RECONSTRUCTION DES RAPPORTS DE GENRE EN SITUATION MIGRATOIRE
Femmes « réveillées », hommes menacés en milieu soninké
La migration des femmes maliennes entraîne le passage d’un mode de contrôle à un autre. Elle est génératrice de conflits avec les hommes.
Ce passage est l’occasion de déploiement de stratégies diversifiées des hommes comme des femmes, qui pour asseoir leur domination, qui pour y échapper.
La venue en France dans les années quatre-vingt des femmes originaires de la vallée du fleuve Sénégal s’est faite dans le cadre du regroupement familial. Même lorsqu’elles le souhaitent, le départ des femmes mariées en migration se fait sur décision du mari, après accord du chef de famille responsable du ka (maisonnée regroupant trois ou quatre générations, unité de production agricole et de reproduction).
Une telle décision ne va pas de soi tant elle comporte des risques, que les hommes ne sont pas sans ignorer, de remise en cause des rapports sociaux spécifiques qui organisent le système local de sexe/genre.
Encore aujourd’hui, et malgré les difficultés de vie dues à la séparation, la majorité des migrants soninkés ne s’y est pas résolue. Néanmoins, il existe actuellement de nombreuses familles soninkées en France, traversées par de graves tensions.
Muriel AZOULAY (*)
Catherine QUIMINAL (**)
(*) Doctorante, URMIS Paris VII.
(**) Professeure à Paris VII, URMIS. Email :