Par Christophe Z. GUILMOTO.
La peine qu’éprouvent les observateurs à conceptualiser une démographie africaine dont la fécondité ne semble guère vouloir s’infléchir nous contraint à faire du simple constat -la croissance rapide - la définition d’un systbme démographique complexe, hétérogène et en transformation. En l’absence de changement significatif des régimes de fécondité, cette croissance rapide ne peut se démarquer régionalement que sous l’action de la mortalité- en zones urbaines - ou des courants migratoires. La vallée du fleuve Sénégal offre sur ce dernier point un champ d’étude remarquable en raison d’un régime démographique spécifique, caractérisé par de très forts courants d’émigration propres à ralentir fortement la progression de la population régionale.
De plus, les facteurs exogènes des systèmes démographiques de l’Afrique sub-saharienne qui sont le plus évoqués dans l’interprétation des tendances démographiques trahissent depuis les années 1980 des signes d’évolution souvent inquiétants (crise de l’économie urbaine et de l’agriculture commerciale, expansion del ’épidémie du SIDA...). Sur ce point, la région du fleuve se démarque des tendances globales puisqu’en dépit des menaces réelles liées aux transformations climatiques, elle connaît aujourd’hui l’amorce d’un formidable développement de son potentiel agricole, qui pourrait à terme entraîner un retournement des tendances démographiques.