L'excédent céréalier s'élève à 264 300 tonnes mais la vigilance reste de mise pour déceler et réduire les cas isolés d'insécurité alimentaire.
Le Commissariat à la sécurité alimentaire vient d'organiser une réunion du comité technique de coordination des politiques de sécurité alimentaire. La session a réuni les donateurs du Programme de restructuration du marché céréalier (FMI, FAO, Banque mondiale, Union européenne et ambassades de France, d'Allemagne, du Canada). Les départements en charge du monde rural étaient également représentés à cette rencontre présidée par le commissaire à la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haïdara.
Les participants ont analysé les conclusions de la réunion d'expertise du Système d'alerte précoce (SAP) et ses recommandations.
Le SAP est un système de collecte permanente d'informations sur la situation alimentaire. Il est essentiellement chargé de fournir au conseil national de la sécurité alimentaire les informations nécessaires à une affectation optimale du stock national de sécurité dans le cadre des opérations d'aides alimentaires. Ces renseignements doivent aussi permettre d'utiliser efficacement les fonds de sécurité alimentaire. Le SAP constitue en somme un dispositif essentiel d'orientation des décisions d'intervention.
STABILITÉ DES PRIX
Selon le rapport présenté aux partenaires financiers et stratégiques, la campagne agricole 2006-2007 s'est déroulée dans des conditions socio-économiques favorables dans notre pays. Les quelques communes qui ont connu de mauvaises récoltes en 2005-2006, ont bénéficié d'appuis conséquents de l'État. Cette aide leur a permis d'améliorer leurs rendements. Il s'agit notamment du plateau dogon, des zones rizicoles bordant le fleuve Bani et le lac Faguibine dans la région de Tombouctou.
Selon le rapport présenté aux partenaires financiers et stratégiques, la campagne agricole 2006-2007 s'est déroulée dans des conditions socio-économiques favorables dans notre paysCes bons résultats, indiquent les experts, sont partiellement dus à la mise en place ou au renforcement des banques de céréales dans toutes les communes de notre pays. Conséquences : les céréales ont été suffisamment disponibles sur tous les marchés et autres points de vente. "Durant toute l'année, les prix des céréales sont restés à des niveaux stables, acceptables tant pour les consommateurs que pour les producteurs, et largement inférieurs à ceux de 2004-2005", relève le rapport.
Le document admet cependant, que cette tendance ne s'accompagne pas d'une bonne utilisation des aliments. En effet, les taux de malnutrition aiguë sont toujours restés élevés : de 6 % à 17 % suivant les zones. La malnutrition chronique stagne (de 23 % à 40 %).
Pour le cheptel, le document indique que la prolongation de la soudure, en juillet voire en août, par endroits, dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal et le nord des régions de Ségou, Koulikoro et Kayes, a quelques fois occasionné de légères pertes d'animaux.
Le rapport fait également le point de la situation pluviométrique de la campagne qui s'achève. À ce sujet, le SAP conclut que la hauteur des pluies a été de "normale" à "largement excédentaire" dans les stations des chefs-lieux des cercles du pays sauf à Banamba, Dioïla, Kangaba (Koulikoro), Ségou, Macina, Niono (Ségou), Mopti, Youwarou (Mopti), Niafunké (Tombouctou) et Kidal où elle a été de "déficitaire" à "très déficitaire".
Le monde rural l'a constaté : cette année les pluies se sont tardivement installées dans la majorité des zones agropastorales. À partir de la 3è décade de juillet, elles se sont généralisées à l'ensemble du pays. Depuis, elles ont été régulières jusqu'en septembre à partir duquel elles se sont raréfiées çà et là.
PAS DE LARVES DE CRIQUETS PÈLERINS
Commentant la situation hydrologique, le document indique que le rythme de la crue a été favorable au développement de la riziculture et à l'inondation des lacs et mares dans le delta intérieur du Niger. Par contre, relève le rapport, le niveau a été inférieur à celui de l'an dernier à la même période sur le fleuve Sénégal.
"La situation hydrologique à la date du 8 janvier 2007 est dominée par la baisse de niveau sur tous les cours d'eau. Les hauteurs d'eau sont nettement inférieures à celles de l'année dernière à l'exception du Niger (fleuve) à Koulikoro, Mopti, Gao et du Bafing à Daga-Saïdou et Bafing Makana. Le déficit le plus marqué est de 4 m sur la retenue de Manantaly", précise le document.
La situation phytosanitaire est, elle, restée relativement calme dans notre pays, même si les granivores ont causé quelques dégâts dans l'ensemble des régions, excepté Sikasso et Kidal. Les cantharides se sont manifestées dans les régions de Kayes et Koulikoro et des chenilles ont été remarquées sur le mil à Kayes et Koulikoro. Dans la même colonne, on recense la présence de pucerons à Koulikoro, Ségou et Sikasso et des attaques des mouches blanches sur le coton dans la région de Sikasso.
"Dans tous les cas, les dégâts de ces déprédateurs sur les cultures ont été jugés faibles dans l'ensemble grâce aux actions de lutte menées par les services de la protection des végétaux, de certaines Ong et des populations", constatent les experts du SAP.
Toutefois, dans la bande frontalière des cercles de Nioro, Yélimané et Nara, les oiseaux granivores ont occasionné des dégâts relativement importants sur les cultures tardives, indique le document.
Quant aux criquets pèlerins qui avaient fait parler d'eux en 2004, les prospections effectuées sur près de 54 480 ha, n'ont révélé aucune présence de larves de l'insecte.
Pour parer à toute éventualité de crise alimentaire, les experts du SAP ont recommandé la sensibilisation des producteurs pour la constitution de stocks familiaux importants et le renforcement du stock national de sécurité alimentaire. Notons au passage qu’à la date du 31 octobre dernier, le stock national de sécurité était de 19 705 tonnes. Le SAP a également conseillé le réapprovisionnement des banques de céréales pour 15 000 tonnes ainsi que l’appui à la création de petites unités de transformation de céréales et de légumes. Autre recommandation : le paiement à temps réel des achats de coton. Ainsi pourvus, les cotonculteurs ne seront pas obligés de brader leurs céréales.
Dans son discours d'ouverture des travaux, le Commissaire à la sécurité alimentaire, a confirmé que notre pays a dégagé un excédent céréalier de 264 300 T. "Cependant, nous devons rester vigilants pour déceler et faire face à des cas isolés d'insécurité alimentaire", a recommandé Mme Lansry Nana Yaya Haidara.
A. M. CISSÉ, L'ESSOR