Un monument à son nom sera inauguré ce 20 Janvier 2011. Qui était le tout premier chef d’Etat-Major de l’armée malienne ? Retour sur l’itinéraire d’un homme de poigne qui marqua son temps.
Un geste fort pour marquer le cinquantenaire de l’Armée malienne. Les autorités ont choisi de distinguer un illustre fils du pays, qui, par son engagement personnel, a contribué à la création d’une armée souveraine. Tous ceux qui emprunteront dans quelques mois le 3ème pont de Bamako, passeront à proximité du monument dédié au Général Abdoulaye Soumaré. Un autre vieux de la vieille nous parle de lui. Le directeur du Musée des armées, le colonel Séga Sissoko est un spécialiste du général Abdoulaye Soumaré.
Un geste fort pour marquer le cinquantenaire de l’Armée malienne. Les autorités ont choisi de distinguer un illustre fils du pays, qui, par son engagement personnel, a contribué à la création d’une armée souveraine. Tous ceux qui emprunteront dans quelques mois le 3ème pont de Bamako, passeront à proximité du monument dédié au Général Abdoulaye Soumaré. Un autre vieux de la vieille nous parle de lui. Le directeur du Musée des armées, le colonel Séga Sissoko est un spécialiste du général Abdoulaye Soumaré.
Un officier français nommé Soumaré
Abdoulaye Soumaré est né le 1er octobre 1905 au Sénégal. Ses ancêtres auraient quitté le Gadiaga (village soninké de Kayes) vers la moitié du 19e siècle, entre 1850 et 1860. Incorporé en 1925, il a très vite grimpé les échelons de la hiérarchie militaire. En 1959, il est élevé au grade de colonel de l’armée du Soudan français. Puis advint la Fédération du Mali, pour laquelle il fut nommé chef d’Etat major général de la défense nationale. Quand, à peine quelques mois après sa création, cette fédération explose, le général Soumaré est arrêté et emprisonné par l’Etat sénégalais pour trahison. C’était le 20 août 1960. Le colonel Sissoko explique que cette incarcération ne durera qu’un mois et que le Sénégal qui lui rend sa liberté, le fait extrader en France dont le gouvernement l’isolera à Perpignan. Quelques semaines plus tard, le premier président malien Modibo Keita enverra une correspondance aux les autorités françaises. Il souhaite que le général Soumaré vienne servir l’armée malienne. Au cours de son seul et unique voyage effectué à Paris avec à ses côtés, l’écrivain Seydou Badian Kouyaté, Modibo Keita a demandé l’affectation de l’homme au Mali. Accordé. Le général Abdoulaye Soumaré fut alors affecté comme coopérant militaire de la France auprès du gouvernement du Mali le 23 décembre 1960. Cinq jours après son arrivée au Mali, c'est-à-dire le 28 décembre, le général Soumaré est nommé chef d’Etat-major général des armées, le tout premier du Mali indépendant.
Au service de sa patrie
La France se retrouve devant le fait accompli. Le Mali vient de récupérer un de ses fils, dont il a besoin. « Elle ne s’y attendait pas parce cela ne figurait pas dans les accords signés entre elle et le Mali », nous confie le colonel Séga Sissoko. Nommé dans la foulée Général de brigade, le général Soumaré continue son travail pour organiser l’armée malienne. Il fait appel aux soldats encore en poste en Algérie, afin de former l’armée malienne. Un congrès extraordinaire avait en effet réuni l’ensemble des forces armées et de sécurité du Mali, la société civile, les syndicats de travailleurs, et toutes les classes sociales au lycée technique de Bamako. Le directeur du musée des armées explique que « tous avaient exprimé le souhait de voir une armée et un territoire encadrés et composés exclusivement par des maliens». Tâche à laquelle s’attela le général Soumaré durant son bref mandat à la tête de l’armée. Il mourut en effet le 2 octobre 1964 à Bamako sans parachever son œuvre. Mais tous sont unanime pour reconnaître que, grâce à son patriotisme et à son sens élevé du devoir, le Général Abdoulaye Soumaré a mérité la confiance placée en lui par les pères de l’indépendance. Le colonel Séga Sissoko estime que le général Soumaré est l’artisan de l’armée malienne. « C’est lui qui a mis sur pied notre armée, sans le concours de la puissance colonisatrice française». Du reste, on peut dire qu’il fut irremplaçable, puisque le poste même de chef d’Etat-major général des armées disparaitra avec lui pour ne réapparaître qu’en 1985. Et c’est à ce digne fils, que la Nation rend hommage, en ce 20 janvier 2011.
Un mot sur le Musée des Armées
Le musée des armées de Bamako a été créé en 2005. Et comme tous les musées, il regroupe tout le matériel permettant de retracer l’histoire de l’Armée malienne. Il rassemble notamment les écrits relatifs à la lutte pour la libération des peuples. Les agents du musée des armées se rendent dans toutes les zones du pays où se sont déroulées des batailles de la décolonisation. Ils y collectent des informations et retracent ainsi en détails, les conditions dans lesquelles se sont déroulés les combats. Leurs rapports sont ensuite archivés et ajoutés aux documents écrits par des auteurs et autres spécialistes du domaine qui ont déjà fait des publications. Parmi les ouvrages : « Le royaume du Kènèdougou » du Pr Soumaila Sanogo, « La force du serment » du professeur Drissa Diakité. Le musée dispose aussi d’une galerie de personnages représentant des tirailleurs sénégalais, des résistants à la pénétration française (Amadou de Ségou, Samory Touré, Komidjossé, Basaré Thera, Lamine Thera…), des conquérants français (Faidherbe, Archinard, Gallieni…). Découverte garantie même pour les plus férus d’histoire.
Source : journaldumali.com