La mort est l'occasion pour le clan affecté de compter ses amis, ses alliés et aussi ses adversaires. Elle est, par les lamentations des pleureuses, l'occasion de magnifier la vie du défunt. En pays soninké, on ne meurt pas anonymement.
À l'agonie, le mourant est couché sur son côté droit, la tête tournée vers le sud et le visage vers l'Est. Une fois qu'il a rendu l’âme, les femmes de la concession commencent des lamentations suffisamment fort pour se faire entendre. En des temps où la valeur guerrière était une référence sociale, plusieurs coups de fusil étaient tirés.
Dès que la concession est avisée du décès et s'en lamente, le marabout en est à son tour informé. Un premier bain mortuaire à l'eau chaude on le nomme en soninké « eaux amères » (jii xaxacu) précède une toilette selon le rituel musulman sous la direction d'un marabout. Celui ci se tient généralement derrière le secco, sorte de palissade, et dicte à haute voix aux officiants les gestes qu'ils doivent accomplir. Ensuite seulement le mort est mis dans un linceul blanc ou habillé, (s'il provient d'une famille riche, coiffé de bonnet) et mené au cimetière ou enseveli dans la concession même.
Le commun des Soninké est enterré au cimetière du village mais pour certains défunts issus de clans puissants, on peut déroger à cette règle. La crainte qu'un ennemi ne s'empare des os de la fesse du défunt afin de décimer le clan justifie le fait qu'il soit inhumé dans la concession. Jusque dans la mort, les rivalités claniques et familiales sont présentes.
Sur la tombe d'un ascendant enterré dans la concession, on peut construire un grenier mais jamais une chambre. On ne peut avoir des relations sexuelles au-dessus d'une tombe. Après l'enterrement, tous les hommes reviennent à la maison mortuaire et, par clan, présentent leurs condoléances aux hommes du clan endeuillé. Les femmes à qui il est interdit de se rendre au cimetière en font autant vis à vis des autres femmes. Ensuite, des galettes de mil sont offertes à toute l'assistance, et remises en aumône aux enfants et talibés.
Selon la réputation du défunt, les condoléances et les visites des villages voisins et lointains peuvent se poursuivre pendant huit jours. Durant cette période, un deuil est observé dans le village où on s'abstient de battre le tam tam, de danser et de chanter.
Toutes les prières et le rituel de l'enterrement sont directement tirés de l'islam.
Extrait de "Cérémonies et rites chez les soninké, M. DRAME, in Peuples du Sénégal, 1996, ed.Sepia : 62-96"
Autorisation : Editions Sépia.