Comme le disait un sociologue français : « Il n'est aucun problème humain qui ne puisse trouver sa solution, puisque cette solution est en nous. » Il devient alors intéressant d’explorer les voies et moyens pour trouver des solutions au célibat des jeunes Soninkés. C’est aux parents et aux jeunes de trouver des compromis pour infléchir la courbe. Il est de coutume qu’on lance des débats intéressants pour faire évoluer les mentalités soninkés. Seulement, la plupart du temps, ces discussions restent stériles car nous préconisons rarement des solutions. Ainsi, nos auditeurs de l’émission « Leminaxu Bera » de Soninkara.com Web Radio furent invités à venir prodiguer de sages conseils pour favoriser le mariage dans notre société. Avant tout, nous avions pris le soin de circonscrire le débat sur les solutions pour ne pas revenir sur les causes de ce phénomène. Nous avions également appeler nos auditeurs à dépassionner le débat pour faire jaillir la lumière.
De prime abord, il faut savoir qu’il existe une multitude de solutions pour infléchir la courbe du célibat chez les Soninkés. Donc, l’idée n’est pas de citer de manière linéaire d’éventuelles solutions mais de s’intéresser aux véritables points d’achoppement afin d’y remédier.
La racine du mal est la hiérarchisation sociale de la société soninké. Il est vrai que le problème de castes n’est pas une tare de la seule société soninké. Plusieurs ethnies d’Afrique sont également concernées par les catégorisations sociales de même que les sociétés arabes et européennes. Le nœud de la guerre se situe à ce niveau-là. Nombres de jeunes expliquent leur condition de célibataire par le refus des parents de les marier à un homme ou une femme de caste diffèrent. Nous identifions là l’un des véritables « tue mariage ». Donc combattre ces catégorisations sociales est une des conditions essentielles pour donner un coup de pouce à l’union des jeunes soninkés.
Dans un premier temps, il est du devoir des érudits soninkés de « disséquer » les textes religieux en traitant objectivement la question. Mention spéciale aux prêcheurs progressistes comme M. Madiakho Tandjigora et M. Almamy Baradji qui éclairent sans relâche la lanterne des soninkés sur l’épineuse question des « hiérarchies sociales ». Dans la même veine, on peut aussi saluer le travail de l’association soninkara.com qui avait organisé un thé-débat sur la question.
Les nombreuses conférences de ces érudits cités ci-dessus sur la question du mariage ont permis de planter le décor et de décloisonner le débat. Toutefois, la question ne doit plus être traitée entre les 4 murs d’une mosquée ou d’un gymnase, très souvent-même en l’absence des principaux concernés ( Jeunes filles et garçons). Comme le prophète Mohamed (PSL) avait porté la parole divine aux 4 coins du monde, nos oulémas Soninkés ne doivent plus « ânonner » sur la question des hiérarchies sociales. Aujourd’hui, le flou reste toujours entier. Des écoles s’entredéchirent sur la question en se basant sur leurs propres interprétations des versets coraniques.Une chose est sûre, si dans le coran, plusieurs sourates traitent la question de l’esclavage, aucune ne fait allusion aux autres organisations sociales affectant une telle ou telle personne dans un caste du fait de son métier ( Forgerons, Cordonniers, griots). Il s’agit là de corporations de métier tout simplement. De plus, il faut souligner que plusieurs familles sont devenues «Komé» (esclave) ou «Niakhamala» ( corporation des forgerons, cordonniers, griots…) au gré de leurs pérégrinations. En fuyant des guerres, des persécutions, des familles furent réduites à l’esclavage dans leurs terres d’accueil. C’est le cas également des familles qui pratiquaient un métier manuel en s’implantant dans de nouveaux villages. Elles sont versées dans tel ou tel caste par la seule volonté de leurs accueillants. L’option d’affranchissement évoquée dans le livre saint semble caduque de nos jours parce que même affranchis, beaucoup de gens leur refusent leur nouveau « statut » aux « affranchis ». C’est ainsi que dans une même famille, on peut trouver des frères « Hoore » (noble), des frères «Komé», etc. Paradoxalement, ces frères de même lignée selon que la société les a catégorisés dans tel ou tel caste se refusent mutuellement le mariage. C’est dire qu’il s’agit plus d’une question d’image que de conviction. Le regard des gens fait que des parents, progressistes dans l’ombre, continuent à obéir à ces logiques d'antan. En effet, quand un père de famille refuse cette catégorisation sociale en mariant sa fille à un homme de caste different, il est automatiquement « boycotté » par sa propre famille. Les sanctions sont irréversibles. Les autres membres de sa famille à savoir ses frères et ses soeurs refuseront catégoriquement de marier leurs enfants à ceux de leur frère « rebelle ». Toute sa descendance sera frappée par les mêmes sanctions. Un «bric -à- brac» sans nom qui disloque des familles entières. C’est ce qui explique pourquoi plusieurs pères de famille refusent de franchir le pas. Il devient urgent de mettre en place une société soninké progressiste qui relègue au second plan ces hiérarchies sociales pour donner plus de choix aux jeunes soninkés.
De plus, la noblesse dont beaucoup se vantent aujourd’hui est à remettre dans son contexte. La noblesse ne s’acquiert pas par un nom de famille ou par le fait « d’être fils de ». Est noble celui qui a un comportement digne de ce nom et exempt de tout reproche. La noblesse est une somme de valeurs morales que l’on peut retrouver chez chaque individu. Elle a rien à voir avec un nom de famille quelconque. Beaucoup de jeunes se targuent d’être « nobles » alors que leur comportement au quotidien est aux antipodes de la noblesse. L’adage soninké dit : « Tu peux hériter du visage de ton père sans son comportement ». A titre d’exemple : « Un fils de Marabout qui ne connait rien au Coran et autres livres théologiques ne peut s’enorgueillir devant un fils de « Komé » qui maitrise la science islamique»… C’est suicidaire !
Lors des demandes en mariage, les principales questions ne doivent plus être « Est ce un noble ou un esclave ? » mais « Est-il pieux ? », « Est-il bien éduqué ? », « Est-il travailleur ? ». Des questions plus importantes pour l’équilibre du futur couple. Les jeunes doivent aussi « évoluer » dans leurs mentalités. Beaucoup vantent leurs noms de famille et revendiquent leur « titre de noblesse » dans une France que l’on taxe de raciste. Cela devient « insensé ». On indexe souvent la mentalité rétrograde des parents quand on évoque la question des hiérarchies sociales mais force est de constater que beaucoup de jeunes sont fortement attachés à ces catégorisations sociales. Il n’est pas rare d’entendre « T’es Hoore ou Komé ?» de la bouche de jeunes nés et grandis en France. Beaucoup ont subi un « formatage » sans précédent et ne se gênent pas de jeter à la figure de leurs interlocuteurs leur condition de « Komé » ou de « Niakhamala ». C’est ainsi que l’on voit de plus en plus de jeunes cherchant à se marier préciser leur catégorie sociale dans leurs annonces sur les réseaux sociaux. N’est ce pas incroyable !
L’union fait la force. Encore faut-il que tous les jeunes tirent dans le même sens !
Parallèlement à ce combat, les Soninkes doivent cesser de s’agripper à leurs contrées d’origine lors des demandes en mariage. Imposer à son fils de ramener absolument une fille « GUIDIMAKHANKE » ou « une MALIENNE » à la maison réduit son champ de recherche. On est Soninke avant d’être «Hayranké», «Gajaganke», «Kaartanke» , «Khaniaganké ». On est Soninke avant d’être Malien, Mauritanien, Sénégalais ou Gambien. Il ne sert à rien de se vanter d’être fondateur du plus grand empire du monde « Ghana » si l’on met encore et toujours en avant nos nationalités. Il ne sert plus à grand chose d’évoquer « Wagadou » si on continue de se refuser le mariage à cause de nos pays d’origine. Nous ne vaudrons pas mieux que « Les PEN » si l’on continue de s’agripper à nos terroirs d’origine. Les mentalités doivent évoluer. Comme le dit l’adage : « Proche voisin vaut mieux que frère lointain ». En France ou aux USA, nos pays d’origine n’ont plus de sens. Nos contrées d’origine n’ont plus de sens. Nous devenons simplement des « Soninkes de la diaspora ». Dans les foyers d’immigrés, dans la même chambre, on trouvera un Soninke de Bakel ( Sénégal ) et un Soninke de Tambakhara ( Village Malien). On a la chance de croiser plusieurs soninkés de diverses contrées. C’est une richesse qui doit nous servir et non nous desservir. Ne laissons pas des considérations « égoïstes » et « rétrogrades » creuser un fossé entre nous. Quand Mamédy a coupé la tête du serpent, il l’a fait pour libérer toutes les filles Soninkes du Wagadu. Donc, ouvrons les portes de nos maisons ! Favorisons encore plus l’intégration entre soninkés comme nous le faisons dans les associations soninkés. Quand nous prenons soninkara.com, on y trouve les Soninkes de plusieurs pays et de plusieurs contrées. Filles comme garçons se respectent et travaillent main dans la main. C’est une chance inouïe. Il faut l’exploiter à fond dans le cadre de nos mariages.
Comme solution, nous pouvons également appeler les jeunes à s’imprégner des vraies valeurs du « Soninkaxu » ( Etre Soninke). Là, il s’agit d’évoquer l’épineuse question des mariages blédards et filles de la diaspora. Ce qui devait être la solution idéale est devenue un véritable problème. Donner en mariage une fille de la diaspora à un homme du pays est plein d’enseignements. C’est permettre à la fille de baigner dans la culture d’origine. Le « blédard » est censé lui apprendre nos us et coutumes, la religion et même dans certains cas la langue. Une chance également pour la progéniture. Mieux, par ce mariage, on espère ramifier encore plus les liens familiaux entre les deux univers. D’un autre coté, comme enseignement, la fille de france est censée aider ce « soninke » du bled à s’intégrer dans le pays d’accueil. Elle sera sa « boussole ». Ainsi, chacun permettra à l’autre d’apprendre de nouveaux codes sociaux qui leur seront nécessaires pour leur développement personnel. Donc, il devient urgent que les deux univers s’accordent leurs violons. Il faut faire renaître la confiance pour favoriser le mariage entre eux.
Le « blédard » qu’il soit « sans papier » ou pas ne doit plus voir cette fille qui l’intéresse comme une « proie » mais plutôt comme une « soeur ». Tout ce qu’il n’aimerait pas qu’un homme X fasse avec sa propre soeur, il ne doit se le permettre avec cette fille. L’humain doit passer avant les intérêts crypto-personnels. L’opportunisme doit laisser la place à la sincérité. Les mariages éclairs n’arrangent nullement la société soninké. Cela entache des réputations des uns et des autres et ferme des portes aux générations suivantes. Pourquoi, les filles de la diaspora prennent leurs jambes à leur coup dès qu’on leur propose un prétendant « sans papier » ? C’est certainement à cause des mauvaises expériences de leurs ainées.
Du coté des filles, il faut également mettre un peu d’eau dans le « Sangoumé » (jus hibiscus). Ne voyez plus chaque demande en mariage d’un « blédard » comme une tentative d’extorsion de « papiers » ! Il convient de séparer le bon grain de l’ivraie comme le dit l’adage. C’est une erreur monumentale de mettre tous les "sans papiers" voire simplement les "blédards" dans le même sac ! De même, les petites soeurs ne doivent plus justifier leur refus par les expériences de leurs ainées. C’est une fausse excuse. Il faut étudier chaque demande avec sérieux et intérêt. A défaut, on risque de se mordre la main car on risque d'être invité au mariage de ce même "blédard" avec une cousine ou une amie.
Du coté des « Doumam’s » ( Mamadou en verlan pour dire les jeunes hommes nés en france), un travail est également à faire par les parents pour les inciter au mariage. Il faut les faire sortir de leurs « terriers maternels ». Couper le cordon ombilical très tôt pour les confronter à la vraie vie. Chez les Soninkés, par « vraie vie », il faut comprendre « se responsabiliser », « fonder une famille » et « enfiler un boubou de chef de famille ». Beaucoup se sentent tellement à l’aise dans les « cocons maternels » que leur parler de mariage s’apparente à du « guet àpens ». Il convient alors de les sensibiliser sur le mariage et ses bienfaits. Ce qui nous amène à dire que les parents ont un rôle très important à jouer pour favoriser le mariage. Le mariage est tout un processus qu’il faudra expliquer aux jeunes… Quand on se marie, on signe un pacte pour la vie. Il convient alors de bien choisir celui ou celle qui partagera sa vie pour l’éternité. Donc, une femme à marier ne se trouve pas dans les « bars » à chichas ou dans les boites de nuit. Il faut retourner aux fondamentaux. Tout est à étudier : cadre familial, fréquentations, éducation, comportements… C’est aux parents de mener cette sensibilisation pour que les choix de leurs fils ou filles soient à peu près conformes à leurs « attentes ». Cela évitera des guerres interminables et des reniements. On en revient à l’éducation de base. Les parents doivent éduquer leurs enfants selon les règles du "Soninkaxu" afin qu’ils soient de « bons candidats » au mariage. C’est un travail en amont de longue haleine.
En dernier lieu, nous évoquons une « solution » toute simple : « provoquer les mariages ». Si les mariages « arrangés » furent décriés par les jeunes eu égard des échecs des uns et des autres, il convient de réhabiliter cette option. Néanmoins, il conviendra de laisser toujours le choix aux principaux concernés et ne pas les contraindre à l’union forcée. Par mariage arrangé, nous parlons des « coups de pouce » de proches, de voisins et de parents. Il s’agit là de jouer les V.R.P du mariage pour les siens. Chaque soninké doit être le nouvel ambassadeur de ses soeurs, de ses cousines, de ses frères. Chacun, à son niveau, peut jouer sa partition pour trouver la perle rare à sa cousine, à sa soeur… D’entrée, on aura la latitude de mettre les poins sur les I et les barre sur les T. Qui présentera un « connard » ou « une fille de moeurs légères » à sa cousine ou à son cousin ? J’ose dire personne. Donc, on aura enlever plusieurs épines aux pieds de nos proches pour éviter les « mauvais casting ».
Il faut ajouter à ses solutions l’organisation d’un « speed dating à la soninké » où les candidats seront triés au volet. Cela passe nécessairement par des enquêtes de moralité sur les éventuels candidats afin de séparer le bon grain de l’ivraie. Dans plusieurs mosquées d’Ile de France, cela se fait sous d’autres formes. Mais, beaucoup de jeunes Sonikés voient cela comme un ultime recours. D’autres préfèrent investir des pages Facebook pour trouver chaussure à leur pied. L’option d’un « speed dating » à la soninké devient de plus en plus crédible.
Pour notre cas, il ne s’agit point de regrouper une flopée d’opportunistes et de « viveurs » à la quête de « guinguettes » mais de jeunes soninkés de bonnes moeurs et bien éduqués prêts à se marier. En amont, il sera nécessaire de faire passer tout ce beau monde par des stages pour leur apprendre des valeurs qui soutiennent la vie de couple. Ainsi, nos érudits pourront venir en renfort pour dessiner les contours de telles rencontres, en petits comités, respectant certains règles. Par la même occasion, on minimisera les chances de divorce car le mariage n’est pas une chemise que l’on porte quand on a envie et qu’on jette dès la moindre bouffée de chaleur.
Samba Fodé KOITA dit Makalou, Soninkara.com