En France un rapport conclut que la polygamie est « destructrice pour les femmes et les enfants» qui la subissent. Ces derniers ne peuvent bénéficier de l'éducation qu'ils devraient recevoir, ils sont très tôt privés de leur futur et ils n'ont que peu de chance de vivre une vie normale. Ces victimes n'ont pas choisi ce destin, mais il s'impose à eux sous les formes les plus dures : inégalité dans le mariage et soumission pour les femmes, renoncement aux droits fondamentaux à l'intimité, privation d'une éducation digne de ce nom, misère matérielle, peur du lendemain. Son auteur Sonia Imloul, notamment responsable d'une association de prévention de la délinquance, critique « l'absence de données fiables » sur la polygamie. Il y aurait entre 30 000 et 50 000 familles polygames en France, selon Sonia Imloul responsable de l'association «Respect 93 » en région parisienne et ancienne membre du Conseil économique et social. Interdite en France depuis la loi de 1993 dans le cadre des regoupements familiaux, la polygamie est pourtant encore pratiquée essentiellement par des familles originaires d'Afrique noire. L'origine du mot est à chercher dans le grec ancien: de poly(plusieurs) et gamos (mariage). Dans les sociétés où la polygamie est reconnue(50 pays environs) un homme peut épouser plusieurs femmes. Le phénomène semble être (aussi vieux que l'histoire de l'humanité)soulignait la Commission consultative des Droits de l'homme dans son rapport sur le sujet en 2006, qui citait parmi les causes probables et antiques la volonté d'une descendance nombreuse et la nécessité de composer(à l'époque)avec une forte mortalité des femmes et des enfants en bas âge. Souvent considérée comme une fatalité les autorités publiques ont du mal à la combattre. Elle suscite les pires fantasmes dans l'opinion. Pour Sonia Imloul, il est urgent de lever le tabou et de dénoncer le caractère dévastateur de la polygamie sur les femmes et surtout sur les enfants. Dans ce rapport, l'auteure avance aussi des mesures, notamment pour relancer la politique de décohabitation des co-épouses afin de leur permettre d'aller vivre ailleurs avec leurs enfants ainsi que l'obtention d'un titre de séjour.
Ces situations sont connues des associations qui cherchent des solutions individuelles pour les femmes courageuses qui font le choix de décohabiter. Mais les travailleurs sociaux sont souvent dépourvus d'outils efficaces pour accompagner les femmes qui viennent vers eux. Ainsi la loi de 1993 sur l'interdiction des regroupements familiaux en cas de polygamie peut-elle être contournée dans l'indifférence générale. Sonia Imloul demande également la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur le sujet.
Auteur: BBC Afrique