En prévision de la manifestation qui aura lieu samedi à Paris, Jean-Pierre Alaux, porte-parole du collectif "Unis contre l'immigration jetable" (Ucij) et membre du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), revient sur ses revendications et fustige l'actuelle politique d'immigration du gouvernement.
Vous appelez à manifester samedi: quelles sont vos revendications?
Le Gisti et plus généralement l'Ucij, considérent que la politique d'immigration choisie pratiquée par la France, depuis 2003, est discriminatoire et constitue la base d'une xénophobie d'Etat et de gouvernement. Cette politique met en péril non seulement les droits des étrangers mais aussi ceux des Français qui soutiennent des immigrés sans papiers ou qui veulent accueillir des étrangers.
La France serait donc en train de devenir un Etat xénophobe?
Le terme xénophobe est sans doute simplificateur. Les critères de sélection des immigrés ne sont pas seulement de l'ordre de la nationalité. Il y a un aspect économique qui est très important. Je crois qu'on peut parler de "prolétarophobie".
Mais la politique française d'immigration dépend en grande partie des directives européennes...
Effectivement, les grandes lignes de la politique d'immigration sont européennes et il est essentiel de réfléchir aujourd'hui à des solutions comme l'asile communautaire. Il faut se souvenir du Livre Vert de 2005 qui posait les bases de l'immigration choisie. Il y a, sur le sol européen, des étrangers dont l'Europe n'a pas besoin. Mais ces étrangers ont, eux, besoin de l'Europe. En les expulsant, on tourne le dos à toutes les dispositions prises après-guerre, à la Conventions des droits de l'homme et aux droits de l'enfant. Rappelons que les demandes d'asile de mineurs ont augmenté de 25 à 30% ces dernières années!
Vous associez-vous à la mobilisation qui a eu lieu aujourd'hui devant la préfecture de Nanterre, contre la politique qui y est pratiquée pour les expulsions?
Le Gisti a été interpellé par des Collectifs de sans papiers qui ont dénombré plus de 200 arrestations dans cette préfecture. Nous soutenons la lutte contre ces convocations pièges, qui empêchent le retour à la légalité des immigrés. Je suis en train de travailler sur le cas d'un Gambien qui est en France depuis 18 ans. S'il veut obtenir une carte de séjour, la loi lui impose de se présenter en personne à la préfecture. Aujourd'hui, il risque d'y être arrêté.
Vous attendez-vous à une importante mobilisation, samedi ?
Je reçois des signes qui me font penser que la mobilisation devrait être plus importante que d'habitude. L'abus du gouvernement, et l'usage d'un vocabulaire toujours plus dur fait que certaines personnes, qui jusque-là restaient indifférentes au problème, se mobilisent à nos côtés. J'ai été frappé par les soutiens que nous avons reçus. Pour la première fois, des collectifs de jeunes, lycéens, étudiants mais aussi jeunes ouviers se sont réunis et appellent aussi à manifester samedi.
Source : www.lexpress.fr