Les propos acerbes, menaces et autres affrontements entre militants en cette période pré-électorale font craindre le pire pour le Sénégal.
C'est la raison qui a poussé le Collectif des chefs religieux et intellectuels pour la promotion de la paix, de la stabilité et de la concorde nationale (Ccrip) à appeler'tout le peuple sénégalais, particulièrement à la classe politique pour une campagne électorale civilisée et une élection libre, démocratique et transparente'. Le Ccrip initié par Serigne Abdoul Aziz Sy Junior porte-parole de du khalife général des Tidianes et l'archevêque de Dakar Mgr Adrien Sarr, évoque, dans un document qu'il vient de rendre public, 'la recrudescence de la violence verbale et la tension sans cesse grandissante constatée en cette deuxième semaine de campagne électorale'. Cette structure dirigée par Serigne Moustapha Cissé lance, ainsi, un appel aux enfants, aux femmes, aux militaires, aux mediats et journalistes, à l'Etat, aux leaders politiques, candidats aux élections présidentielle et législatives, et à tout le peuple.
A la classe politique, le Ccrip rappelle qu'il'incombe à la majorité présidentielle et donc à l'Etat d'assumer sa fonction régalienne et de veiller à la stricte application de la loi sans parti-pris et de protéger l'intégrité physique et morale des citoyens'. L'Etat, souligne le document du Ccrip, 'doit permettre à l'Administration et à la Cena en cette période électorale d'organiser un scrutin libre, transparent et démocratique et à la justice d'en légitimer librement les résultats'.
Quant aux candidats à la présidentielle comme aux législatives, principaux acteurs du jeu politique, le Ccrip fait remarquer, 'qu'ils ne sont pas des ennemis, que le peuple n'est pas leur otage que leurs partisans ne sont pas des troupes de combat et que le maintien de l'ordre est du ressort de l'Etat et pas celui des milices privées'.
L'attitude des médiats et des journalistes est, également, au centre des proccupations des chefs religieux des médiats et des journalistes. Ainsi, le Ccrip relève 'les difficultés des médias d'Etat à trouver un équilibre entre le statut de service public, le rôle d'outil de communication du gouvernement et la nécessité d'une certaine équidistance entre les partis, les intérêts et les communautés'. Non sans saluer le rôle de la presse privée. Mais, constatent les chefs religieux s'adressant aux uns et aux autres : 'A vous lire ou à vous écouter (...), le Sénégalais lambda n'aurait aujourd'hui aucun motif de satisfaction, aucune perspective d'avenir, le champ politique et social est un terrain permanent d'affrontement et d'invectives et l'économie, un champ de ruines ou au contraire, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes'. Le Ccrip exhorte donc les journalistes à 'dire tout ce qui se passe, rien que ce qui se passe et de garder à l'esprit que vos libres commentaires et analyses nous seront d'autant plus utiles qu'ils seront séparés des faits'.
Les chefs religieux de rappeller que si le Sénégal est un pays de foi et de liberté, 'aucune liberté, pas même celle de prier ne peut s'exprimer sereinement dans une atmosphère de violence et de peur'. D'où, selon eux, 'l'urgence de rappeler aux Sénégalais que les libertés n'ont pas de sens en dehors du caractère sacré de la personne humaine, de la légalité constitutionnelle, et de la paix'.
Georges Nesta Diop
Source : Wal Fadjri (Dakar)