La commune de Thiès a vibré du samedi 2 au dimanche 3 juillet dernier au rythme des journées culturelles soninké organisées par l’Association des Elèves et Etudiants Soninkés (AEES), en collaboration avec l’Association "Jikke" de la cité du rail. L’idée de l’organisation de cet événement culturel soninké est venue de l’Association des élèves et étudiants soninkés à Thiès (AEES). « Thiès était la référence en matière de forte présence de la communauté soninké. Mais depuis quelques années, cette situation tant à disparaître. Et pour éviter que la culture soninké ne tombe dans l’oubli, nous les élèves et étudiants, bien que nous ne sommes pas nombreux à Thiès, nous avons jugé nécessaire de prendre contact avec tous les soninkés, à unir leurs forces pour organiser ces journées cultures soninkés à Thiès » a rappelé Boubou Diakité. Le président de l’AEES de Thiès de préciser que « c’est ainsi que toute la communauté soninké a émis le vœu d’apporter leur partition pour la réussite de ces journées culturelles». Ces journées culturelles soninkés s’inscrivent dans le cadre de la promotion de la langue et de la culture soninké.
Au menu des activités une conférence sur le thème : «Pourquoi les soninkés sont en retard, malgré leurs richesses économiques?». Elle a été animée par Mamadou Djiméra. Dans son exposé, le sage pense que ceux qui ont les moyens financiers doivent investir et créer des emplois pour ces milliers de jeunes soninkés diplômés qui peinent à trouver du travail, au lieu de passer tout leur temps à gaspiller leur argent dans des cérémonies de mariages, de baptêmes. Des dépenses exorbitantes et inutiles sont faites dans ces évènements qui n’aident en rien au développement de la communauté soninké. Auparavant les jeunes soninkés n’avaient qu’un seul objectif, c’est d’aller en France. Aujourd’hui ce sont ces jeunes soninkés qui sont titulaires des diplômes en banques et finance, qui sont gestionnaires, journalistes, sages-femmes, infirmiers... D’autres sont devenus des soudeurs, des tailleurs, des électriciens, des maçons etc. dans nos pays. Suite à ces constats, «les riches soninkés doivent penser à l’investissement et à la création d’emplois» a suggéré l’écrivain et chercheur qui a aussi demandé aux femmes de redoubler d’efforts dans l’éducation de leurs enfants.
A travers cette conférence « je me suis ressourcée. A partir d’aujourd’hui, où que je sois, la promotion de la culture et de la langue soninké restera mon combat.» a martelé Djéllé N’diaye. L’étudiante s’adressant aux mamans dira : «elles doivent instaurer la base de l’éducation des enfants. Sans nos mamans nous les enfants nous ne pouvons pas avoir une éducation digne de ce nom.» Elle a fini par inviter les mamans d’être au devant des rangs des éducateurs des enfants. «A défaut, elles seront les premières accusées de l’échec de l’éducation des enfants.»
La première édition des journées culturelles soninkés de Thiès a été parrainée par le Commissaire Mamadou Traoré dit Mamadou Diarinté. «Je suis très content d’être choisi comme le parrain de cette première édition. Mon soutien financier et matériel n’est qu’une manière pour moi de contribuer à la promotion de la langue et culture soninké.» dira monsieur Traoré. L’organisation de ces journées culturelles à Thiès a été une réussite grâce aussi à l’appui financier, moral et matériel de Bakary Sally Diakité, d’Abdoulaye Bathily, de Yankhouba Diattara et autres personnes de bonne volonté de la communauté soninké. Ces journées culturelles ont été célébrées sous la présence effective des présidents et délégations des Associations des Elèves et Etudiants Soninkés de Dakar et de Saint-Louis, en l’occurrence Adama Soumaré et Diéydi Kanouté, tous très fiers de la réussite de cette première édition des journées culturelles soninkés tenues du samedi 2 au dimanche 3 juillet 2011 à Thiès.
Les activités de la journée du samedi 2juillet 2011 à Thiès :
Les activités de la première édition des journées culturelles soninkés ont démarré par un grand « dinmu » : tam-tam en soninké avec l’incontournable batteur, le grand griot Maciré Dramé dit Diaré Khoré dans l’après midi du samedi. Des tam-tams ont retenti à la fameuse place de France. Accompagnés par des pas de danses de femmes et jeunes de tout âge qui ont accompagné le rythme des 12 «ndon- ndongué» du grand griot. «Je suis très content de prendre part à ces journées. Moi je suis un soninké pur. Et c’est le sang noir qui coule dans mes veines. J’en suis très. Je suis venu avec mes 12 «don-dongué » pour les mettre aussi à contribution» a confié Massiré Dramè dit Diaré Khoré.
Une exposition de pagnes tissées : «polomati, dissa, kanran yiranmé, misséli yiranmé, dioro yiranmé, kiri yiranmé etc.» et de matériels agricoles: daba, hache, coupe-coupe, etc. a aussi été organisée. Des livres et romans écrits par des chercheurs et écrivains soninkés furent également exposés au public. Ces œuvres parlent en générale de l’historicité des soninkés.
TAPA TOUNKARA, correspondant Soninkara.