« Le fondateur de l’anthropologie économique française. » L’avis des commentateurs, historiens de l’anthropologie et collègues anthropologues est à peu près unanime sur ce point au cours des années 1970-1980, et encore très récemment Francis Dupuy (2001 : 152) dans son manuel le qualifie ainsi. Mais, dans la mesure où aujourd’hui, du moins en France, cette branche de la discipline n’est pas tout à fait assurée de sa légitimité, il faut peut-être regarder ailleurs pour évaluer l’apport considérable, aussi bien théorique que thématique, scientifique que militant, d’animation professionnelle que de direction de recherches, que Claude Meillassoux a assumé jusqu’à la fin de ses jours. L’anthropologue est une personnalité qui a marqué son temps par ses innovations thématiques et analytiques, par ses prises de position parfois un peu abruptes, par son entêtement à défendre sans relâche ce qu’il croyait juste (un concept ou une cause politique) mais aussi par sa chaleur humaine et personnelle et surtout par sa fidélité profonde à un certain nombre d’idées qu’il a conservée contre vents et marées pendant presque un demi-siècle.
Son itinéraire est d’autant plus impressionnant que rien ne semblait prédestiner ce fils d’une des bonnes familles de l’industrie textile de Roubaix (Nord) 1, né le 26 décembre 1925, à devenir l’anthropologue africaniste, marxiste et militant qu’il a été. Envoyé par son père aux États-Unis, il obtient un M. A. d’économie à l’Université du Michigan en 1950 puis devient administrateur dans les services du Plan Marshall avant de travailler avec des experts économiques américains et d’être finalement embauché par une société de marketing et de publicité à Paris. Son opposition de plus en plus forte à son milieu social et professionnel le conduit à fréquenter (assidûment est-il noté dans les rapports d’activité), dès 1956, le séminaire de Georges Balandier à la vie section de l’ephe intitulé « Sociologie de l’Afrique noire ». On peut penser que son passage à l’Institut d’études politiques de Paris l’a conduit à écouter ce dernier qui y assure depuis 1954 un cours d’anthropologie appliquée aux problèmes des pays sous-développés qui s’intitulera plus tard, en 1961, « Les pays en voie de développement : analyse sociologique et politique ». En 1957 on relève sa participation, toujours à la vie section de l’ephe, au séminaire de P. Mercier consacré aux problèmes d’urbanisation de l’Afrique noire 2.
Toujours est-il qu’il se retrouve en pays gouro en Côte-d’Ivoire de juillet 1958 à janvier 1959 et qu’il y réalise l’enquête ethnologique de terrain qui fondera ses réflexions théoriques et sa réputation anthropologique 3. Il est d’abord chef de travaux à la vie section de l’ephe au début des années 1960 puis il entre comme chargé de recherches au cnrs en 1964. En 1967, il remplace Jean Rouch à la direction de la Recherche coopérative sur programme (rcp) 11 du cnrs puis dirige l’Équipe de recherche (er) « Systèmes économiques africains » en 1969 4. Au cours des années 1980 il co-dirige l’er 225 « Sociétés rurales et politiques de développement » et devient directeur de recherche. En 1984 il se voit attribuer la médaille d’argent du cnrs. Enfin, en 1986, il met en place le Groupement de recherche (gdr) 846 « Afrique australe » qui, sous d’autres appellations et d’autres directions (J. Copans et D. Darbon) dans les années 1990, fonctionnera jusqu’en 1998. Mais il ne dirigera jamais de grande unité de recherche en tant que telle et ne sera pas affilié au Centre d’Études africaines de G. Balandier.
En fait son influence est plus celle d’un maître à penser ou plutôt à faire penser. Il anime dès 1971 un séminaire de la vie section de l’ephe (qui devient l’ehess en 1975) d’où sortiront les ouvrages et les réflexions sur l’esclavage (Meillassoux 1975a), la guerre (Bazin & Terray 1982) mais aussi le primitivisme anthropologique (Amselle 1979). Plus tard, au cours des années 1980 et 1990, c’est plutôt la formule des colloques qui lui permet de co-organiser des débats sur les dynamiques démographiques de l’évolution sociale (Gendreau et al. 1991 ; Chasteland et al. 1993), la nature du système de l’apartheid (Meillassoux 1991) ou encore le travail des enfants (Schlemmer 1996).
Même si Claude Meillassoux apparaît un peu comme un solitaire institutionnel et comme un anthropologue peu sensible aux évolutions de sa discipline, tant à l’échelle internationale que française 5, il reste avant tout un animateur scientifique, un débatteur hors pair, un directeur de conscience théorique 6 et surtout un auteur prolifique, très lu et très traduit 7. Le premier bilan bibliographique établi par B. Schlemmer enregistre plus de 250 références et sa bibliographie de base comporterait, après un choix cornélien, neuf ouvrages en nom propre, une dizaine d’éditions ou de co-directions d’ouvrages et une dizaine d’articles absolument incontournables. Il faut dire que dès son premier article, paru en 1960 dans les Cahiers d’Études africaines, sa réputation est faite (Meillassoux 1960). La parution de l’ouvrage tiré de sa thèse, L’Anthropologie économique des Gouro de Côte-d’Ivoire, achevé en 1962 et publié en 1964, confirme sa réputation et son influence (Meillassoux 1964).
Après la Côte-d’Ivoire, Claude Meillassoux se tourne vers le Mali et la population soninke sur laquelle il publie l’essentiel de ses études documentaires et de terrain 8. À la suite d’une sollicitation américaine, il étudie les associations urbaines volontaires de Bamako mais cette étude reste la seule attachée à un thème non rural dans sa production (Meillassoux 1968). La « découverte » du commerce précolonial chez le Gouro le conduit à mettre en lumière cette dynamique économique de sociétés qui peuvent être d’auto-subsistance sans être autarciques (Meillassoux 1971). S’impose par conséquent l’étude anthropologique et historique de sociétés hiérarchisées, militaristes et esclavagistes. Deux domaines, qui vont se transformer en concepts avec le temps, concentrent ses écrits : la communauté domestique (dont il fera d’ailleurs un mode de production) et l’esclavage africain qui mobilisera son énergie pendant une bonne partie de sa carrière.
Mais Claude Meillassoux, sous son apparence de marxiste atypique bien anti-impérialiste, adopte toujours une perspective anthropologique globalisante fondée sur une typologie ou une évolution des sociétés qui vont des sociétés cynégétiques les plus simples (comme les Pygmées ou les Inuits) jusqu’aux formes les plus internationales du capitalisme moderne. Ses exemples empiriques restent en nombre très restreint et, malgré ses incursions sur le continent américain (Inuit et Inka), son horizon reste essentiellement africain et africaniste. La plupart de ses réflexions méthodologiques ou disciplinaires portent d’ailleurs sur l’ethnologie africaine et le développement du continent noir.
Quant à ses interventions militantes il en est de même. Une de ses initiatives les plus connues est celle de ses contributions pratiques et éditoriales à la création du Comité information Sahel en 1973 et à l’ouvrage qui en est issu, Qui se nourrit de la famine en Afrique ? 9. C’est d’ailleurs lui qui avait trouvé ce titre car il avait un talent certain pour trouver des formules ou remettre au goût du jour anthropologique des termes ou des expressions un peu désuètes 10. Il interviendra à de nombreuses reprises pour la défense des travailleurs immigrés, mais son incursion dans le domaine de la démocratisation et de la mobilisation politique oppositionnelle au sein des régimes autoritaires africains ne reflète pas vraiment les analyses et débats en cours dans les études africanistes des années 1990 (Meillassoux 1996).
C’est au milieu des années 1970 qu’il synthétise le plus clairement ses principes théoriques. En 1975, paraît en effet son ouvrage fondamental, Femmes, greniers et capitaux, qui examine d’une part les logiques du mode de production domestique et de l’autre les effets de sa surexploitation par le système impérialiste (Meillassoux 1975b). De l’aveu même de son éditeur, F. Maspero, l’ouvrage est un best-seller et comportera plusieurs rééditions à l’époque. Cet ouvrage ne fait que poursuivre et développer les idées pionnières de l’article de 1960 et de leur explicitation dans Anthropologie économique des Gouro. La relecture de ces textes par les autres anthropologues marxistes français leur ont assigné une qualité quasiment biblique. Le commentaire le plus fameux, et qui à lui seul symbolise cette réception des idées de Meillassoux, est celui de E. Terray (1969) qui constitue l’un des deux textes de Le marxisme devant les sociétés « primitives » : « Le matérialisme historique devant les sociétés segmentaires et lignagères ». Cette réinterprétation althusserienne confirme, malgré les désaccords mis à jour, la portée historique de l’intrusion du marxisme de Meillassoux dans l’anthropologie 11.
La communauté domestique, selon C. Meillassoux, est le premier mode de production qui assure, au sein même de la mécanique des rapports de production, la dialectique de la reproduction sociale (et par-là même démographique) d’une société humaine 12. C’est cette vertu que les modes de production ultérieurs, et notamment le mode capitaliste, utiliseront à leur propre profit, en exploitant en quelque sorte deux fois (en surexploitant) la force de travail originaire de la communauté domestique. Un débat secondaire s’enclenchera sur la réalité de l’existence ou non de classes sociales dans ce mode de production. Meillassoux refuse ce radicalisme mais G. Dupré et P.-P. Rey (1969) en feront le principe d’une nouvelle conception du marxisme.
Ces débats ne semblent le toucher qu’épidermiquement 13 : son intérêt profond tant au plan historique, empirique que théorique, le porte vers l’esclavage et c’est autour de ce type de société qu’il construit les analyses les plus détaillées et les plus nombreuses. Le séminaire et le recueil de 1975, la dizaine d’articles ou de notes publiés entre 1970 et 1986, date de la parution de Anthropologie de l’esclavage, en sont une preuve tangible. Mais Meillassoux refuse de construire une théorie des systèmes esclavagistes y compris modernes 14 et on s’aperçoit, en lisant son dernier grand ouvrage qui porte sur la parenté, Mythes et limites de l’anthropologie (2001), que la construction des stades ou types de société s’attarde longuement sur « la société aristocratique et la dynastie (ou la subjugation des êtres) » (70 pages) et aborde en détail « la royauté inka » (100 pages) mais que l’esclavage reste en retrait 15.
Nous savions depuis longtemps que l’anthropologue plaçait de fait la parenté au cœur de ses préoccupations : l’article de 1960, Femmes, greniers et capitaux, même Anthropologie de l’esclavage sans parler du recueil L’économie de la vie (1997a) rentrent dans la rubrique « Anthropologie de la parenté ». Mais le processus de dé-nomination de la parenté, commencé partiellement par procuration avec l’ouvrage de C. Geffray (1990), Ni père ni mère 16, s’est poursuivi avec plus d’intensité pour culminer dans la première partie de l’ouvrage évoqué ci-dessus, « Le sang et les mots » (Les sous-parties sont intitulées « Critique de la consanguinité et Nommer à bon escient ») : « Je voudrais montrer que l’affirmation du caractère social de la parenté en ethnologie est restée conventionnelle et sans portée scientifique. Elle ne s’est pas accompagnée, en effet, de la critique de la notion de consanguinité qui conserve, théoriquement et dans la pratique de terrain, le statut implicite de substrat des rapports de parenté. Occupant par “la force de l’évidence” (Héritier 1981 : 17) cette position infrastructurelle, la notion pseudo-biologique de consanguinité a bloqué les perspectives de découverte de ce qui pourrait être l’infrastructure réelle de cette institution » (2001 : 14).
Mais si Claude Meillassoux est à la recherche des origines de toute société et de toutes les sociétés, il est également par sa fibre de révolté face à l’injustice et de militant anti-impérialiste l’anthropologue qui annonce la fin de l’humanité. La seconde partie et la conclusion de Femmes, greniers et capitaux, certains des textes réunis dans Économie de la vie ou les articles repris dans la quatrième partie « Sur et sous-développement » de Anthropologie de salon (2005b) 17, la fameuse introduction (très théorique) de Qui se nourrit de la famine en Afrique ? (cis 1974 : 15-37) ou encore les articles et ouvrages consacrés à l’apartheid sud-africain sont autant de textes face auxquels le lecteur (occidental, intellectuel ou tout simplement petit-bourgeois européen ou africain) de Claude Meillassoux devrait ressentir comme un sentiment d’angoisse, voire de terreur, face au monde capitaliste d’aujourd’hui que l’on pourrait résumer par le titre du film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now 18. Le capitalisme entre exploitation (et préservation relative) de la communauté domestique et surexploitation de ceux qui n’appartiennent ni à cette communauté ni aux classes ouvrières protégées de la reproduction capitaliste finit par détruire les conditions physiologiques non seulement de la reproduction démographique mais de l’existence physique même des populations : « [...] menée à son terme, l’exploitation totalitaire de l’homme par l’homme condamne avec lui l’humanité tout entière. La crise fatale et finale du capitalisme que certains attendent comme une délivrance nous entraînera vers cette barbarie que Marx avait prédite comme alternative au socialisme… barbarie préfigurée par l’univers nazi et réactivée par la bourgeoisie internationale [...] » (1975b : 213).
Y répond en écho plus de quinze ans plus tard le constat que « Le contrôle de la démographie des peuples exploités par des moyens démographiques (contrôle des naissances, stérilisation, etc.) a échoué. Une forme de contrôle par la faim, la maladie et la mort, plus efficace et cruelle, s’établit sous prétexte de “rationalité économique” et “d’ajustement structurel” : la leçon de Malthus a été entendue » (1991a : 32). Enfin le travail des enfants l’a conduit à enfoncer encore plus loin le couteau dans la plaie : « L’action en faveur des enfants exploités n’est pas qu’humanitaire, bien que cette intention suffirait largement à la justifier. Il faut aussi être conscient que le destin des enfants au travail est le “raccourci” tragique et la préfiguration du sort qu’attend ceux que le capitalisme rejette comme improductifs [...] le travail mortifère des enfants se situe au côté des massacres, des famines, des guerres et des épidémies qui marquent notre temps et qui frappent les populations les plus fragilisées dans le monde entier. Nous n’avons pas le droit d’ignorer cette résurgence des exterminations d’hier [...] » (1997b : 98).
La violence des propos explique que la question de l’engagement du chercheur, et notamment de l’ethnologue, est soulevée de manière récurrente, dans ses écrits bien sûr mais aussi dans sa vie et sa carrière. Il compare les tâches des ethnologues et des développeurs (et leur position face aux paysans), il reste sceptique quant à l’action des ong, il propose des programmes de recherche aux chercheurs, il nous invite enfin tous à un combat civique 19.
Sans partager forcément ces convictions et ces analyses, que ce soit par l’admiration du disciple, par la raison de l’anthropologue (marxiste ?) ou encore par l’engagement d’un « défenseur » africaniste des populations africaines maltraitées par plusieurs siècles de violences et d’exploitations, d’origine aussi bien intérieure qu’extérieure, le lecteur de ces lignes devra méditer avec recueillement l’écho de ces prises de position. L’anthropologie ne change pas le passé et ne prévoit pas l’avenir mais elle peut signifier que nous pouvons et devons comprendre le monde dans lequel nous vivons. Elle peut même nous aider à vivre si nous aidons aussi les autres à vivre et surtout à survivre. C’est déjà, Claude Meillassoux n’en doutait pas un instant, une raison pour lui de vivre (et non simplement de survivre), encore et toujours, dans notre mémoire.
Université René Descartes-Paris V
Œuvres de Claude Meillassoux
1960 « Essai d’interprétation du phénomène économique dans les sociétés traditionnelles d’auto-subsistance », Cahiers d’Études africaines, 4 : 38-67.
1964 Anthropologie économique des Gouro de Côte-d’Ivoire. De l’économie de subsistance à l’agriculture commerciale, Paris, Mouton.
1968 Urbanization of an African Community : Voluntary Associations in Bamako, American Ethnological Society, Monograph 45, Seattle, University of Washington Press.
1971 (dir.) L’évolution du commerce africain depuis le xixe siècle en Afrique de l’Ouest, Oxford, Oxford University Press.
1975a (17 études présentées par) L’esclavage en Afrique précoloniale, Paris, F. Maspero.
1975b Femmes, greniers et capitaux, Paris, F. Maspero.
1977 Terrains et théories, Paris, Éditions Anthropos.
1979 (avec I. Diener et B. Lachartre) Apartheid, malnutrition et pauvreté, Rome, fao.
1986 Anthropologie de l’esclavage, le ventre de fer et d’argent, Paris, puf.
1990 (avec C. Messiant) Génie social et manipulation culturelle en Afrique du Sud, Paris, Arcantère.
1991a « La leçon de Malthus : le contrôle démographique par la faim », in F. Gendreau et al., op. cit. : 15-32.
1991b « À bas le développement », Cahiers des Sciences humaines (orstom), Numéro hors série, Trente ans : 77-80.
1996 « Fausses identités et démocraties d’avenir », Sociétés africaines, 1 : 41-69.
1997a L’économie de la vie, Lausanne, Éditions Page deux.
1997b « Jusqu’à ce que tes dents poussent… », Recherches internationales, 50 : 89-98.
2001 Mythes et limites de l’anthropologie. Le sang et les mots, Lausanne, Éditions Page deux.
2005a Anthropologie de case, Paris, Karthala (à paraître).
2005b Anthropologie de salon, Paris, Karthala (à paraître).
Notes
1 Les frères Meillassoux, des teinturiers, s’allient économiquement et matrimonialement au cours de la seconde moitié du xixe siècle à la famille des industriels Motte qui deviendra l’une des plus grandes familles de l’industrie textile du Nord.
2 Ces informations et celles qui suivent proviennent du Répertoire de l’ethnologie française de G. Gaillard (1990 : 192, 213). Dans l’avant-propos de Mythes et limites de l’anthropologie, il note : « Étant entré dans la profession tardivement et n’ayant pas été élevé dans le sérail [...] » (Meillassoux 2001 : 8).
3 Cela dit il ne retournera pas sur son terrain originel et sa thèse reste son seul texte sur ce groupe ethnique (l’article des Cahiers d’Études africaines de 1963 est extrait de la thèse). Pour une bibliographie à peu près complète des œuvres de l’anthropologue (mais qui s’arrête en 1996) il faut se reporter à l’ouvrage d’hommage dirigé par B. Schlemmer (1998 : 397-408).
4 4. On trouvera le projet de cette recherche, qui date initialement de 1963, suivi d’un débat avec notamment P. Naville, P. Rolle & V. Isambert dans Meillassoux (1977 : 69-100). J.-L. Amselle a participé à ces premiers programmes.
5 La fin de la domination des grands courants théorico-idéologiques (structuralisme et marxisme) dans les années 1980, le développement des courants post (post-moderne, post-colonial) ou globalisants au cours des vingt dernières années, les débats entre historiographie et anthropologie ou encore l’anthropologie des pratiques de terrain sont des domaines qui l’interpellent fort peu sinon pas du tout.
6 Citons notamment Christian Geffray (1990) ou Jean-Luc Paul (2004) pour la parenté. Voir la préface de Meillassoux dans ce dernier ouvrage où il rend aussi hommage à C. Geffray.
7 En neuf langues dont le japonais et le vietnamien dans quinze pays.
8 Ce sont surtout des articles. Certains seront réunis dans un ouvrage à paraître, Anthropologie de case (Meillassoux 2005a).
9 L’ouvrage est entièrement anonyme ce qui n’empêchera pas quelques répressions individuelles. Meillassoux et moi-même en sommes les éditeurs réels (Comité information Sahel 1974).
10 Il suffit de lire l’index de Mythes et limites de l’anthropologie pour les repérer.
11 Voir le recueil pédagogique réalisé sous la direction de F. Pouillon (1976) ainsi que la livraison de la revue Dialectiques (no 21, 1977) qui réunit des textes de tous les protagonistes de ces discussions. On peut se reporter également à l’anthologie de langue anglaise réalisée par D. Seddon (1978) dont l’introduction est rédigée par ce dernier et moi-même.
12 « Un cycle toujours renouvelé d’avances et de restitutions de subsistances » (1977 : 325). Cela le conduira à évoquer Les structures alimentaires de la parenté (1975b : 82-96).
13 Une des preuves en est son relatif silence empirique, au-delà de ses réponses aux polémiques dont il est l’objet, sur ce type de sociétés : il s’attarde plus sur celles qui les précèdent ou lui succèdent. Voir toutefois ses commentaires sur les conditions d’écriture et de réception de ses textes dans le recueil Terrains et théories (1977).
14 Sur ce point on lira les analyses de Y. Moulier Boutang (1998).
15 Il est vrai que les rapports entre parenté et esclavagisme ont été abordés longuement dans le livre de 1986.
16 Voir les pages 35-37 et notamment la note 2 qui explique que « [...] le point de vue sur les faits de parenté adopté ici est le fruit d’un travail collectif [...] au point qu’il est parfois difficile de faire le départ entre ce qui revient à chacun ». Remarquons toutefois que ce commentaire est en note et non dans l’avant-propos.
17 Le salon c’est, au sens ancien du terme, le cabinet ou le bureau et la bibliothèque de chez soi.
18 Inspiré de la fameuse nouvelle « africaniste » de J. Conrad, Au cœur des ténèbres, qui se déroule dans le Congo belge colonial.
19 « Le développement, c’est aujourd’hui, pour nous chercheurs, avant tout un combat civique contre la criminalité sous toutes ses formes institutionnelles, rationnelles et économiques, parce que c’est NOTRE terrain, c’est-à-dire là où NOTRE responsabilité est la plus directement engagée » (1993 : 80).
Pour citer cet article
Jean Copans, Claude Meillassoux (1925-2005), Cahiers d'études africaines,
http://etudesafricaines.revues.org/document4887.html