Ils étaient plusieurs centaines de griots et autres "niamakala" venus de toutes les contrées du pays, à prendre part aux festivités de la grande manifestation culturelle des "niamakala" que Bamako a abritée le week-end dernier.
Ce regroupement de "niamakala" jamais organisé depuis 1236 à Kouroukanfouga, avait pour but de rappeler l'importance des hommes de caste dans notre société. A cette occasion "noumous", "djélis", "founés" et "garangès" étaient tous là. Deux événements ont marqué la journée du vendredi : une conférence-débat sur la place et le rôle des "niamakala" dans la société malienne organisée dans la matinée au Palais de la culture et une table ronde qui avait pour thème la problématique de l'éducation traditionnelle au Mali. Commencée dans l'après-midi du vendredi, la table ronde s'est poursuivie pendant le week-end.
Le thème relatif à la place et le rôle des "niamakala" dans société malienne a été traité par deux grands dépositaires de l'histoire de notre pays : Dr Mamadou Fanta Simaga, ancien député et maire de Ségou et le généalogiste Djéli Bakary Koné.
Mamadou Fanta Simaga a expliqué en quoi consistait jadis, le rôle du griot dans la société, avant de déplorer la menace qui pèse désormais sur la bonne entente qui a toujours régné entre les griots et leurs "diatigui" appelés "horon". Il a aussi apporté certaines précisions, notamment en ce qui concerne l'origine du griot. "Ces hommes qui ont fait le choix de se placer sous la dépendance des "horon", ne sont pas des sous-hommes. Les griots aussi étaient au départ des nobles", a expliqué le conférencier qui a invité les uns et les autres à plus de retenue, afin de préserver cette richesse traditionnelle qui a toujours fait la grandeur de notre pays.
Le conférencier a rappelé le grand respect et la considération qu'autrefois les rois vouaient aux "djéli". "Avant les djéli étaient non seulement des grands maîtres de la parole, mais aussi les grands confidents des rois et empereurs", a rappelé Mamadou Fanta Simaga.
Originaire de Ségou, Djéli Bakary Koné a une parfaite maîtrise des différents évolutions subies par les noms de famille dans notre pays. Dans son exposé qui s'est étalé sur plus de deux heures, il a expliqué l'origine des noms de famille en Afrique et au Mali, avant de relever la menace que cette distinction de noms ferait peser désormais sur la stabilité des rapports au sein de notre société. Où certains ont tendance à prendre le "niamakala" comme un esclave ou un sous-homme. Ce qui constitue une grave erreur, a défendu le sage pour qui plusieurs personnes sont aujourd'hui qualifiées des griots alors qu'elles ne le sont pas. Le Mali, a-t-il indiqué compte plusieurs noms de famille nobles qui ont en même temps en leurs seins des "niamakala". Selon lui, il n'y a que les Haïdara qui, par respect pour le prophète Mohamed (PSL), ne comptent pas de griot ou de niamakala en leur sein.
Oumar DIAMOYE, L'ESSOR