Mohamedy "Mams" Yaffa est le co-réalisateur du film "Au Bled". Ce film retrace le parcours de Massiga, Lamine, et Maciré, jeunes français issus de l'immigration. Trois jeunes qui pour des raisons diverses sont renvoyés au Mali. Sur place, tout est remis en question : leur identité de "Francos" et leurs projets d'avenir… " Mams " nous en dit davantage…
Mamadou Yatera (MY) : Mam's, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Mam's : Je suis un jeune réalisateur franco-africain, qui gère une boite de production, " Esprit d'ébène ". Je suis également actif dans le milieu associatif, notamment dans le cadre du co-développement. Je participe aussi à la mise en place de projets de formation (Vidéo, réalisation…)
MY : Qu'est-ce qui t'a amené à réaliser un film sur ce sujet ?
Mam's : Je connaissais beaucoup de jeunes renvoyés par leurs parents au pays, le Mali, le Sénégal, ou encore la Mauritanie. L'idée était de montrer les conditions dans lesquelles se déroulait ce grand changement pour ces jeunes. Comprendre le processus d'accueil sur place…. Certains parents décident de les renvoyer parce qu'ils sont confrontés à des difficultés qu'ils n'arrivent pas à gérer, comme la délinquance, l'échec scolaire et tout ce qui en découle. C'est aussi une manière pour les parents de protéger leurs enfants….
MY : Pour quelle raison as-tu décidé de donner la parole aux jeunes ?
Mam's : On voulait laisser les jeunes s'exprimer sur ce qu'ils ont vécu et sur leurs projets d'avenir. Mais le film ne prend pas parti pour les enfants ou pour les parents, il s'interroge sur ce phénomène.
MY : A quelles difficultés sont confrontés ces jeunes à leur arrivée à Kayes ?
Mam's : Ils sont confrontés à la chaleur, aux mauvaises conditions sanitaires, au paludisme… Souvent ils ne sont pas préparés à ce départ et les conséquences sur leur santé peuvent être dramatiques. On peut aussi ajouter le choc émotionnel, les problèmes d'adaptation à une autre mentalité…
MY : Comment sont-ils perçus là-bas par leur famille, par la société malienne?
Mam's : On les considère parfois comme " des gosses mal élevés ", on leur fait comprendre qu'ils viennent de l'extérieur, qu'ils sont les petits français. Alors forcément, ils ont du mal à s'intégrer.
MY : Tu as suivi ces jeunes depuis la sortie du film. Quel est leur parcours aujourd'hui ?
Mam's : C'est très difficile à dire… Pour certains, c'est un tremplin, un nouveau départ. Massiga, la jeune fille du film, a eu son baccalauréat et suit aujourd'hui une formation en école de journalisme à Bamako. Mamadou est intérimaire dans le Val de Marne, et Lamine galère de son côté, il n'a pas d'emploi, sa situation n'évolue guère.
MY : Que t'a apporté la réalisation de ce film ?
Mam's : La satisfaction d'avoir accompli un devoir. Celui d'informer ma communauté sur les problèmes qu'elle rencontre avec sa jeunesse, surtout celle née en France. C'est ma contribution pour faire avancer le débat dans toute la communauté… Mais le film pose surtout une question fondamentale : " Est-ce que la société française joue son rôle à fond pour aider ces jeunes ? Pourquoi l'Afrique se retrouve à gérer ces jeunes en difficultés ? "
MY : Que conseilles-tu à tous ceux qui n'ont pas encore vu le film ?
Mam's : Il faut vraiment le voir. " Au bled " est idéal pour ceux qui se posent des questions sur leur vie d'enfant d'immigré. Il propose des réponses à certaines questions de société, à certaines questions existentielles.
MY : Merci Mams !
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Article soumis et Propos recueillis par Mamadou W. Yatera
Contact: Mams Yaffa
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