En Mauritanie, « Radio Citoyenne » propose depuis près de trois mois des émissions interactives. A l’approche de l’élection présidentielle, elle aiguise l’esprit citoyen.
« Micro libre », diffusée quatre fois par semaine et en direct, est une émission interactive, réalisée dans les quatre langues du pays (Arabe, Pulaar, Soninké et Wolof), et suivie par de nombreux Mauritaniens qui y participent par le biais de « Radio Citoyenne». Citoyenneté, transparence, intégrité, respect de la chose publique et transition démocratique en cours, sont au cœur des débats.
A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle du 11 mars prochain, qui doit consacrer le retour au pouvoir des civils, représentants de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), acteurs politiques, responsables de l'administration et islamologues sont interpellés par les auditeurs, notamment sur «l’achat de votes ». Lors des dernières sénatoriales du 21 janvier dernier, des cas avérés de corruption ont été constatés. Des millions de francs Cfa auraient ainsi été proposés aux électeurs.
« Vendre son bulletin de vote, c'est se couper la langue ! », martèle un spot de « Radio Citoyenne ». Les programmes de cette station libre ont été lancés deux jours avant l’ouverture de la campagne pour les élections législatives et municipales du 19 novembre par l’ONG mauritanienne « Initiative citoyenne pour le changement ».
« Les nouvelles élogieuses ne nous intéressent pas. Notre journal parlé sera différent de ce que vous avez l'habitude d'entendre », promettait le coordinateur lors d'une réunion de prise de contact avec les journalistes et les producteurs.
Une telle liberté de ton est une première en Mauritanie où, après leur arrivée au pouvoir, en août 2005, les autorités militaires ont engagé une réforme de la presse et de l'audiovisuel. Le régime du dépôt légal qui obligeait l’éditeur à déposer un exemplaire de son journal avant publication au ministère de l'Intérieur a été supprimé. Le nouveau système met un terme à la censure en transférant la tutelle de la presse au ministère de la Justice. Une Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA), organe de régulation, a par ailleurs été créée.
En attendant l’arrivée de ses équipements financés pour l’essentiel par l’Union européenne, « Radio citoyenne» a noué un partenariat avec « Radio Mauritanie » (RM) qui l’héberge dans ses locaux. C’est donc avec les moyens de production et de diffusion de la radio publique que travaille la nouvelle radio, en toute indépendance éditoriale. « Radio Mauritanie » lui cède sur ses fréquences 6 heures d'antenne et met à sa disposition une partie de ses techniciens et de ses journalistes. Cette collaboration n'aurait jamais été possible si la radio d'État n'avait, elle-même, changé. Elle a bousculé les limites de la liberté de la presse pour ouvrir ses micros aux journalistes de la presse privée et aux représentants des partis d’opposition. Dans les prochains mois, « Initiative citoyenne pour le changement » ambitionne aussi de monter 6 radios locales de proximité à travers le pays, afin de renforcer le processus démocratique.
Source : Nouvel Horizon Senegal