Maintenir la paix dans la famille, lutter contre l’impunité et toutes les violences faites aux femmes afin de développer chez les populations les réflexes d’assistance à personne violentée sont les maîtres mots des organisations féminines de Tambacounda réunies au sein du comité régional contre les violences. Devant l’autorité, elles ont décrié l’impunité.
À l’issue d’une marche à travers les artères de Kédougou, un mémorandum a été remis au nouveau préfet, Mamadou Mbodj, qui faisait sa première sortie.
Halte à la violence faite aux femmes, non à la mutilation génitale féminine, halte au viol des jeunes filles, les femmes de Tambacounda unies se dressent contre l’impunité. Non aux mariages précoces, oui à la scolarisation des filles sont, entre autres, les slogans inscrits dans une forêt de pancartes et de banderoles brandies fièrement. En battant le macadam de Kédougou avec des arrêts devant la gendarmerie, au District sanitaire, au Tribunal départemental, à la Mairie et enfin devant le préfet du département, les femmes sont venues de Bakel, Tambacounda et des périmètres bananiers pour se retrouver à Kédougou.
Sous la houlette de « Keoh », association établie à Kédougou, et de l’Association des producteurs de banane de la vallée de la Gambie et de leur partenaire Action aide internationale, il s’agit, selon la présidente du comité régional, Mme Oumou Sakho Diamé, « de rompre la culture du silence du fait des pesanteurs socioculturelles ». Pour elle, « beaucoup d’activités ont été menées pour mettre fin aux violences faites aux jeunes garçons et filles pour la paix dans la maison ». La région de Tambacounda est réputée dans ce cadre. Les cas de viol sont légion à Bakel et à Tambacounda.
D’ailleurs, les femmes se rappellent d’un viol commis et l’auteur élargi par la justice pour déficience mentale. Quelques jours après, il avait recommencé l’acte. Le cas le plus récent, c’est une fille qui cherchait la maison de sa grand-mère à Koussanar. Elle a été traînée par un jeune homme dans la brousse.
La présidente du comité local de Kédougou, Fily Cissokho, a salué les efforts consentis par les pouvoirs publics qui ont ratifié les instruments juridiques, nationaux, régionaux et internationaux et ont fait voter des lois réprimant les violences. Mais, pour elle, les lois sont souvent mal appliquées. C’est pourquoi elle a demandé la mise en place de structures pour accueillir et héberger provisoirement les victimes en situation de détresse, avec à la clé des aides financières et une meilleure prise en charge psychologique, médicale et sociale et en leur facilitant l’accès à la justice. Elle a parlé aussi de l’effort de communication envers le grand public en insistant sur l’importance de la dimension partenariale entre les autorités administratives, politiques judiciaires et les organismes sociaux. À sa suite, Adja Tiguida Cissé a salué la prévention que les femmes mettent en œuvre pour mettre fin aux violences, tout en saluant les efforts et la vision de Me Abdoulaye Wade dans ce cadre.
En recevant le mémorandum, le préfet Mamadou Mbodj a souligné que sa première sortie officielle est consacrée aux femmes dont la promotion est une priorité du chef de l’État. « Le soutien de cette frange de la population est nécessaire pour le développement du pays », a-t-il indiqué. Il a donné une garantie de la diligence qui va être réservée au mémorandum. Pour lui, cette marche pacifique est une démarche citoyenne. Les manifestations de ce genre restent une recommandation forte du chef de l’État qui compte beaucoup sur ces activités pour permettre aux dirigeants de s’imprégner des revendications. Le préfet a noté l’engagement, le degré de conscience, de citoyenneté des femmes de Tambacounda. Malgré la parité déclarée, le préfet s’est interrogé sur les us, coutumes et pratiques modernes qui rangent la femme au second plan. Il a assuré d’être l’avocat des femmes, conformément aux directives du président de la République.
PAPE DEMBA SIDIBÉ, LE SOLEIL