POTSDAM (Allemagne) - Les pays riches réunis au sein du G8 se sont engagés samedi à remplir leurs promesses d'augmentation de l'aide à l'Afrique, tout en adressant une critique voilée aux nations qui, comme la Chine, prêtent de l'argent sans garde-fou au continent noir.
"Nous réaffirmons (...) l'importance de remplir nos engagements en matière d'aide" aux pays les plus pauvres et en particulier à l'Afrique, soulignent les ministres des Finances du Forum (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada, Italie et Russie) dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de deux jours à Potsdam.
Lors de leur sommet de 2005 dans la localité écossaise de Gleneagles, le G8 s'était engagé à annuler la dette publique multilatérale de 35 des pays les plus pauvres et à accroître d'ici à 2010 le montant de leur aide annuelle aux nations les plus démunies à 50 milliards de dollars.
Mais selon l'ONG britannique Oxfam, au rythme actuel, les nations du G8 sont en retard de 30 milliards de dollars par rapport à leur promesse faite il y a deux ans.
Dans un rapport début avril, le Comité d'aide au développement de l'Organisation pour la Coopération et le développement économique (OCDE) constatait pour sa part une baisse de 5,1% en 2006 de l'aide aux pays pauvres de ses 22 pays membres, et prévoyait une nouvelle baisse cette année.
Oxfam a dénoncé samedi l'absence d'engagements concrets, alors que se profile le sommet des chefs d'Etat du G8 de Heiligendamm (nord), du 6 au 8 juin, où cette question sera centrale.
"Ce week-end, les ministres des Finances du G8 ont fait preuve d'amnésie collective en choisissant d'oublier leurs promesses faites à l'Afrique. La chancelière (allemande Angela) Merkel n'a que 18 jours pour appeler ses collègues à agir et éviter une humiliation. Le sommet allemand du G8 ne doit pas devenir celui de la honte", a dit l'un des responsables d'Oxfam à Potsdam, Max Lawson.
Les ministres du G8 se sont aussi implicitement inquiétés de la politique menée en Afrique par certains pays émergents comme la Chine, qui risque, aux yeux des Occidentaux, d'alimenter une nouvelle spirale de sur-endettement.
Sans nommer directement Pékin, contrairement à ce que souhaitait à l'origine la présidence allemande du G8, leur communiqué invite "tous les emprunteurs et les créanciers" à respecter les critères du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui encadrent strictement les octrois de prêts.
Ils appellent aussi de leurs voeux la création d'une "charte internationale du prêt responsable" pour éviter les dérapages et indiquent chercher à ce sujet "à impliquer d'autres parties, dont le G20", un forum incluant pays riches et grandes économies émergentes, au premier rang desquelles la Chine.
Si Pékin n'est pas nommément montré du doigt dans le texte final, l'Allemagne s'est chargée de le faire après la réunion du G8.
"Nous observons qu'il y a un intérêt grandissant de la Chine pour les ressources africaines", ce qui la conduit "à recommencer ce à quoi précisément nous (les pays riches, ndlr) voulions mettre un terme avec notre programme d'allègement de la dette, à savoir un sur-endettement des pays africains", a critiqué le ministre des Finances Peer Steinbrück, hôte de la réunion de Potsdam.
"Cela ne correspond pas du tout aux critères que nous avons édictés", a-t-il regretté.
Source : Romandie News