Mokobé est devenu farot farot et donne ses interviews dans des palaces climatisés qui l'enrhument. En même temps, ce banlieusard originaire de Vitry-sur-Seine (94) et de parents maliens peut frimer : pour son premier album solo, le rappeur du groupe 113, récompensé en 2000 par deux Victoires de la musique a réuni la crème de la crème de la musique africaine, de Youssou N'dour à Salif Keita, en passant par Seun Kuti (fils de Fela), Amadou et Mariam accompagnés de leur producteur, Manu Chao, les stars du coupé-décalé DJ Lewis, Molare mais aussi celles du rap hexagonal : Booba et Diam's.
Il fallait bien ça pour convaincre son père, agent de maîtrise chez Hachette, de le laisser faire de la musique : «Je suis soninké et xolé , noble. On n'a pas de villas et de Jaguar, on est même très modeste, mais nobles. J'ai caché le rap à mes parents jusqu'en 2000. Là, je me suis dit, mon père va me voir avec Michel Drucker l'incarnation de la respectabilité, le présentateur préféré des Français... J'étais fier, le lendemain, et il me dit d'un air calme : "J'ai vu hier, bien, mais ne crois pas que tu t'en es sorti, tu comptes faire quoi plus tard ?"»
Pour cet autoproclamé RP du groupe le plus hardcore du rap français, Mon Afrique n'est que la continuité d'un travail entamé lors de son premier voyage à 16 ans au Mali, qu'il a poursuivi au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en enregistrant des singles avec Oumou Sangaré, Magic System, en faisant découvrir au grand public le coupé-décalé avec son groupe 113 et Molare.
Source: Quotidien français : Libération