Les services français en charge de l'immigration se souviendront assez longtemps de l'incident survenu dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 juillet 2011. Des passagers d'un vol d'Air France se sont vigoureusement opposés au rapatriement de quatre de nos compatriotes menottes au poing, malmenés par des policiers français. L'avion, qui devait atterrir à Bamako aux environs de 20h05 est finalement arrivé à 23h05, mais sans ses encombrants passagers.
La France de Nicolas Sarkozy est connue pour ses méthodes peu orthodoxes et très musclées chaque fois qu'il s'agit du rapatriement d'un immigré en situation irrégulière vers son pays d'origine. Les associations et organisations de défense des droits humains ont beau dénoncer ces pratiques dignes d'une autre époque, les méthodes restent toujours les mêmes. Nous sommes le jeudi 7 juillet, la fièvre monte à Roissy Charles de Gaulle. Des passagers du vol d'Air France en direction de Bamako s'opposent au rapatriement de quatre jeunes Maliens menottés et trainés par des policiers français. Les discussions achoppent entre policiers et passagers. Les premiers voulant à tout prix rentrer à bord, les seconds déchaînés leur barrant le passage. Certains ont même reçu des coups. Dans la confusion, l’un des rapatriés est blessé au bras. Les minutes s'égrenaient et l'avion ne parvenait toujours pas à effectuer son décollage.
Dans le hall de l'aéroport, policiers et agents des services chargés de l'immigration se concertent pour savoir s'il faut laisser l'avion partir à destination de Bamako sans les immigrés et reporter leur rapatriement. Finalement, les autorités françaises vont se résoudre à renoncer à leur reconduite aux frontières. Puisque les nouvelles en provenance de Bamako ne sont guère encourageantes. Des associations de Maliens expulsés de France menaçaient de manifester à l'arrivée de l'avion. Une information qui avait été aussi prise très au sérieux par les forces de sécurité de notre pays. Puisque le Groupement Mobile de Sécurité (GMS) s'était mobilisé tout autour de l'aéroport de Bamako Sénou. L'avion annoncé pour 20h05 à Sénou a pris du retard et n'a pu atterrir qu'aux environs de 23h05. Les passagers d'Air France, au nombre desquels figuraient outre des Maliens mais aussi d'autres nationalités, disaient ne pas être contre les rapatriements. Mais ils se sont dits surtout opposés à toute forme de brutalité et à la méthode humiliante employée par les autorités de Paris. Coup de chapeau à ces passagers qui ont fait preuve de courage et d'une très grande présence d'esprit pour empêcher le rapatriement des quatre jeunes. Il y a quelques mois de cela, nous titrions " Quand la France de Nikolas Sarkozy humilie le Mali ". Pour rappel, des Maliens menottes au poing et scotchés avaient fait l'objet d'humiliation de la part de policiers français à bord d'un avion dans lequel se trouvaient trois ministres du gouvernement Modibo Sidibé. Aucun d'eux n'avait protesté. Ils se sont blottis dans un silence de carpe. Comportement que nous avions dénoncé en son temps. Par ailleurs, si les statistiques en terme de rapatriement ont baissé, il faut tout de même reconnaitre que les pratiques forcées et humiliantes sont toujours d'actualité.
Il est à noter que dans les premiers mois de 2011, 60 Maliens ont fait l'objet de rapatriement contre 103 en 2010. Et en 2007, ce sont 475 rapatriements forcés qui ont eu lieu contre 465 en 2008.
Abdoulaye DIARRA, Maliweb.net