Notre objectif dans cette réflexion n’est nullement de brosser un tableau exhaustif, complet du sujet en question. Il s’agit ici, tout simplement, de donner une idée, un aperçu sur la manière dont nous, les Soninké de la Mauritanie, du Sénégal et du Mali, concevons la place occupée par le kagume (chef de la maison), sa place dans les affaires sociales du debe (village) ou du diamane (empire).
La société soninké est en effet l’une des sociétés les plus structurées de l’Ouest africaine. Depuis l’empire du Ghana, les Soninké ont un respect scrupuleux de l’ordre social régissant les relations entre les différentes composantes de la communauté. De fait, en milieu soninké traditionnel et moderne, l’autorité s’exerce à trois niveaux :
1. au niveau de l’empire, au temps de l’empire du Ghana, par le Tunka (roi) ;
2. au niveau du village par le debegume (chef de village) ;
3. au niveau du Ka (maison) par le kagume (chef de la maison).
Des ces trois types d’autorités en milieu soninké, seul le troisième retient ici notre attention. Dans la société soninké traditionnelle et moderne, le terme kagume a plusieurs acceptions. Il désigne tantôt : le chef, le maître du ka ; tantôt il signifie : l’aîné généalogique d’une famille, d’une concession ou bien de la famille étendue (parents, cousins et cousines, tantes paternelles et maternelles…) Le kagume, au sens social du terme, est l’autorité suprême de la famille, de même que le chef du debe (village) est l’autorité du village et le roi celle du diamane (empire). Il a droit au respect et à l’obéissance de tous les membres de la famille. Il représente la famille dans ses rapports avec les autres familles du debe. Il revient à lui de mener les discussions dans les différends qui les opposent. A l’époque des grands empires soninké du Moyen âge et de la colonisation européenne en Afrique au sud et au nord du Sahara, c’est le kagume qui était chargé de payer les impôts, de recevoir les convocations au chef- lieu. En milieu soninké, l’autorité du kagume est strictement voire unanimement reconnue par la coutume. Dans la plupart des cas, il s’en sert pour faire valoir la conclusion des mariages, le fait de quitter la concession pour un long voyage ou pour s’établir ailleurs.
Soumare Zakaria Demba