A cette époque, le copain avait droit à l'affection, aux caresses et petites embrassades de la jeune fille; tandis qu'il n'était même pas permis au fiancé de celle-ci de lui adresser la parole. Plus encore, la fiancée se devait de se cacher dès qu'il s'approchait d'un lieu ou elle se trouvait elle-même.
Les circonstances ainsi créées s'opposaient à l'existence de la moindre estime de la part du fiancé envers le copain. La situation qu'ils connaissaient était d'autant plus pénible que très souvent il s'agissait de cousins. Même s'ils n'étaient pas directement apparentés, le village était tout de même très petit. Parfois cette jalousie se transformait en une haine qui ne s'éteindrait jamais entre les deux hommes.
La vie au Birou cessait avec la guérison complète de tous. Le Baâo établissait, alors, un calendrier fixant la date de la fin du Birou. Le jour où celui-ci se terminait était, tout à la fois, un jour de joie et de tristesse. Ce sera un jour de joie car il donnera lieu à des réjouissances. Ce jour-là, il sera aussi permis aux initiés de s'emparer de tout ce qu'ils trouveront dans les rues ou même dans les maisons moutons, cabris, poulets, etc... pour se régaler de leur chair. Ce sera aussi un jour de tristesse car les initiés devront chanter des poèmes dont l'origine s'est perdue. Peut-être avaient-ils été composés par les anciens Soninkés ? Ces poèmes préviennent les garçons que la vie d'homme qui les attend ne sera pas toujours facile. Les paroles disent également que beaucoup. d'entre eux qui ont connu le Birou ensemble ne connaîtront pas forcément tous le mariage. Le destin se fera différent pour chacun d'eux : certains auront la vie facile, d'autres plus dure. Certains vivront longtemps, d'autres mourront dans leur jeune âge. La chanson remplit les yeux de larmes, assombrit les coeurs et les esprits. En l'entendant, les jeunes imagineront cet avenir qui est dépeint d'une manière douceamère; alors que les vieux se souviendront de tous les événements de leur vie déjà bien avancée.
Ces derniers penseront à ceux qui ne sont plus et avec lesquels, un jour, ils avaient chanté cette même chanson. Ils reverront ces compagnons morts en Europe, pendant la guerre, ou tués dans les lointaines contrées d'Afrique où ils commerçaient. Sans songer uniquement aux disparus, ils évoqueront aussi ces hommes devenus infirmes à la suite d'une maladie tropicale qui n'avait pu être convenablement soignée.
Ainsi cette dernière journée du Birou sera-t-elle empreinte de mélancolie, d'appréhension et mouillée de larmes du souvenir. Cette fois, surtout, les femmes ne seront plus les seules à les verser.
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1. Le chef du village
2. La danse des héros
3. Protecteur des initiés contre les sorciers et démons.
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