L'expansion de l'islam en Afrique au sud du Sahara peut être assimilée à la diffusion des confréries soufies (tariqa) selon un système d'opposition entre ligues duales méridiennes combinant alliances militaires et réseaux d'échange. Au sein de l'espace saharien, les principales confréries se sont identifiées aux tribus maraboutiques commerçantes suivant l'axe des méridiens, comme dans les deux cas de la Qadiriyya et de la Sanusiyya, ou suivant celui des parallèles, à cause du pèlerinage, avec la Tijaniyya. Parmi les diverses branches de cette dernière, celle de la famille Niass de Kaolack au Sénégal illustre l'articulation entre ces deux axes puisque, actuellement, ses adeptes se recrutent aussi bien en Mauritanie et au Sénégal qu'au Nigéria ou au Soudan. Autour de la seconde guerre mondiale, les pèlerins reviennent de la péninsule Arabique avec des idées "réformistes", critiquant les confréries soufies et modernisant l'enseignement du Coran et de la langue arabe. Plus récemment, un second type de réformisme proche de l'islamisme bénéficia de l'aide directe des pays arabes - Arabie saoudite, Iran, Libye - issue de la manne pétrolière des années soixante-dix. A l'inverse de la personnalisation des rapports maître-disciple "traditionnels", on assiste à une matérialisation des moyens de transmission de l'islam : construction de mosquées, cassettes audio ou vidéo des prédicateurs utilisant la langue nationale et les médias modernes.
Source : IRD