La dimension communautaire en islam occupe une place on ne peut plus capitale dans les pratiques cultuelles et les relations sociales. Des cinq prières quotidiennes chez soi ou à la mosquée avec les fidèles, hommes et femmes confondus, derrière un imam, au pèlerinage annuel à la Mecque pour celles / ceux qui ont le moyen financier, en passant par le jeûne au mois sacré du ramadan, l'acquittement de la Zakât (impôt social purificateur) et les dépenses personnelles (aumônes), tout dans la religion musulmane se fait en groupe. Les musulmanes et les musulmans sont frères comme le rappelle le verset coranique : « les croyants sont frères » (Coran, 49 : 10).
Pour donner un sens à cette communauté, l'islam met l'accent sur la miséricorde entre les membres de la communauté qui, il est vrai, sont issus de la même origine. Le Coran, plus d'une fois, revient sur l'impératif de se rappeler de cette origine commune afin de permettre aux fidèles d'être attentifs les uns les autres : « ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui a vous créés d'un seul être, et a crée de celui – ci son épouse, et qui de ces deux – là a fait répandre beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Allah (au nom) duquel vous vous implorez les uns les autres, et (craignez de rompre) les liens de parenté. Certes Allah vous observe parfaitement » (Coran, 4 : 1) ou « ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, afin que vous vous entre-connaissiez... » (Coran, 49 : 13).
Le thème de la miséricorde en islam recouvre tous les domaines. Il concerne le lien qui lie un père, une mère à son enfant, un voisin à son avoisinant, le riche au pauvre, entre autres. Dans son ouvrage qui s'intitule La Miséricorde en islam, Hani Ramadan constate : « chacun est libre de penser que sa venue sur terre est le fruit du hasard, le résultat de la rencontre de deux êtres qui sont à l'origine de sa naissance, et qu'en grandissant il a appris à connaître : ses père et mère.
Et aussi loin que l'on remonte dans l'histoire, on peut attribuer pareillement au hasard l'évolution des espèces qui aurait abouti à l'homme. La prolifération des plantes, des bêtes et des humains exprime ainsi une surabondance de vie, une vocation à la procréation inscrite de tout temps dans la nature, et nos vies ne seraient finalement qu'une facette de cet immense complexe biologique destiné à la production des êtres. Pourtant, entre l'insecte qui naît et grandit dans son cocon sans connaître ses ascendants, et l'homme qui manifeste dès son premier jour une dépendance complète vis-à-vis de ses géniteurs ou de son entourage, chacun mesure la différence notable : le lien entre les humains se fonde sur la miséricorde, et rien ne peut remplacer l'amour d'une mère pour son enfant. Ce lien caractérise l'être humain plus que tout autre, bien qu'on le trouve chez certaines espèces animales. Mais il est plus fort en homme.
En islam, il est appelé rahim, le « lien de parenté », mot qui, étymologiquement, est tiré de ar-Rahman, le Très Miséricordieux. L'indice le plus authentique de « civilisation » est certainement la capacité qu'ont les hommes de faire preuve de miséricorde les uns vis-à-vis des autres, que cela soit entre nations, entre membres d'une même famille, ainsi qu'avec le reste des créatures. 1»
SOUMARE Zakaria Demba