BA MADI-KAAMA NI KO ? (Qui est le Père Madi Kaama ?)
C’est ce travail de « Témoin » (seedana) que nous tentons de prolonger ici et que nous souhaiterions voir vivement prolongé par d’autres, en particulier les jeunes Soninké.
Ba Madi-Kaama (BMK) serait né à Turuuru (selon un faisceau de présomptions…dans les années 1850), fils de Kaama Gaye Kanouté de Tuururu et de Sumiina Dado-Teme Siisaaxo de Xurute, il serait mort à Tiisi-Gonsoyi vers la fin des années 1920 lors d’une visite de courtoisie chez son ami Moodi-Mulle.
Il était de taille légèrement supérieure à la moyenne, de corpulence moyenne, marchant pieds nus et nasillant un peu. Il épousa trois femmes et eut six filles. On ne lui connaît pas actuellement de descendance mâle.
Il voyagea dans plusieurs régions soninké et au-delà dans le Mali le Sénégal et la Mauritanie. La situation troublée des régions soninké à la fin du XIX è Siècle l’y obligea un peu comme la majorité de ses contemporains : les Soninké étant en guerre à la fois contre les armées coloniales françaises et les troupes africaines d’Ahmadou, deux ennemis qui, eux-mêmes se battaient entre eux et souvent contre les Bambara ( …)
De condition « esclave », on discute encore de son origine noble. Homme simple, toujours jovial et boute-en-train de la jeunesse soninké, il était d’une grande probité morale et était toujours soucieux de la vérité et de la justice. Mais ce qui fonde sa sagesse infinie et qui nous le fait comparer ici aux plus grands philosophes de l’humanité, c’est sa capacité d’écoute et de distanciation par rapport à sa propre parole et à celle des autres, dans le seul souci de dire vrai et juste afin d’éviter autant que possible toute erreur d’appréciation et d’évaluation du réel.
C’est pourquoi BMK était considéré comme un signe, une étoile (nanma saane), un soninka-woli (clairvoyant), un soninka xanne wurugan daana a do a woyindana (l’homme qui sème langue soninké à tout vent pour la faire germer et apprécier partout et par tous).
Il a appris, disent les témoins en écoutant les anciens (ganinko), car la connaissance des généalogies et de certaines traditions nécessite une initiation et beaucoup de travail de mémorisation faute de pouvoir consigner le savoir par écrit.
Dans un souci de facilitation, nous avons subdivisé son œuvre en différents thèmes tout en sachant que ceux-ci sont difficilement classifiables et séparables.
Enfin, nous avons transcrit intégralement le travail de Fily Dabo Cissoko sur BMK avec le regret de ne pas avoir pu mettre la main sur les documents primaires soninké traduits en français qui lui auraient servi de support.
Nous avons fourni quelques documents supplémentaires dont l’un est recueilli lors d’un des concours organisés par l’association Madi-Kaama Musundo en 1997.
Bonne lecture à tous et à toutes.
Yaya SY
Source de l'image d'illustration: Le Taalinkitaabe.