Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi 05 avril 2008 en France à l'appel de plusieurs collectifs, de l'extrême-gauche et de la CGT pour protester contre la politique d'immigration du gouvernement et réclamer la régularisation des sans-papiers.
A Paris, entre 15 et 20.000 personnes, selon les organisateurs, 4.200 selon la police, ont défilé de la place d'Italie jusqu'au boulevard Raspail, à proximité du ministère de l'Immigration, pour dénoncer "la xénophobie d'Etat qui tue" et réclamer la régularisation des dizaines de milliers de travailleurs sans-papiers.
On estime généralement entre 200.000 et 400.000 le nombre de travailleurs sans-papiers en France.
La mort d'un sans-papier malien, âgé de 29 ans, qui s'était jeté dans la Marne, le 04/04/2008, en essayant de fuir un contrôle de police, était dans tous les esprits.
Avaient pris place en tête du cortège parisien, les dirigeants du Collectif Uni(e)s contre une immigation jetable (Ucij), du Réseau Education Sans Frontières (RESF), ainsi qu'Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière, Olivier Besancenot de la LCR, Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef et Nicole Borvo, sénatrice PCF.
Jean-Pierre Dubois, président de la LDH (Ligue des Droits de l'Homme) a dénoncé "le climat de peur que fait régner la politique du gouvernement sur tous les étrangers et leur entourage".
"La France doit faire ce qu'ont fait d'autres pays: régulariser les travailleurs sans-papiers. Il faut en finir avec ce climat de peur qui pousse des gens vers la mort", a-t-il ajouté. Il a évoqué le cas d'une femme chinoise morte, l'an dernier, dans le quartier parisien de Belleville en se jetant par la fenêtre, car elle se croyait poursuivie par la police et celui d'un jeune kenyan, John Maina, débouté de sa demande d'asile, qui s'est suicidé en février à Meudon (Hauts-de-Seine).
Arlette Laguiller a dénoncé "la démagogie d'un gouvernement qui flatte la partie la plus réactionnaire de l'opinion" et a fait valoir que "la régularisation des sans-papiers en Italie n'avait créé aucun appel d'air".
Dans le cortège étaient présents de très nombreux militants de RESF et de la CGT qui soutient, dans de nombreuses entreprises, les travailleurs sans papiers.
Pour sa part, dans un communiqué, le PS a dénoncé le "climat de terreur" que fait selon lui régner le gouvernement envers les sans-papiers, en pratiquant "une absurde politique du chiffre".
Vendredi, Pierre Henry (France Terre d'Asile) avait appelé "solennellement" le gouvernement à un "moratoire" sur les mesures d'éloignement.
Sous une pluie fine, les manifestants, ont crié "j'y suis, j'y reste, je ne partirai pas!", "sans-papiers en danger", "on s'en fout, on est chez nous!"
Il y a eu également en province plusieurs défilés. Le plus important a eu lieu à Lyon où 1.550 à 2.000 personnes ont manifesté pour protester contre la politique d'immigration du gouvernement et pour réclamer la régularisation des sans-papiers.
A Marseille, plusieurs centaines de personnes (500 selon la police, 1.500 selon les organisateurs) ont aussi défilé contre la politique de l'"immigration jetable" du gouvernement.
A Toulouse, ce sont quelque 400 personnes qui ont défilé ainsi que 450 à Metz, 150 à Thionville (Moselle) et plusieurs dizaines à Angers.
Source: AFP