Les squatteurs de logements sociaux d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ont accepté lundi soir de quitter le parvis qu'ils occupaient depuis deux mois, après une série d'engagements de la préfecture sur le relogement des familles.
Cet accord met fin au bras de fer engagé depuis le 11 juillet par ces familles africaines avec les autorités (mairie et préfecture) après l'expulsion de cinq premières familles de leurs appartements, fin juin et début juillet.
Jour et nuit, ces familles, ivoiriennes majoritairement, se relayaient au campement installé devant un groupe scolaire pour demander le relogement de tous les squatteurs du quartier de La Maladrerie. Le campement avait compté jusqu'à 80 tentes et 140 personnes.
La situation s'était nettement durcie jeudi dernier après la première évacuation par la force du site, à la suite d'une décision d'expulsion prononcée le 3 septembre par le tribunal de Bobigny, à la demande de la municipalité PCF. Une nouvelle tentative d'expulsion avait eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, faisant deux blessés.
"Les familles s'engagent à respecter les termes de l'accord", a annoncé à 21H20 Lacine Koné, l'un des porte-parole des squatteurs, après trois quart d'heure de discussion entre familles pour examiner le détail des propositions formulées auparavant par le sous-préfet Olivier Dubaut.
Cette discussion s'est tenue à l'écart de la presse et de l'association Droit au logement (Dal), qui soutient ces familles depuis des mois. Appelant les familles à rester "mobilisées" et "déterminées", le porte-parole a ajouté que "la lutte prendra fin quand tous les engagements des autorités seront devenus effectifs". Puis, symboliquement, les porte-parole ont dégagé les matelas installés au sol.
Moins de deux heures plus tôt, le sous-préfet s'était engagé à reloger immédiatement les cinq premières familles expulsées et à engager au plus vite une enquête sociale afin d'étudier les possibilités de relogement pour 26 autres familles menacées d'une expulsion prochaine.
Lorsque cette phase sera achevée, il s'engageait à lancer la même enquête pour les 40 autres familles ayant participé depuis le 11 juillet au squat. Ces propositions "ne valent que pour les familles en situation régulière" et sont conditionnées "à l'évacuation immédiate du campement", avait-il prévenu après une table-ronde de plus de trois heures et demi avec six représentants du Dal et des squatteurs à Saint-Denis.
Le sous-préfet a également posé deux autres conditions à ce compromis: que les familles soient effectivement inscrites sur les listes d'attente de logement social, et qu'elles s'engagent à verser "les indemnités d'occupation dues au bailleur", l'OPHLM d'Aubervilliers, où 3.800 demandes de logement sont en attente.
Dans ce dossier, qui a pris un tournure politique après la visite controversée de la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade, la ville d'Aubervilliers a toujours affiché sa fermeté, refusant de reloger les squatteurs de son parc social. "Ceux qui ont donné pendant des années des leçons manquent parfois d'humanité", avait expliqué Mme Yade à l'AFP après sa visite au campement, perçue par la municipalité comme une "provocation" et "un soutien affirmé aux squatteurs".
Le Premier ministre François Fillon, avait déclaré dimanche que Rama Yade a fait "une gaffe liée à son inexpérience" dans sa visite aux squatteurs, mais qu'il ne regrettait toutefois "à aucun moment" d'avoir Mme Yade dans son gouvernement.
AFP -