Kébé Culture : Une manifestation pour Kébémer
Le quotidien Walfadjiri du samedi 11 mars 2006 en sa page Culture publie une excellente interview du président du comité d’organisation de ce qu’il est convenu d’appeler Kébé Culture. Du 24 au 26 mars 2006 Kébémer sera le point de convergence d’un aréopage d’hommes de culture à l‘occasion de l’organisation dans cette ville de Kébé Culture.
Si ma mémoire est fidèle, Kébè Santé avait précédé Kébé culture et se voulait une manifestation s’inscrivant dans une politique dite de santé pour tous.
Avant de livrer les quelques réflexions que m’inspire le prochain festival de Kébémer, je voudrais, au nom d’une complicité de nom, féliciter les organisateurs de ses différentes manifestations- toutes tendances confondues.
Ayant moi même vécu dans le coeur du cayor entre Pire Gourèye, Ngaye Mékhé et Tivaouane, je sais le rôle important que Kébémer a joué dans l’histoire de cette partie du Sénégal.
Mais puisqu’il s’agit d’une oeuvre de culture, donc qui fait appel nécessairement à la réflexion, il importe de davantage fouiller dans l’histoire pour mieux situer la relation que Kébémer, par son fondateur Moussa Kébé, entretiendrait avec le pays Soninké.
Bien que je ne sois pas historien, le fait que mon grand père paternel vient de Bakel m’a amené par une sorte de curiosité intellectuelle, à faire des recherches pour être édifié sur les origines du fondateur de Kébémer.
Les informations glanées ça et là et essentiellement tirées de nos traditions orales m’ont conduit à conclure que le fondateur de Kébémer viendrait du pays Soninké à la recherche d’un espace propice à sa méditation pour mieux conforter son rapport à Dieu.
Toujours, d’après la tradition orale, cet homme de Dieu aurait élu domicile en un endroit autre que celui qui fixe présentement les limites de Kébémer. Pour des raisons liées à une cohabition difficile avec ses hôtes, l’homme de Dieu qui était à la recherche d’un lieu plus calme, dut se résigner à quitter sa première terre d’accueil pour fonder la ville de Kébémer.
Cette thèse dont la dimension scientifique vaut ce qu’elle vaut est une manière d’interpeller les historiens pour poursuivre les recherches car, s’il existait un lien entre Kébémer implanté dans le coeur du Cayor (le pays de Lat Dior Ngoné Latyr) et Bakel, (le pays de Amadou Lamine Dramé, Fodea Samba Kébé), ce serait une belle illustration de cette civilisation de symbiose dont aimait parler Léopold Sédar Senghor. C’est cela qui fait du Sénégal un pays où les guerres inter ethniques sont impensables.
Je sais par ailleurs que nombreux sont en milieu lébou, notamment à Bargny et Cambérène des Kébé qui se disent lébou.
La relation de ces derniers avec Bakel gagnerait à être mieux cernée, non pour les sortir de leur “lébouité” mais pour leur permettre de mieux connaître leurs origines. Faisant appel de nouveau à Senghor, il s’agit pour ceux là de s’enraciner pour mieux s’ouvrir.
Gageons que Kébé-Culture, après Kébé-Santé, sera notamment suivi de Kébé-Paix. Ainsi, la ville natale du président Wade prouvera à la face du monde que les distinctions collectionnées par son fils depuis son accession à la tête du pays, loin d’être de complaisance, trouveraient leur explication dans les traditions d’un terroir qui a vu naître des hommes qui étaient plus des hommes de refus que des hommes belliqueux. C’est à dire des hommes qui savaient se battre quand il le fallait mais qui savaient aussi dialoguer quand le contexte le justifiait.
Pour terminer, je souhaite plein succès aux organisateurs de Kébé-Culture. Le dernier terme de ce magnifique binôme étant pour citer encore Senghor “ au début et à la fin du développement.
El Hadji Babacar Kébé
Source : Le Soleil : Quotidien d'information du sénégal
http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=9207