Nos négresses Blanches : Crise d'identité ou Révolution Esthétique ? La Nature ne rime t-elle avec la beauté ?
La dépigmentation est un véritable phénomène de société. Elle s'étale comme la toile d'araignée mondiale. Les fabricants des produits soient d'origines pharmaceutique ou cosmétique, profitent le maximum possible en mettant en place des politiques commerciales dynamiques. Les laboratoires qui fabriquent ces produits ne sauraient-ils pas, qu'en outre des vertus de soins dermatologiques, que leurs produits sont utilisés à des fins contre-indiquées
Si c'est monnaie courante de voir une bonne dame changer de voiles, de boubous indigo et d'humeur, il n'est pas du moins pour le teint. Elles allouent un budget conséquent par rapport à leur revenu pour s'éclaircir. Certaines moins fortunées ou appartenant à une famille où la dépigmentation reste un sujet tabou, n'hésiteraient pas à grignoter la "Dépense Quotidienne" pour se procurer d'un lait, d'un savon ou d'une crème, du fait que ces produits se vendent aussi dans les lieux où elles font leur marché.
Par le passé, seules parmi quelques rares "Mourabitates" noires que l'on trouvait, des maîtresses dans l'art de changer de "couleur". Mais au fur et à mesure on a vu ce phénomène de société qu'est la dépigmentation toucher toutes les composantes de "Mourabitates". Les "Bidaniyates" qui, avant se contentaient des bains Hammam et des voiles " Nileu", le helwa et à la limite le "Poudar Aleyatt" pour prendre soin de leur corps et de leur teint, se blanchir d'avantage par l'utilisation des produits de dépigmentation. Tous les prétextes sont là pour contourner le sujet : corriger les tâches, lutter contre les boutons, soigner les dermatoses. Sont rares les intéressées qui reconnaissent publiquement qu'elles portent un teint artificiel, certaines d'entre elles vont jusqu'à oser affirmer qu'elles n'utilisent aucun produits de dépigmentation, c'est leur teint naturel. "Malou El véavi" !
Au moment où les fameuses Laobés du pays de Gorgui, réputées consommatrices aguerries de corticoïdes et d'hydroquinone et ce depuis les années 70, adhèrent à la nouvelle mode " Naturel ". Elle consiste à préserver leur teint tel quel. Et c'est d'ailleurs d'où vient le mot wolof "Khessal" qui veut dire "Dépigmentation". Les "Mourabitates" connectées sur la mode sénégalaise via la télévision, devraient sans tarder se lancer dans ce sens.
Le teint est certes un élément déterminant de la beauté mais pas un tout, me précise une spécialiste de la place. Au fait, tous les teints se valent, au point de vue charme, il suffit tout simplement de le mettre en valeur ou de le traiter, en cas de maladie, pour atteindre les résultats escomptés, poursuit la spécialiste, mais pas au point d'abuser de l'utilisation de certains produits destinés aux soins dermatologiques pour au bout du compte voir sa peau et son teint se dégrader.
La dépigmentation, un business florissant
Cela est un enseignement bien entendu à tirer par les fabricants des produits cosmétiques face aux "Labos" qui leur raflent une part du marché de la "beauté" qui n'est pas globalement leur domaine. Face à cette situation, les fabricants de cosmétique plagient les formules chimiques "magiques" en les colorant d'arômes cachant l'odeur fade et le tout bien enveloppé dans des emballages conçues par d'habiles designers portant un nom de rêve. La concurrence ne dit pas son nom, mais elle n'est pas loin de là.
Rien qu'en léchant les vitrines des boutiques de cosmétiques à Nouakchott qu'elle soit haut de gamme ou bon marché, on se rend compte très vite à quel point les produits "blanchissants" y sont représentés. Ils occupent une part de choix dans le marché de la "beauté" : Néprosone, Civic, dermalux des produits à base d'hydroquinone, il y'a aussi les dermovate et movate venant d'Italie à base de corticoïdes, j'en passe. La quasi-totalité des gammes de savon, lait et crème les plus convoitées ont des vertus éclaircissantes. L'éventail de ces produits est varié, suivant le prix, la marque mais surtout l'efficacité. Allant des produis provenant des Etats-Unis ou de l'Europe, passant par les produits fabriquées en Afrique précisément au Nigéria, en Côte d'Ivoire, au Sénégal etc. et enfin les plus dangereux : des produits fabriqués artisanalement à base d'Asepo ou tout simplement des produits destinés à défriser les cheveux les plus crépus ou des shampoings. Certaines d'entre elles n'hésiteraient pas à s'appliquer une solution d'huile de palme et d'eau de javel : des moyens en somme, à la portée des maigres bourses, mais dans ces cas, l'opération d'embellissement peut tourner au vinaigre.
La forte vente des produits pharmaceutiques utilisés pour la dépigmentation, a fait déborder cette catégorie de médicament des rayons de pharmacie pour se retrouver dans le circuit du marché informel et le commerce des produits cosmétiques.
A plusieurs reprises les autorités de Nouakchott, ont tenté en vain de mettre en place des stratégies répressives face à la prolifération des produits pharmaceutiques. Celle-ci occasionne la vente d'un produit dangereux par des incompétents qui ne soucient pas des indications, contre-indication et période de validité d'utilisation. Mais l'arbre du marché Capitale qui cache la forêt et d'autres points de vente abritent toujours ces vendeurs non avertis de miracles.
Crise d'identité ou Révolution Esthétique ?
A vrai dire, une question a toujours sauté à l'œil face à ce problème de dépigmentation à savoir si certains se verraient mal dans leur peau. Envoyé Spécial avait déferlé la chronique en diffusant via une chaîne française un numéro intitulé Les "Négresses Blanches" du Sénégal. Ce reportage a été d'une réussite exemplaire non seulement montrant le train-train des femmes s'adonnant à cet exercice fastidieuse de dépigmentation. Mais ce reportage a su montrer la face cachée de l'Iceberg à savoir la question de la crise identitaire, qui avait provoqué un scandale, comme si un "complexe d'infériorité" se promenait quelque part dans la tête certains. Thèse que réfutent catégoriquement les défenseurs de la dépigmentation. Ils répliquent en donnant l'exemple du bronzage chez les blancs, qui présentait aussi certains aspects de similitude avec la dépigmentation, certains n'hésitant à s'appliquer des produits qui pouvaient présenter des dangers.
Originalité
L'explosion de la dépigmentation date aux alentours de l'époque de la deuxième guerre mondiale. Des yankees basés en Asie du Sud l'avaient découvert chez des femmes Asiatiques qui utilisaient un produit pour rendre leur teint plus laiteux et clair. Ils les rapportèrent en guise de proie de guerre dans leur sac à dos pour leurs épouses en quête de nouveautés cosmétiques.
L'affaire a vite tourné à l'échelle industrielle pour donner les produits appelés "lightening".
Même si la dépigmentation reste en général une affaire de femme en Mauritanie même si nous notons quelques cas dans la communauté gays les "Goor Jigen" et chez des jeunes garçons dits "Branchés" , espérons pas qu'il n'atteigne le voltage de la République Démocratique du Congo où c'est une monnaie courante de voir les hommes aussi s'éclaircir la peau.
En ces temps de révolution de beauté et d'élégance, la chirurgie esthétique aussi se frotte les mains étales toutes les prouesses et fantaisies possibles, des produits anti-rides aux lifting, piercing et même des opérations chirurgicales de grandes envergures.Toujours dans le même registre on a vu la dépigmentation se moderniser avec des pratiques moins fastidieuses telles que l'injection ou le produit nommé communément 72 heures qui peuvent éclaircir le sujet en trois jours seulement, mais gare aux effets secondaires. Et les "Nouvelles Technologies de Beauté et d'élégance artificielles "deviennent de plus en plus accessibles. Michael Jackson et sa sœur Janette étaient l'un des pionniers et cobayes phares qui ont amplement fait la publicité. On a comme l'impression que la beauté rime de plus en plus avec métamorphose, transmutation, changement voir "dénaturalisation". Dans les sphères de la jet-set, on peut toujours accuser son teint de non attrayant pour capter les ondes d'un nouveau mari, d'un emploi. Un nez écrasé peut être fatal, dans le show-biz, pour être au top des hit parades. Réajuster ses seins ou se faire des muscles artificiels à Hollywood est un must.
On a finit par classer à tort ou à raison la dépigmentation dans le registre des "Nouvelles Technologies de Beauté et d'élégance artificielles ".
Maxou
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