BAMAKO (AFP) — Présenté comme une première en Afrique, un "centre d'information et de gestion des migrations" (Cigem) a été inauguré lundi à Bamako pour tenter de gérer les flux migratoires entre le continent africain et l'Europe.
"Il faut pouvoir organiser les migrations, qui sont un phénomène naturel. L'immigration illégale est un rêve fou, un eldorado qui n'existe plus", a déclaré le ministre français de l'immigration Brice Hortefeux, dont le pays préside actuellement l'Union européenne.
"La politique française, européenne de l'immigration ne se fera jamais contre l'Afrique, jamais, mais toujours avec l'Afrique", a-t-il affirmé en présence du président malien Amadou Toumani Touré et du commissaire européen au développement Louis Michel.
Le centre doit permettre d'informer les migrants potentiels vers l'Europe mais aussi ceux qui reviennent dans leur pays d'origine. La Commission européenne financera le fonctionnement et les actions du Cigem à hauteur de 10 millions d'euros pour les cinq prochaines années.
"Brice, franchement, quand ton ministère a été créée, nous avions des inquiétudes à causes des commentaires qu'on entendait. Maintenant, nous sommes rassurés", a déclaré le chef de l'Etat malien, qui a tutoyé dans son discours MM. Hortefeux et Michel.
"Disons les choses clairement, le tout sécuritaire n'est pas réaliste et le tout humanitaire impossible. Le véritable problème, c'est de trouver du travail aux jeunes", a insisté le président malien.
Dans l'assistance, Mamadou, un ancien "sans-papiers" malien expulsé il y a cinq ans de France, a également apprécié le discours du responsable français: "J'aime ce discours. Voilà comment il faut voir les choses".
"En tout cas, ce Brice Hortefeux me plaît beaucoup. S'il veut, nous pouvons l'aider pour que nos amis qui galèrent en France, ou en Europe, sans papiers, reviennent pour trouver du travail ici", a-t-il indiqué à l'AFP.
Pour un autre ancien "sans-papiers" présent à la cérémonie, un Sénégalais, "construire un bâtiment comme cela, ça veut dire que l'Europe et l'Afrique sont d'accord qu'on doit penser à nous". "Le ministre français m'a convaincu. Ce n'est plus notre ennemi", a-t-il assuré.
Quelque 4 millions de Maliens vivent à l'étranger, essentiellement en Afrique (Côte d'Ivoire, Sénégal...) et quelque 200.000 en Europe.
L'argent des Maliens de l'extérieur représente 10% du PIB de ce pays en grande partie désertique, classé parmi les plus pauvres du monde mais bénéficiant d'une image positive auprès de la communauté internationale en raison de sa stabilité et de ses institutions démocratiques.
La communauté malienne en France, ancienne puissance coloniale, totalise 120.000 personnes, dont 45.000 en situation régulière, généralement dans des emplois peu qualifiés. Un accord de "gestion concertée des flux migratoires" est toujours en cours de négociation entre Paris et Bamako.
"Ce centre traduit une conception +positivante+ de l'émigration", a pour sa part souligné le commissaire européen. "C'est un pont qui unit l'Afrique à l'Europe et qui devrait éviter que débarquent des pirogues avec pour conséquence des milliers de morts", a ajouté M. Michel.
Après de difficiles négociations, les pays européens ont donné début juillet à Cannes (France) leur accord politique unanime au pacte européen pour l'immigration et l'asile, priorité de la présidence française. Ce texte tend à durcir la politique européenne sur l'immigration.
Les chefs d'Etat et de gouvernement doivent formellement l'approuver lors de leur sommet des 15 et 16 octobre.
Source : AFP