L’Etat cède 40 mille Ha de terres dans la vallée : Dangoté, l’homme le plus riche d’Afrique, s’attaque au monopole sucrier de Mimran. Décidément, le Sénégal s’ouvre de plus en plus aux magnats industriels non français. Après Vincent Bolloré qui a récemment perdu au profit de Dubaï Ports World la gestion du nouveau terminal à conteneurs du port de Dakar, voilà que le tout-puissant Jean-Claude Mimran voit arriver sur ses terres l’homme le plus riche d’Afrique : Alaji Aliko Dangoté va désormais exploiter 40.000 hectares de terres dans les communautés rurales de Gaé et Mbane, dans le département de Dagana.
Déjà, le milliardaire nigerian avait annoncé la couleur avec son projet de cimenterie à Pout, dans la région de Thiès. Coût de l’investissement : 250 milliards de francs Cfa pour une production de 2,5 millions de tonnes de ciment. Cette fois-ci, le groupe Dangoté vise veut dépasser les 100.000 tonnes de sucre produits jusqu’ici au Sénégal. En visite de terrain, le magnat Nigérian a déclaré à la presse ne pas craindre la concurrence : "quand plusieurs sociétés se rencontrent sur un même terrain, seule la qualité peut aider à faire la différence", a t-il déclaré. Il promet de vendre sur le marché local le sucre à un prix défiant toute concurrence.
Au premier semestre 2007, Dangote a introduit deux de ses treize sociétés sur le NSE (Nigerian Stock Exchange, la bourse nigériane) et la valeur de ses parts dans ces deux sociétés a été estimée par les analystes à 4 milliards de dollars ! L’une des deux sociétés cotées, Dangote Sugar Refinery est devenue la plus grosse capitalisation boursière du Nigeria. La valorisation de ses participations dans ses deux sociétés place directement Dangote dans le peloton de têtes des hommes les plus riches d’Afrique, sachant que 11 sociétés demeurent non cotées en bourse pour l’instant... A 50 ans, et bien que potentiellement l’homme le plus riche d’Afrique ("ma fortune doit d’abord être évaluée par Forbes" a-t-il déclaré modestement, ajoutant qu’il était "confiant"), Dangote demeure un quasi-inconnu sur la scène continentale, et sur la scène internationale.
L’homme est pourtant présent dans tous les pans de l’économie du Nigeria. Il domine en effet les marchés du sucre, du ciment, du riz, des pâtes alimentaires, du textile, du sel, et est fortement présent dans l’industrie des transports (il est notamment co-propriétaire d’une compagnie aérienne), du pétrole et du gaz. L’entrée de Dangote dans le monde des affaires date de 1977, lorsque ce dernier avait 20 ans. Aujourd’hui, il possède une des plus grandes usines de production de ciment de tout le continent africain. Et ses projets d’investissement atteignent 10 milliards de dollars (Ils comprennent notamment la construction d’une raffinerie de pétrole d’une capacité de 300 000 barils par jour, une station électrique d’une capacité de 5000 mégawatts). S’il n’est pas intéressé par la politique, Aliko Dangote y a néanmoins ses entrées au plus haut niveau.
Comme Lakshmi Mittal en Angleterre qui avait créé la polémique en faisant un don financier au parti de Tony Blair, Dangote a financé le parti d’Obasanjo en 2003 (200 millions de nairas soit 1,16 millions d’euros), et le projet de bibliothèque présidentielle. Plus récemment, c’est le rachat de trois des quatre principales raffineries du pays, soupçonnées d’avoir été bradées par le pouvoir sortant qui a créé une polémique. Dangote et son ami Femi Odotela, avaient versé 721 millions de dollars pour les trois raffineries, mais se sont finalement retirés de la transaction. Selon les détracteurs de cette privatisation, l’attribution effectuée lorsque Obasanjo était encore au pouvoir, n’avait pas suivi un processus normal. A 50 ans, Aliko Dangote a fait d’une simple entreprise d’import-export, un groupe pesant plusieurs milliards de dollars, présent au Nigeria, mais également en Afrique de l’Ouest.
Auteur: Pape KAMARA (Avec Vanguard)