Mokobé, membre du groupe 113, sort Mon Afrique, son 1er opus solo, ce 11 juin en France. Un album qui, estime-t-il, lui ressemble. A travers lui, le rappeur franco-malien veut donner une autre image d’un continent doué d’un énorme patrimoine culturel. Salif Keita, Youssou Ndour, Fally Ipupa, Tiken Jah Fakoly, Diams... Il a invité une pléiade d’artiste de renom à chanter a ses côtés.
Mokobé s’inspire de ses racines. Mon Afrique, est d’une grande richesse et présente une pléthore de featuring prestigieux. Membre du groupe 113 que l’on connaît à travers de nombreux tubes qui nous ont fait danser, comme « Tonton Du Bled », « Hold Up » ou encore « Jackpotes 2000 », l’artiste originaire du Mali veut aujourd’hui mélanger le rap à la musique traditionnelle africaine car il est « très attaché à l’Afrique ».
Afrik.com : Qu’entends-tu par Mon Afrique, le nom de ton l’album ?
Mokobé : Je voulais affirmer ma double culture, que j’ai entre la France et l’Afrique, en allant chercher l’inspiration sur mes terres d’origine. Le but de cet album est de donner une nouvel air frais au rap et de lui apporter un peu de culture. Quand il y a eu l’esclavage, les gens ont été emportés aux 4 coins du monde. Les champs de cotons aux Etats-Unis c’est de là que vient la soul, le jazz, le blues. Puis sont nés par la suite le funk et le rap. Je trouve que la question des origines est très importante. Lorsque l’on voit les rappeurs comme 50 Cent, Busta Rhymes, on se demande d’où viennent ces gens en réalité. Pour notre part, nous [dont les parents ont immigré récemment d’Afrique, ndrl] avons la chance de savoir d’où l’on vient et de dire qu’on est originaire du Mali, du Sénégal, du Togo… Cela n’a pas de prix.
Afrik.com : Tu as beaucoup d’invités sur ton album !
Mokobé : J’ai invité beaucoup de grands artistes africains pour m’accompagner sur ce disque tels que Youssou Ndour, Salif Keita, Big Daddy Kane, Amadou et Mariam, et aussi Diam’s, Sira, DJ Lewis, Sekouba Bambino, Diabate, Seun Kuti, Booba, Patson (Jamel Comedy Club), Fally Ipupa, Tiken Jah Fakoly, Viviane Ndour, Gohou (les guignols d’Abidjan), Fou Malade, Popa et Manu Chao m’ont tous soutenu et participé à cette belle aventure.
Afrik.com : Ton album est très orienté Afrique, quel message veux-tu faire passer à travers tes chansons ?
Mokobé : Je veux avant tout faire passer un message d’espoir. Ce continent possède un gros patrimoine culturel. Je veux aussi casser les préjugés, car aujourd’hui il y a encore des gens qui croient qu’en Afrique, on met des grosses marmites avec des êtres humains à l’intérieur et qu’on les mélange avec des légumes pour pouvoir les manger. C’est malheureux de voir tout ça. L’Afrique a une triste histoire qui la poursuit depuis des années. Il y a au aussi un gros point d’interrogation sur ce disque en ce qui concerne la politique que l’Occident a pu y mener. L’Afrique est brisée et à genoux. La plupart des gens l’associe à l’immigration, aux sans-papiers … Ce continent est très riche et a tout à donner. Je rêve qu’un jour, il se retrouve sur un trône.
Afrik.com : Dans ta chanson « Parole de
Mokobé : Je pense que ça va être très dur. Lorsqu’il y a eu les incendies au Boulevard Vincent Auriol, plusieurs familles africaines se sont entassées dans le gymnase avec leurs enfants en entendant d’avoir un toit. Ce sont les artistes qui ont fait bouger les choses. Alors quand on prend les choses comme ça, oui c’est une menace pour les Africains.
Afrik.com : Quelle est ta vision des Africains de France ?
Mokobé : C’est triste à dire mais nous ne sommes pas assez soudés. Je trouve qu’il n y a pas de fraternité entre nous. Chacun est dans son coin et tant que ce n’est pas à lui qu’un problème arrive, il se dit que ça ne le regarde pas. C’est dommage. Je le dis dans l’album, c’est ça qui nous divise.
Afrik.com : Quelle est ta relation avec les 113 ?
Mokobé : Ma relation avec le groupe est toujours la même. Depuis que les gens sont au courant de la sortie de mon album solo, ils pensent que c’est la fin du groupe, mais pas du tout. J’ai juste voulu faire mon propre album, qui me ressemble.
Clip : Paroles de Soninké
Source: Essi Gnaglom, Afrik.com