... à Oualofobougou - Bolibana - La découverte des corps de deux mômes disparus mystérieusement a suscité un énorme émoi chez les populations de ces deux quartiers. La macabre découverte d'un enfant mort a mis en branle les éléments du commissariat de police du 2e arrondissement à Ouolofougou-Bolibana. Les faits se situent en milieu de la semaine dernière. Le corps d'un bébé âgé de 18 mois environ a été sorti d'un puisard dans un état de putréfaction avancé.
Les riverains du collecteur principal du quartier, le "Diafaranakô", ont vite informé le commissaire divisionnaire Almoubareck Maïga du commissariat de police du 2e arrondissement (La Poudrière). L’officier de police est arrivé sur les lieux accompagné de certains éléments de son unité. Il a constaté le décès de l'enfant. Et ouvert une enquête pour démasquer le ou les auteurs de ce qui ressemble à un infanticide.
La mort de cet être innocent pourrait être imputée à une aide ménagère. En effet, les riverains de la rue où le puisard fatal est situé ont l'habitude des assemblées nocturnes quotidiennes et des soirées bruyantes de veille de fête des travailleuses saisonnières originaires de Sélingué. Elles se retrouvent à un carrefour éclairé par des lampadaires. Les aides ménagères animent des causeries enjouées tout en se tressant les unes les autres. Elles échangent les dernières nouvelles reçues du village. Et commentent les potins de Bamako. Certaines chantent et lancent des taquineries à leurs copines. Bref, ces filles s'amusent et arrivent à maintenir en leur sein l'esprit du village.
Ce mercredi, Naïma Traoré était au milieu de ses amies. Elle se faisait tresser et sa fille de 18 mois jouait avec les bambins des autres femmes. Personne ne prêtait attention aux gosses. Les nombreuses femmes et jeunes filles étaient absorbées par leur causerie. Elles buvaient comme du petit lait les petites histoires rapportées de chez leurs employeurs.
Vers 18 heures, Naïma avait fini de se refaire une nouvelle coiffure. Elle se mit alors à chercher son enfant. Elle regarda partout. Elle appela de toute la force de sa voix. Mais sa fille ne répondait. Elle entra dans chacune des familles voisines sans trouver trace de sa fillette. Les autres membres de sa communauté se joignirent à ses efforts. Le groupe fouilla tous les recoins du carré et pénétra dans toutes les concessions environnantes. Mais l'enfant resta introuvable. Finalement, la colonie compatissante au malheur de Naïma se sépara en promettant de se retrouver le lendemain pour continuer les recherches. Très tôt le matin le groupe se reconstitua pour poursuivre les recherches.
Le patriarche d'une famille conseilla à Naïma et à l'amie qui l'accompagnait d'alerter les policiers de " La Poudrière", du 1er arrondissement et la Brigade des mœurs. Tous ces commissariats mentionnèrent la déclaration de disparition d'enfant dans le cahier dit de "main courante". À leur retour de la police, Naïma et ses copines continuèrent la recherche. Mais sans résultat. La maman désemparée ne baissa pas les bras pour autant. Naïma se rendit chez un géomancien réputé et lui expliqua la disparition, comme par miracle, de son rejeton. L'homme des sciences occultes consulta les oracles et conseilla à la malheureuse mère de sonder les puits.
Le lendemain, dès leur réveil Naïma et ses amies se mirent à regarder au fond de tous les puits du quartier. Une aide ménagère se détacha du groupe. Elle revint à l'endroit où les filles et les femmes se faisaient tresser. Elle constata la présence du puisard et alla y jeter un coup d’œil. Elle découvrit avec stupéfaction le corps de la petite qui flottait au-dessus des eaux sales.
Le commissariat, les sapeurs pompiers ainsi que le procureur de la commune III ont été informés. Les services de la Protection civile ont sorti le corps. Le chef de la section P.J. a été chargé de mener l'enquête pour comprendre comment l'enfant est tombée dans le puits. En effet l'accident mortel suscite des questions troublantes. "Le puisard est bien sécurisé. Il est pratiquement impossible pour un enfant de cet âge de s'y jeter. Nous ne croyons pas la thèse du géomancien, puisqu'aucune des filles ne fut à mesure de nous le montrer", a déclaré l'inspecteur divisionnaire Moussa Diakité. Affaire à suivre.
Daouda I. DIAWARA
... Et à Yirimadio
Pendant que les éléments du 2e arrondissement cherchaient à élucider la mort accidentelle de l'enfant de Naïma, leurs collègues du 12e à Yirimadio planchaient eux aussi sur un cas de disparition. En effet dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, l'enfant d'une famille dogon située entre Missabougou et Yirimadio est porté disparu. Les parents du gamin de trois ans avaient aussitôt informé la police. Des éléments du commissaire divisionnaire, Modibo Diakité, s'étaient immédiatement rendus sur les lieux.
Ils ont récolté auprès des parents toutes les informations utiles avant de commencer les recherches. Toute la nuit les policiers de Yirimadio renforcés par des éléments d'autres unités ont patrouillé. Ils ont fouillé les buissons et les herbes folles très denses dans cette zone. Mais jusqu'au petit matin, le garçon est resté introuvable.
Fatigués et déçus de ne pouvoir satisfaire les attentes de la famille éplorée, les policiers arrêtèrent les recherches vers 4 heures du matin. Ils se remirent au travail quelques heures plus tard, toujours sans succès. L'énigme a été dénouée 24 heures plus tard. Le vendredi, second jour de la disparition, aux environs de 9 heures les policiers se préparaient à reprendre les recherches, le père de l'enfant se présenta et les informa que le corps de son fils avait été retrouvé à quelques mètres de la concession familiale. Le commissaire accompagné d'un médecin légiste se rendit sur place pour constater que le gamin était mort depuis plus de 36 heures. Tout comme la mère de la pauvre fille de Ouolofobougou-Bolibana, le père de l'enfant a été entendu. Il a été prié de se mettre à la disposition des enquêteurs chaque fois qu'ils auront besoin de lui.
Ces morts mystérieuses de deux anges ont suscité un énorme émoi dans les populations concernées. L'enfant de Yirimadio aurait subi des supplices et des mutilations corporels, selon le témoignage d'un homme qui nous a rendu visite au journal. Il a affirmé que le gamin avait le crâne fracassé, les yeux crevés, la langue coupée. Ces allégations ont été catégoriquement démenties par le commissaire divisionnaire Modibo Diakité. "Le médecin légiste a ausculté le corps et n'a fait mention d'aucune lésion sur le corps de l'enfant", a tenu à éclaircir le chef du 13è arrondissement.
G. A. DICKO
Source : L'ESSOR - Quotidien Malien