Le Fonds monétaire international (FMI) juge qu'un Accord de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne (UE) serait bénéfique pour le Sénégal, pays dont le président Abdoulaye Wade a sévèrement critiqué les effets négatifs prévisibles d'un tel accord.
Le dossier très controversé des APE doit être discuté au sixième sommet des chefs d'Etats et de gouvernements des pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), qui s'est ouvert jeudi à Accra pour deux jours.
Seule une vingtaine de pays ACP ont conclu de tels accords avec l'UE.
"Les APE visent à créer des zones de libre-échange entre l'UE et la plupart des pays ACP, dont le Sénégal", écrit le FMI dans son dernier rapport sur la situation économique du Sénégal, daté de juillet.
"L'UE propose une libéralisation asymétrique tout en préservant la réciprocité: l'UE démantèlerait tous les tarifs et restrictions quantitatives sur les importations en provenance des pays ACP et les pays partenaires libéraliseraient environ 80 % des importations en provenance de l'UE", selon le Fonds.
"Le Sénégal s'est ouvertement opposé aux APE. Comme d'autres détracteurs des APE, les autorités sénégalaises craignent qu'ils n'entraînent une perte de revenus importante et ne mettent en péril le tissu industriel naissant des pays africains", rappelle le FMI.
Mais "il ressort de l'analyse des services du FMI que la faible dépendance du Sénégal à l'égard des droits de douane et sa solide administration fiscale sont d'importants atouts et qu'il peut donc aborder les négociations d'un APE avec assurance".
"La part des droits de douane dans les recettes totales a diminué de moitié durant la décennie écoulée, et la part des importations de l'UE dans le total des importations a également chuté", écrit le FMI.
"De ce fait, la perte de revenus annuelle liée à un APE pourrait se limiter à 1,2 % du PIB (6 % des recettes totales) d'ici la fin de la période de libéralisation commerciale", poursuit l'organisation.
"La libéralisation des échanges devrait donc s'étaler sur une période de 15-20 ans pour éviter un choc budgétaire", insiste le FMI
Car "en suivant une démarche graduelle, la perte de revenu serait en moyenne de 0,3 % du PIB chaque année sur les cinq premières années et atteindrait 1,2 % du PIB après 2025 seulement" et "toute retombée négative sur les industries nationales serait réduite, car l'on disposerait de plus de temps pour s'adapter à l'évolution de l'environnement".
En conséquence, "l'intention de l'UE de dédommager les pertes de recettes serait plus faisable il serait plus aisé d'assurer une plus grande intégration régionale", estime le FMI.