Domvoro le tourbillon eut pour fille Eyi la Bourrasque et décida de la marier à qui labourerait toute la surface de la terre en une lune. De Téyé le Roitelet à Bamara le Lion, les prétendants se succèderent. Après quelques heures, parfois quelques jours de besogne, épuisés, ils se retiraient impuissants, vaincus. La nouvelle parvint à Kono l’Hippopotame qui alla trouver sa sœur l’Eau.
- Donvoro le tourbillon donne sa fille à qui aura labouré en une lune la surface du globe, lui confia-t-il.
- Je recouvrirai la plus grande partie de la terre, tu n’auras qu’une infime parcelle à travailler, lui répondit l’eau. Kono l’Hippopotame se présenta chez Donvoro. Le Feu le suivit quelques instants après.
- Réussirez vous dans cette entreprise où même Bamara le Lion et M’Bala l’éléphant ont échoué ? Leur demanda Domvoro d’un ton sarcastique. Vexé, le Feu se retira. Kono l’Hippopotame se mit au travail.
Au même moment et à quelques lieues seulement, l’Eau courait vers le bout de la terre, noyant tout, inondant tout. La Lune se trouva au milieu de sa course. Kono l’Hippopotame acheva sa besogne. Il avait gagné le pari et allait épouser la fille de Domvoro. Au moment où il s’apprêta à partir avec sa fiancée, le feu arriva tout essoufflé. Rouge de colère, il cracha dans l’herbe. Des étincelles jaillirent. De longues flammes naquirent, gagnèrent la brousse, dévorant, calcinant tout sur leur passage. Terrorisé, l’Hippopotame abandonna sa fiancé et voulut rejoindre sa sœur l’Eau. Le Feu se lança à sa poursuite. L’Hippopotame atteignit l’eau. Le Feu voulu le rattraper. Les animaux frémirent dans toutes les brousses et se rassemblèrent pour décider du sort de l’Homme.
- Sans groin, comment cherchera-t-il sa nourriture ? Grogna Bengué le Phacochère.
- Il est nu comme un ver et mourra de froid glapit N’Zakoua le Chacal. - Sans piquant, il reste sans défense, claironna Birlou le Porc-épic.
- Sans sabots saura-t-il éviter les épines ? beugla Agoua le Buffle.
- Sans carapace, il n’affrontera jamais les intempéries, chevrota Damango la Tortue. Durant les débats, Bacouya le Cynocéphale gardait le silence. Son mutisme enerva la foule.
- Pourquoi ne dis-tu mot ? fit Gbongo l’hyène à l’adresse du singe à gueule de chien
- Coupez la queue à Bacouya le Cynocéphale, qu’il se tienne debout. Vous verrez qu’il ressemble à cet être qui nous préoccupe ici, compléta Ouala le Lapin
- Cet être est l’animal le plus fort, le plus intelligent, le plus rusé, lança sentencieusement Bacouya.
- Ne répète pas ce que tu as dit barrit M’Bala l’Eléphant. Plus fort, plus intelligent, plus rusé celui là alors qu’il n’a ni groin comme Bengué le Phacochère, ni poil comme N’Zakoua le Chacal, ni piquant comme Birlou le Porc-épic, ni sabot comme Agoua le Buffle, ni carapace comme Damango la Tortue ?
- Lançons-lui un défi approuva Mourou la Panthère. Qu’il nous apporte de l’eau ficelée dans un panier, je lui accorde ma fille en mariage. Que Bacouya lui apporte la nouvelle ! Sautant d’une branche à l’autre, Bacouya atteignit le repère de l’Homme. - Salut, Animal ! fit-il.
- Salut, habitant des branches, répondit l’homme.
- Les animaux se sont rassemblés pour parler de toi. Ils te demandent de leur apporter de l’eau ficelée dans un panier. Ils t’offrent une fille en mariage.
- Il le faut au préalable la ficelle que je désire tresser avec de la fumée. Bacouya transmit la réponse de l’Homme aux animaux, qui effrayés, s’éparpillèrent.
Source : Contes Africains