Les résultats obtenus au Burkina Faso par un candidat vaccin relancent l'espoir de vaincre un jour cette maladie.
Le vaccin efficace contre le paludisme dont tout le monde rêve depuis des décennies est-il désormais dans les tuyaux ? Il est évidemment trop tôt pour se prononcer mais les données d'un essai réalisé en 2007 et publiées jeudi dans le New England Journal of Medicine sur le vaccin MSP3 valident en tout cas la démarche suivie depuis plus de vingt ans par l'équipe de Pierre Druilhe, ex-directeur du laboratoire de paludo-vaccinologie (LPV) de l'Institut Pasteur.
En clair, «le vaccin MSP3 est désormais l'un des deux candidats vaccins à s'être avéré capable de protéger l'homme en zone d'endémie», explique Pierre Druilhe. L'enjeu est de taille puisqu'en dépit de l'enthousiasme manifesté par le partenariat international «Roll Back Malaria», le paludisme continue de menacer plus de 2 milliards d'individus dans le monde, essentiellement en Afrique et en Asie, et de provoquer chaque année 800.000 décès. Le MSP3 est actuellement produit par Synprosis, une société de biotechnologie à laquelle collabore désormais le professeur Pierre Druilhe.
Protection de 64 à 77%
L'essai mené au Burkina Faso en 2007 et publié jeudi visait initialement à examiner uniquement la tolérance et l'immunogénicité du vaccin chez 45 enfants âgés de 12 à 24 mois ayant reçu des doses de 15 ou 30 microgrammes en comparaison à un vaccin placebo. Néanmoins, les chercheurs n'ont pu s'empêcher de noter la protection conférée par la vaccination ainsi réalisée : «Comme nous devions noter tous les événements survenus dans l'évaluation de la sécurité du vaccin administré, nous avons aussi remarqué lors de l'analyse des données la moindre fréquence des épisodes palustres», explique le Dr Sodiomon Sirima, du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme au Burkina Faso, et principal investigateur de l'essai. On dénombrait en effet 1,2 à 1,9 épisode palustre par 100 jours chez les enfants vaccinés contre 5,3 épisodes pour le groupe témoin, soit une protection de 64 à 77 %.
Avec ces résultats, qui devront bien sûr être confirmés dans une véritable étude de plus grande ampleur (elle est d'ailleurs en cours au Mali), le vaccin MSP3 vient «concurrencer» le candidat vaccin favori de la recherche international baptisé «RTS, S». Ce dernier, mis au point par Glaxo SmithKline, est déjà engagé dans plusieurs grands essais de longue durée et semble conférer une protection partielle. Cependant le mécanisme d'action des deux vaccins potentiels est très différent. «Il y a plusieurs pistes vaccinales, explique Pierre Druilhe, on peut notamment viser la phase précoce de l'infection, c'est ce que fait le vaccin RTS, S, ou alors la phase des manifestations cliniques, celle que nous avons choisie. »
David contre Goliath
Un choix qui ne doit rien au hasard puisque tout a commencé il y a plus de vingt ans lorsque les chercheurs français ont pu montrer que l'on pouvait protéger des enfants thaïlandais de 12 à 24 mois contre le paludisme en leur administrant des anticorps d'adultes africains protégés. Un âge clé, en effet, car la plupart des décès dus au paludisme surviennent avant cinq ans, les crises jusqu'à 15-20 ans puis on acquiert une protection appelée immunité naturelle (prémunition). Grâce à ces travaux, l'équipe de l'Institut Pasteur identifie «le bon antigène», celui qui provoque une réaction dans le système humain : MSP3, à la base du vaccin en cours d'évaluation.
Pierre Druilhe veut rester prudemment optimiste. «Ce sont des résultats préliminaires, sur un petit effectif et il faut attendre la confirmation sur des effectifs plus importants.» Il n'empêche qu'une fois de plus le candidat vaccin français, qui vient de franchir une nouvelle étape décisive, évoque symboliquement le combat de David contre Goliath. Il doit rivaliser vaillamment avec les centaines de millions de dollars investis sur ses principaux concurrents. Pour accélérer le développement du vaccin MSP3, Pierre Druilhe a d'ailleurs lancé une initiative (Vac-4-All). Les résultats du prochain essai du vaccin français sont en cours au Mali et sont attendus au début de l'année prochaine.
L'essai mené au Burkina Faso en 2007 et publié jeudi visait initialement à examiner uniquement la tolérance et l'immunogénicité du vaccin chez 45 enfants âgés de 12 à 24 mois ayant reçu des doses de 15 ou 30 microgrammes en comparaison à un vaccin placebo. Néanmoins, les chercheurs n'ont pu s'empêcher de noter la protection conférée par la vaccination ainsi réalisée : «Comme nous devions noter tous les événements survenus dans l'évaluation de la sécurité du vaccin administré, nous avons aussi remarqué lors de l'analyse des données la moindre fréquence des épisodes palustres», explique le Dr Sodiomon Sirima, du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme au Burkina Faso, et principal investigateur de l'essai. On dénombrait en effet 1,2 à 1,9 épisode palustre par 100 jours chez les enfants vaccinés contre 5,3 épisodes pour le groupe témoin, soit une protection de 64 à 77 %.
Avec ces résultats, qui devront bien sûr être confirmés dans une véritable étude de plus grande ampleur (elle est d'ailleurs en cours au Mali), le vaccin MSP3 vient «concurrencer» le candidat vaccin favori de la recherche international baptisé «RTS, S». Ce dernier, mis au point par Glaxo SmithKline, est déjà engagé dans plusieurs grands essais de longue durée et semble conférer une protection partielle. Cependant le mécanisme d'action des deux vaccins potentiels est très différent. «Il y a plusieurs pistes vaccinales, explique Pierre Druilhe, on peut notamment viser la phase précoce de l'infection, c'est ce que fait le vaccin RTS, S, ou alors la phase des manifestations cliniques, celle que nous avons choisie. »
David contre Goliath
Un choix qui ne doit rien au hasard puisque tout a commencé il y a plus de vingt ans lorsque les chercheurs français ont pu montrer que l'on pouvait protéger des enfants thaïlandais de 12 à 24 mois contre le paludisme en leur administrant des anticorps d'adultes africains protégés. Un âge clé, en effet, car la plupart des décès dus au paludisme surviennent avant cinq ans, les crises jusqu'à 15-20 ans puis on acquiert une protection appelée immunité naturelle (prémunition). Grâce à ces travaux, l'équipe de l'Institut Pasteur identifie «le bon antigène», celui qui provoque une réaction dans le système humain : MSP3, à la base du vaccin en cours d'évaluation.
Pierre Druilhe veut rester prudemment optimiste. «Ce sont des résultats préliminaires, sur un petit effectif et il faut attendre la confirmation sur des effectifs plus importants.» Il n'empêche qu'une fois de plus le candidat vaccin français, qui vient de franchir une nouvelle étape décisive, évoque symboliquement le combat de David contre Goliath. Il doit rivaliser vaillamment avec les centaines de millions de dollars investis sur ses principaux concurrents. Pour accélérer le développement du vaccin MSP3, Pierre Druilhe a d'ailleurs lancé une initiative (Vac-4-All). Les résultats du prochain essai du vaccin français sont en cours au Mali et sont attendus au début de l'année prochaine.
Source: Le Figaro