Menacé d’expulsion par la circulaire du ministère de l’Intérieur, ce
professeur de mathématiques a pu bénéficier d’une prolongation de son titre de séjour, grâce à la mobilisation de ses collègues.
Cheikhna Koita est un homme heureux. Heureux, parce que depuis deux jours, il n’est plus menacé d’expulsion du territoire français. A tout juste la trentaine, ce Mauritanien exerçait la fonction de professeur de mathématiques au collège Edouard Vaillant de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Un collège de ZEP qu’il avait rejoint cinq semaines après la rentrée 2011 en remplacement d’un professeur qui n’aura jamais vu ses élèves. Pourtant, le 30 novembre dernier, ce professeur principal en charge de cinq classes, dont deux préparant le Brevet des Collèges, a dû quitter le navire. Sans regarder en arrière. Circulaire du 31 mai oblige.
Comme de nombreuses fois depuis son arrivée en France il y a six ans, Cheikhna Koita se rend à la préfecture pour renouveler son titre de séjour étudiant. Mais avec la circulaire Guéant et son décret du 6 septembre, les conditions de renouvellement ont changé. « Cette fois-ci, un agent a jugé que j’étais déjà très diplômé, que je n’avais pas à changer de cursus et que, d’ici trois semaines, je recevrai une notification de quitter le territoire.»
En quelques minutes, l’univers de Cheikhna Koita s’effondre. «C’était très dur d’entendre cela. C’était injuste ; j’avais pourtant un contrat de l’Education nationale et j’étais également étudiant en informatique. J’ai pensé à l’avenir de mes élèves. Je n’ai même pas eu le temps de leur dire au revoir, ni à eux, ni aux collègues. »
Menacé d’expulsion, l’ancien professeur de mathématiques se rend au rectorat de Versailles. « On m’a dit que l’on ne pouvait rien pour moi car je n’étais qu’un contractuel. » Lorsque Cheikhna Koita dit son inquiétude pour ses élèves, on lui répond qu’un « remplaçant sera vite trouvé ».