Adoptée par l’Assemblée générale de l’Unesco le 20 octobre 2005, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles porte en elle la volonté d’offrir aux minorités l’opportunité d’affirmer leurs spécificités identitaires. Après sa ratification par nombre de pays, l’heure est aux actions d’appropriation par les populations à la base. L’idée est de les amener à une meilleure assimilation des objectifs poursuivis par cet outil de promotion des valeurs sociales.
C’est suivant cet esprit que l’Alliance culturelle africaine (Aca), une association de recherche-action pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel africain, vient de faire traduire la convention de l’Unesco en neuf langues nationales. Avec notamment des versions du texte en Baïnuk, Balante, Diola, Mandingue, Manjack, Pulaar, Sérère, Soninké et Wolof.
Pour relever le défi du partage des dispositions de la Convention avec le maximum de peuples, l’Aca, souligne son manager général, Mactar Ndiaye, a commencé par recenser les langues qui ont le moins de locuteurs et celles ayant le maximum d’utilisateurs. Avec le concours des techniciens de la direction de l’Alphabétisation, il s’est agi à travers cinq ateliers de réflexions, tenus entre 2006 et 2007, de travailler sur la codification et la traduction de chaque langue, à raison de trois experts par langue. L’étude du texte global de la Convention, engageant les différents Etats avec un accent particulier sur les parties, qui permettent aux ethnies d’affirmer leur identité, aura permis d’aboutir à un document de synthèse de quelque six pages.
Aujourd’hui, forte de ce lot de neuf ouvrages porteurs du message de ladite Convention, l’Alliance culturelle africaine entend couvrir les associations et autres communautés de base pour distribuer les 4 500 premiers exemplaires tirés. Mais le but, c’est de sortir 9 400 supports dans les neuf langues d’ici 2008, indique Mactar Ndiaye, qui compte aussi traduire la Convention dans deux langues nationales codifiées dernièrement : Jalonké et Bassari. Pour le manager de l’Aca, ce travail de traduction a été financé à hauteur de 17 millions de francs Cfa par, entre autres partenaires, l’Organisation internationale de la Francophonie, la Fondation Sonatel et la Cbao.
La cérémonie de remise des manuels traduits en langues nationales, tenue vendredi dernier au Cices dans le cadre de la Fildak 2007, aura permis au représentant de la Francophonie, Maguèye Touré, de souligner que ‘le combat pour la diversité culturelle se mène d’abord au niveau des peuples’. C’est pourquoi, ajoute-t-il, ce projet de traduction est ‘une mise en acte de la Convention de l’Unesco’. Représentant le ministre de la Culture, le directeur du Livre, Sahite Sarr Samb, note que cela prouve que ‘nos langues codifiées peuvent porter des ouvrages éducatifs’. Selon lui, le rattachement des langues nationales et de la Francophonie à la Culture traduit la volonté des autorités d’affirmer l’enracinement aux valeurs africaines mais également de marquer l’ouverture au monde.
Mbagnick NGOM, WALFADJRI