Les sanctions envisagées ne semblent pas inquiéter le gouvernement mauritanien.
Mais concrètement à quoi correspondent-elles?
La procédure de l’article 96 de l’Accord de Cotonou, est déclenchée en cas de violation des éléments essentiels de cet accord, à savoir l'Etat de droit, les principes démocratiques et les droits de l’homme.
La procédure en question prévoit que si à l’issue d’un dialogue entre les parties, il n’y a pas de consensus, dans ce cas-ci sur une feuille de route pour le retour à la démocratie, des mesures appropriées peuvent être appliquées. En langage clair, cela veut dire des sanctions.
Elle a été employée à plusieurs reprises depuis la signature de l’accord de Cotonou en 2000.
Notamment, contre le Zimbabwe, la Guinée-Conakry et le Togo.
Dans tout ces cas, l’aide européenne au développement a été interrompue, mais non l’aide humanitaire.
Dans le cas de la Mauritanie, qu’est-ce qui est en jeu concrètement ?
Tout d’abord l’aide pour la période 2008-2013 : soit 156 millions d’euros pour la première tranche qui doit financer l’appui à la décentralisation et à la bonne gestion mais aussi la construction de routes et la lutte contre la pauvreté.
Ensuite, il y les prêts de la Banque européenne d’investissement peuvent difficilement être consentis dans ce contexte.
Mais les financements européens ne sont pas tous concernés. On voit mal Bruxelles interrompre le versement des droits de pêche qui permet à la flotte européenne surtout espagnole, d’opérer dans les eaux mauritaniennes.
Il s’agit d’un montant important: 80 millions d’euros par an. Près du quart des recettes budgétaires de l’Etat mauritanien.
En fait, personne n’a intérêt à une rupture durable.
Pour l’UE, la Mauritanie est un partenaire indispensable dans sa lutte contre l’immigration illégale.
Enfin, ce pays fournit environ 10% du minerai de fer dont a besoin la sidérurgie européenne.
Francois Misser
BBC Afrique, Bruxelles
Source : BBC Afrique.com