On en sait un peu plus sur les circonstances du drame qui a endeuillé Vélingara (Sénégal), consécutif à la mort d'une nouveau-née suite à une excision qui a mal tourné. Selon des sources dignes de foi, le drame s'est produit en l'absence de la mère de la victime.
Elle avait, en effet, laissé endormie son bébé pour se rendre chez le tailleur retirer ses habits. La dame Waïga Kanté, tante du père de l'enfant, en a profité pour, sans doute exercer son autorité sur la victime. Dans ces milieux traditionnels, l'oncle paternel ou la tante (soeur du père), ont une autorité sans entrave sur la progéniture de leur frère. Le père de la nouveau-née, émigré en France depuis quelque 15 ans, rien ne s'opposait à la volonté d'une dame attachée aux valeurs multiséculaires. Informés, les éléments de la brigade de Vélingara ont interpellé l'auteur de l'opération et sa complice, une dame qui l'aurait aidée à exciser l'enfant. Elles devraient être toutes les deux déférées au parquet pour «blessure et homicide volontaire», selon une source appartenant aux forces de sécurité.
Diambéré est au coeur du pays Soninké, à cheval entre Vélingara et Bassé (en Gambie), une contrée encore attachée aux pratiques anciennes comme l'excision et le mariage forcé et précoce. Waïga Kanté passe pour une princesse en la matière avec ses 85 ans.
Ces drames sont presque monnaie courante dans les zones frontalières. En 2004, la dame Païté Sané, bissau-guinéenne venue à Paroumba, dans la communauté rurale de Wassadou venue présenter ses condoléances, a été sollicitée par ses parents pour exciser onze fillettes de 3 à 7 ans. Elle sera condamnée à une peine ferme de 3 mois, douze autres prévenus dans cette même affaire s'en tireront avec 6 mois assortis du sursis. Le mal en zone frontalière est si persistant que le réseau des parlementaires en population avait pris son bâton de pèlerin en compagnie de leurs homologues de Guinée-Bissau et de Gambie en 2003 pour sensibiliser les populations et pour une harmonisation des dispositions réglementaires.
Au Sénégal, l'excision est condamnée par l'article 299-bis du Code pénal, voté par le parlement en janvier 1999. La peine encourue est de 6 à 5 mois pour «quiconque aura porté ou tenté de porter atteinte à l'intégrité d'un organe génital d'une personne de sexe féminin par ablation total ou partielle d'un ou de plusieurs de ses éléments par infibulation, par insensibilisation ou par un autre moyen.» Si l'opération entraîne la mort, comme c'est le cas à Diambéré, l'auteur encourt une peine à perpétuité. Cette loi réprime la pratique au Sénégal, mais chez nos voisins, ce n'est pas encore le cas. Et c'est là où le bât blesse. D'autant qu'il suffit de franchir la frontière pour se mettre à l'abri de la répression.
Source : Quotidien WalFadjri du 28/10/2006
http://fr.allafrica.com/stories/200610270862.html