit déjà de futures sources de conflits entre populations, qui se moquent très souvent des règlements et législations quand il s’agit d’un héritage coutumier.
Par Abdoulaye KAMARA
Source : Source : lequotidien.sn