"80 % des demandes de visas sont satisfaites" - La coopération entre le Mali et la France et des questions brûlantes de l’heure comme l’accord sur l’immigration étaient au menu de la conférence de presse, organisée hier par l’ambassadeur de France au Mali, en prélude au 14 juillet.
S. E. Michel Reveyrand de Menthon, entouré par ses plus proches collaborateurs : le consul général, le directeur de la Coopération et de l’action culturelle, l’attaché de défense, entre autres, a expliqué d’entrée de jeu que la coopération entre le Mali et la France est dynamique.
La France prévoit de décaisser, cette année, 60 millions d’euros supplémentaires dans le souci d’adapter l’évolution sur les priorités du moment. La coopération sera élargie à des régions comme Kayes et Mopti. A Mopti, l’ambassadeur français a rappelé la construction avec l’aide de son pays d’un hôpital moderne de référence à Sévaré.
L’ambassadeur français a appelé les autorités de Bamako à signer l’accord sur l’immigration. « Le Mali a signé un accord sur l’immigration avec l’Espagne. C’est dans ce contexte que 33 jeunes Maliens ont eu la semaine dernière leurs visas pour aller travailler légalement dans ce pays. Je souhaite qu’on en arrive là avec la France. Des pays comme le Sénégal et la Tunisie ont déjà signé cet accord avec la France et ça donné de bons résultats », a-t-il expliqué.
Toujours, selon lui, l’accord sur l’immigration est mal vu par l’opinion malienne qui pense que c’est un accord qui n’a pour seul but que de chasser des immigrés. L’ambassadeur admet que c’est un accord global qui veut lutter contre l’immigration clandestine, mais tout en organisant et en encourageant l’immigration légale. Leur but est de développer le codéveloppement solidaire.
Pour montrer patte blanche et la bonne foi du Quai d’Orsay tout en coupant court aux rumeurs selon lesquelles, la France veut réduire son nombre de visas aux Maliens comme représailles contre les autorités maliennes pour leur refus de signer l’accord sur l’immigration, Michel Reveyrand de Menthon a fait savoir que le nombre de demandes de visas satisfaites reste stable. « Il y a 13 000 visas par an, soit 80 % de satisfaction de demandes », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « je ne vois pas en quoi la France ne veut pas délivrer de visas aux Maliens. L’octroi de visas est la raison d’être du consulat ».
Juppé à Bamako
Les actions en faveur de la coopération entre Paris et Bamako ne cessent de se développer. Bamako sera au cœur de la coopération décentralisée. Michel Reveyrand de Menthon a annoncé l’arrivée prochaine du maire de Bordeaux, Alain Juppé, pour renforcer la coopération entre les deux villes.
Aux dires du diplomate français, 150 ONG ou associations françaises travaillent au Mali. Les financements consentis dans le cadre de la coopération décentralisée sont estimés à 10 millions euros et il est prévu d’élaborer une stratégie commune d’intervention des bailleurs de fonds.
Le Programme d’appui à la jeunesse malienne (PAJM), financé par la Coopération française au compte du ministère de la Jeunesse et des Sports, à hauteur de 459 170 000 F CFA, a pour objectif d’insérer les jeunes dans le circuit de l’emploi pour pallier le chômage. Le PAJM est mis en œuvre dans le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP 2007-2012).
L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII, Anaem) a vu ses ressources humaines renforcées et ses missions réorientées dans notre pays. Sa mission traditionnelle s’exerçait dans le cadre de la convention de codéveloppement signées entre la France et le Mali. La nouvelle mission à lui confiée est l’établissement du pré-contrat d’accueil et d’intégration au Mali ainsi que le suivi de nouvelles procédures de migrations professionnelles. L’OFII a aidé à la création de 137 petites entreprises en 2008 et 43 autres entre janvier et juin 2009. Ces projets ont coûté 750 000 euros en 2008 et 300 000 euros à fin juin 2009.
Le discours de Sarkozy s’invite dans le débat
Le discours du président Nicolas Sarkhozy à l’Assemblée nationale du Congo Brazzaville, le 26 mars 2009 a été qualifié « d’important » par S. E. Michel Reveyrand de Menthon. Cette intervention du président français était une sorte de rectification de son discours de Dakar, où il soutenait que l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire.
Remis à niveau par un groupe d’historiens africains et européens sous la direction d’Adame Ba Konaré dans le cadre de Mémoire Afrique, à qui il a rendu un hommage, Nicolas Sarkozy est revenu sur ses propos dans la capitale congolaise.
A en croire S. E. Reveyrand de Menthon, l’intérêt du discours de Sarkozy devant le Parlement congolais réside dans le fait qu’il a insisté sur la forme des liens entre les populations africaines et françaises et la conquête des droits de l’Homme en Afrique. Selon lui, le président français a particulièrement insisté sur la Charte du Mandé qui est une véritable déclaration africaine des droits de l’Homme.
Abdrahamane Dicko
Source : afriquejet.com