Le cap est fixé : 27.000 clandestins à reconduire à la frontière en 2009. La lettre de mission adressée par Nicolas Sarkozy au nouveau ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Éric Besson, est encore plus exigeante que celle adressée à Brice Hortefeux, son prédécesseur. Le désormais ministre du Travail s'était vu fixer l'objectif de 26.000 reconduites à la frontière en 2008, un chiffre qu'il avait allègrement dépassé, réussissant à en opérer 30.000. L'ancien socialiste se plie donc à une politique impulsée par le chef de l'État pour favoriser ce qu'il appelle "l'immigration choisie". Il tient toutefois à imprimer sa marque en annonçant le renforcement de la lutte contre les filières d'immigration clandestine.
Pour atteindre cet objectif, Éric Besson a fait mercredi sur Europe 1 une proposition déjà contestée : la délivrance d'un titre de séjour provisoire aux clandestins qui décideraient de dénoncer leur(s) passeur(s) et de collaborer avec la police. "Aujourd'hui, [les clandestins] sont dans un statut qui ne leur permet pas d'aller dénoncer leurs tristes conditions puisque, précisément, ils n'ont aucun titre de séjour. Ils peuvent avoir peur d'aller à la gendarmerie ou à la police dénoncer", assure le ministre. "120 filières démantelées en France l'année dernière (...) ce n'est pas assez. Je veux déclarer la guerre aux filières clandestines, je veux déclarer la guerre aux passeurs, à celles et ceux qui exploitent la misère humaine", fait-il valoir. "Ce sont des filières mafieuses, ce sont des filières criminelles, il faut dire quelque chose que les Français ne savent pas toujours, ces passeurs gagnent beaucoup d'argent. C'est un business tristement mais hautement lucratif", insiste-t-il.
Mercredi, SOS Racisme a appelé Éric Besson à renoncer à son projet. "Si la volonté de lutter contre les filières clandestines relève d'un souci louable, la méthode semble surprenante", explique l'association dans un communiqué. "La question des régularisations doit être approchée selon des règles claires et transparentes qui seraient issues d'une réflexion relative aux droits des étrangers et en aucun cas de considérations policières", poursuit-elle "Si l'État français décidait d'instituer cette manière de procéder, est-il en situation de garantir la sécurité physique dans les pays d'origine des personnes appartenant à la famille de celles et ceux qui auraient décidé de dénoncer tel ou tel passeur ? (...) Nous ne pouvons qu'être inquiets face à ce qui apparaît comme une officialisation des pratiques de délation."
Source: Le Point.